A-C-Y-Z 303 ~ La Sixième Extinction

Chapitre 3 ~ C 303

Esteban franchit le pas de la porte avec hâte. Il posa ses clés sur le meuble d'entrée et partit dans le salon principal d'un pas vif. À l'heure qu'il était, ses parents devaient être rentrés. Et grâce aux remarquables services du lycée, ils étaient probablement déjà au courant de la joute verbale qui l'avait opposé à Monsieur Visar.

-Maman? Papa?

Évidement, personne ne lui répondit, et le jeune garçon se maudits une fois de plus d'habiter dans une si grande demeure. Sa maison, plus proche d'un manoir d'ailleurs, possédait quatre salles de bain, cinq chambres, trois cuisines et deux immenses salons. Le tout pour abriter seulement trois personnes. C'était ridicule.

Il soupira. Bientôt, il aurait droit à un interrogatoire personnel sur ses agissements, et quand ses parents apprendraient les remarques du professeur, ils lui en feraient voir de toutes les couleurs. Ses géniteurs avaient toujours exagérés à ce propos, après tout, il avait juste été exposé aux radiations, non? Ce n'était rien de "grave". Rien d'important en tout cas.

Il fila chercher du réconfort dans sa bibliothèque. La pièce - grande à plafond haut, tapissée de vieux motif et possédant un ancien parquet grinçant - était l'endroit préféré d'Esteban. Il jeta négligemment sa sacoche contre un mur et pénétra dans son paradis terrestre.

L'adolescent s'approcha des étagères et passa avec douceur ses doigts sur les reliures abîmées des anciens livres et recueils qui trônaient sur leur piédestal de bois.

Son index ricocha alors sur une tranche, plus en avant que les autres. Il leva un sourcil sous la surprise. C'était impossible, ses parents ne venaient absolument jamais lire ici, et, lui, les remettaient toujours en place.

Il tira le livre marron or hors de la bibliothèque. Une fois en mains, il se rendit compte qu'il ne l'avait jamais vu auparavant. Et ce bouquin là n'était pas si vieux comparé à l'ensemble de sa collection littéraire, il semblait juste abîmé. Sur la couverture, on lisait très distinctement écrit en vert vif.

A-C-Y-Z 303. LA MOLÉCULE DE GARYVOL. DÉBUT DE LA SIXIÈME EXTINCTION. Rédigé en 2067 par Henry Garyvol.

Intrigué, Esteban s'assit dans un des vieux fauteuils et entreprit de le lire. Dès le début, il eu du mal à déchiffrer le texte car il avait été écrit à la main - chose en soit stupide - et il semblait que l'auteur avait négligé son écriture, ou peut être était il pressé.

La Sixième Extinction est comme une menace sourde et sournoise. Un corbeau faussement lumineux, resplendissant de technologies et d'avancées mondiales. Mais, ce corbeau... Ne nous cache - t-il pas bien des secrets? D'horribles secrets. Ces horribles secrets qui torturent les hommes dans leur sommeil. Ces horribles secrets qui détruisent le coeur et l'âme. Et pourtant, tout le monde les connaît ces secrets. Mais tout le monde les ignorent. Famines. Guerres. Pollution. Tempêtes. Attentats. Crises politiques et financières. Meurtres. Et j'en passe. Pourquoi diantre, amis de race humaine, fermez vous les yeux sur vos erreurs...? Ne voyez vous donc pas que nous courront à notre perte? Toutes espèces animales cherchent à fuire les extinctions de masse. Toutes sauf l'Homme. Lui, il se livre sur un beau plateau d'argent.
Le corbeau blanc, celui qui plane en ce moment même sur le Monde, vous guette. Méfiez vous. Petit à petit, il cache la vérité aux yeux des hommes, il étend ses ailes parée de fausse lumière pour leurs brouiller la vue, pour les leurrer. Petit à petit, il resserre ses serres brillantes sur le coeur de ses disciples, les poussant à se haïr, à se détester. Ce corbeau. Le Corbeau. Il va détruire le Monde. Et son arme principale sera dévastatrice, car elle a naquit de la haine de l'Homme. La Molécule A-C-Y-Z 303.
Moi, Henry Garyvol, je parlerais désormais d'un phoenix. Le Phoenix sera la renaissance du XXIe siècle et de ceux à venir. Le Phoenix sera celui qui nous sauvera de la Sixième Extinction. Le Phoenix aura deux ailes. Fortes. Puissantes. Posées. Qui le porteront haut, et lui assureront d'accéder à toutes les voies lumineuses. Ses deux Ailes auront le don de parler, parler pour le Monde. Mais le Phoenix aura aussi deux serres. Intouchables. Courageuses. Vives comme l'ombre. Qui le protégeront des dangers et lui permettront d'accéder à toutes les voix sombres. Ses deux Serres auront le don de se battre, se battre pour le Monde.
Ensemble, Serres et Ailes formeront le Phoenix. Ensemble, elles useront du même atout que l'oiseau noir. Ensemble, elles seront notre avenir. Notre unique espoir salvateur.
Le Phoenix nous sauvera.
Sauf si le Corbeau lui tranche la gorge avant.
Tout n'est qu'une question de temps.
Et de choix.