CHORUS

~ 19 ~

" On doit prendre les petites décisions avec sa tête et les grandes décisions avec le coeur "

H. Jackson BROWN

*

Plus rien est comme avant depuis que Stan a fait son retour. Mon cœur est envahit par les ronces de mes doutes et j'étouffe. Heureusement, j'ai mon travail. Si je n'avais pas mes consultations, je deviendrais folle. J'ai en permanence le nez planté dans mes dossiers, pour essayer d'oublier.

Graziella tente toujours de faire ami-amie avec moi et bien plus encore depuis qu'elle sait que je connais son Stan.  Je dois reconnaître que je ne la sens toujours pas celle-la. Elle a beau tenter la sympathie, rien ne me semble authentique dans sa façon d'être. Je ne suis pas aussi méfiante que Nilani mais je m'en méfie quand même.

Quant à Quentin, il me fuit. Il m'évite autant qu'il peut à l'hôpital. Il ne prend plus mes appels, il répond vingt ans plus tard mes messages et tout cela me brise le coeur. Je me remémore alors cette promesse faite à moi-même : Ne plus jamais sombrer dans la dépression !

Peut-être devrais-je prendre quelques jours pour moi ? Londres, Rome ou peut-être Porto ?
Je ne sais pas quand cette tempête qui s'abat sur ma vie s'arrêtera alors comme le dit l'expression : advienne que pourra !

*

Il est dix-huit heures quarante-cinq lorsque je sors du boulot. Il n'y a que deux stations entre l'hôpital et notre appartement et je décide de marcher plutôt que de prendre le métro.
J'ai besoin de me dégourdir les jambes et de m'aérer l'esprit. Je n'ai même pas le temps de faire dix pas que je reconnais la voix qui m'apostrophe.

Stan. Encore Stan. Toujours Stan.

Je me tourne péniblement vers lui et le laisse parcourir les quelques mètres qui nous séparent.

— Elsie ! Ça va ?

— Oui et toi ?

— Bien ! Je suis content de te revoir.

— Tu es venue voir ta dulcinée ?

— Non. Je viens de la déposer, elle est de garde ce soir.

— Ok.

— Euh... Ça te dirait de boire un verre ? En toute amitié bien sûre !

— Pas la peine de préciser !

— Désolé ! Dit-il penaud. Alors ce verre ?

— Ce n'est pas une très bonne idée.

— Pourtant, il faudra bien qu'on se parle un jour.

— Il faudrait qu'on se parle, mais pas ce soir, ni demain !

— Permets-moi d'insister Elsie. J'aimerai que tu m'expliques certaines choses tout de même ?

— Tu insistes ? Il faut que JE t'explique ? T'as pas fini de me prendre pour une imbécile, toi ?

— Hey ! Mais ne t'énerves pas ? C'est juste que j'aimerai bien comprendre...

Alors là c'est l'hôpital qui se fou de la charité et aussi du monde entier !

— Tu te fiches de moi Stan ?

— Pas du tout. Je t'ai envoyé des tas de courriers et tu m'as tout renvoyé sans jamais les avoir ouvert !

— Quoi ? Non mais c'est une blague ?