Chapitre 15 ~ ?

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Une semaine plus tôt.

Il avait trois heures devant lui. Et une tâche à mener à bien.

Il se laissa glisser le long de la rambarde avant de sauter au sol en une pirouette aussi gracile que contrôlée. Une énergie folle pulsait en lui. Elle tentait de le posséder. Elle se battait. Sauvage. Indomptable. Absolument irrésistible.

Et pourtant il résistait.

Après avoir traversé la rue, il banda ses muscles et s'élança. Il couru. Longtemps. S'il ne faisait aucun bruit, ce n'était pas pour autant qu'il devait relever son attention et sa garde. Ne jamais oublier les principes. Jamais.

Il s'arrêta au détour d'un boulevard M peu fréquenté. Paris était grand, mais lui le connaissait de toute part. Rien ne lui échappait. Il observa l'heure inscrit sur l'hologramme bleuté dans le ciel brumeux de la nuit.

Il avait une heure devant lui.

Un crochet surgit dans sa main gauche et il se propulsa dans les airs après l'avoir grippé à une poutre ressortant de la toiture d'une habitation. Il atterrit souplement sur un lampadaire et, prenant appui sur celui ci, se jeta sur la maison la plus proche.

Il crocheta une prise sur la surface irrégulière du mur et entama son ascension. Arrivé sur le toit, il repéra sa cible.

Un homme. Grand. Bien battit. Saoul apparemment. Le regard violent et la poigne agressive. En apparence il ne s'agissait que d'un grotesque et pitoresque personnage, mais la réalité était plus sombre. C'était le lieutenant du chef des Waves, un des plus terribles gangs parisiens - plus proche d'une mafia d'ailleurs - réputé pour son quotidien sinistre: diles, meurtres, viols, braquages, règlements de comptes, drogues et alcools à flots.

Il se sentit sourire. Sa victime était si... Fragile! Si faible et si futile... Un vrai boulet. Sa tâche serait vite achevée. Très vite.

Il songea qu'il avait bien fait de le choisir lui. Au début, il ne l'avait désigné que parce qu'il bouillonnait de fureur et avait besoin de se changer les idées. Mais maintenant qu'il l'observait réellement, il se rendait compte à quel point il était un choix judicieux. Surtout vu ses futurs projets de vengeance. Ceux concernant cet autre gang.

Il dut refouler à grandes peines une haine indescriptible .

Le lieutenant, pour sa part, continuait sa route, titubant à cause de l'alcool qu'il avait ingurgité et dont il était imbibé. Il balbutiait des proses aussi douces et subtiles que le brame d'un cerf en rut. C'était splendide à entendre, il devait l'avouer.

Au coin d'une rue, pas très loin de là, une jeune femme regarda l'hologramme indiquant l'heure. Elle attendait quelqun. Elle fit quelques pas sur la chaussée. Elle était plutôt mignonne avec sa jolie chevelure noire. Et à tout point de vue elle semblait jeune, vingt ans peut être.

L'homme l'aperçu et lui lança un regard torve absolument indécent qu'il fit glisser le long de ses courbes féminines. Il avait prévue de s'amuser ce soir, et il venait de trouver son jouet. Se frottant les mains, il s'avança vers elle, un air pervert sur le visage.

De son propre côté, celui perché sur les toits observait sa victime, l'homme saoul. Alors comme ça ce misérable imbécile se prenait pour un prédateur...?

Un terrible sourire déforma ses traits.

Bien, alors il deviendrait proie à ses yeux à lui. Sa proie.

Une proie si stupide et si insignifiante que sa mort ne serait même pas un crime.

Si?

"Ce n'est pas une question essentielle pour l'instant."

Il se glissa dans ses pas. Devint ombre parmis les ombres. Cessa d'exister réellement. Son souffle se tarit. Son coeur ralentit. Il ferma les yeux.

Il était à deux mètres de l'homme.

Il avait une poignée de seconde éphémère devant lui.

L'énergie qui le torturait se débattait avec virulence dans les tréfonds de son être. Elle voulait jaillir. Tuer.

Avec délectation, il la libéra. Sauvage. Indomptable. Absolument irrésistible.

Il ne résistait plus.

Il redevint animal. Prédateur.

Il surgit dans le dos de sa proie alors que celle ci s'approchait un peu trop de la jeune femme.

Un poignard de jais glissa le long de sa manche en un sifflement harmonieux pour venir se fixer dans sa paume. Le poignard était devenu le prolongement de son corp. Létal.

Avec une fluidité précise et mortelle il posa sa main gantée sur l'épaule de l'homme et exerça une délicate pression. La proie voulue pousser un cri. Elle ne le fit pas.

Étonné, le lieutenant contemplait la lame d'acier qui venait de ressortir de son abdomen, ruisselante d'un sang épais et ferreux. Un son étrange parvint à ses oreilles et il sombra dans le puit sans fond qu'était la mort.

Une milli-seconde s'était écoulée.

                         ~ ~ ~ ~ ~ ~

Ce ne fut pas la police qui débarqua sur les lieux deux minutes après, mais une brigade d'Élites Militaires. Lorsqu'il retrouvèrent le corp du mafieu Waves assassiné à la perfection et l'incrédulité de la jeune femme à proximité qui n'avait ni vue ni entendue quoi que ce soit, ils durent admettre l'amère vérité.

Une fois de plus il avait frappé plus vite qu'eux.

                       ~ ~ ~ ~ ~ ~

À quelques mètres à peine de là, il jubilait. Ces imbéciles n'étaient pas près de l'attraper.

Il fit demi tour, il n'avait plus rien à faire ici.

Il disparu dans la nuit en souriant.

La lame d'un poignard brillant dans sa main.

Les longues canines luisant au clair de lune.

Tueur de Nuit et Loup Noir au sein d'un même corp.

A-C-Y-Z 303 ~ La Sixième Extinction Où les histoires vivent. Découvrez maintenant