A-C-Y-Z 303 ~ La Sixième Extinction

Chapitre 7 ~ Z 303

Le Loup Noir se pencha. Fit rouler ses muscles nerveux sous la peau claire de ses épaules. Observa la nuit de ses yeux prédateurs. Il affermit sa prise sur son poignard et s'approcha du garçon au cheveux noir. Il sourit avec jubilation. Il ne le manquerait pas cette fois ci. L'adolescent au cheveux sombre avançait dans les rues sinueuses sans se douter de rien. Il semblait heureux. Les lumières des lampadaires projetaient de longues ombres dans l'air brumeux du soir. Le tueur s'avança. Il progressait sur les toits avec une discrétion et une grâce presque surnaturel. Il sauta au sol et se ramassa à la manière d'un félin en chasse. Il leva son coutelas au dessus du dos du garçon. D'un geste vif il l'abattit et sa victime poussa un hurlement.

Zack se réveilla en sursaut, étouffant un cri dans les tissus qui lui servaient d'oreiller. Il se redressa dans sa couchette, trempé de sueur et parsemé de tremblement brefs et incontrôlables. Rejetant sa tête en arrière, il passa ses doigts dans sa courte chevelure noire ébène en inspirant à pleins poumons. Une infime torpeur faisait tressaillir son corp.

Un soupçon de peur.

Et pourtant, si Zack pouvait se vanter de quelque chose, c'était bien de n'avoir peur de rien. Il avait tellement souffert dans sa jeunesse qu'il semblait que, du haut de ses dix sept ans, rien ne pouvait plus l'affecter. Séparé de ses parents très tôt, il avait apprit à vivre par ses propres moyens et la rue lui avait servi d'école. Chaque cicatrice que gardait sa peau était une preuve de ses luttes acharnées. Et de ses réussites.

Il était toujours en vie après tout. Et il n'avait plus peur de rien désormais.

Sauf que ce cauchemar était récurant. Depuis l'incident quelques semaines plus tôt, Zack ne rêvait plus que de lui. Le Loup Noir. Le Tueur de Nuit. Ou quel que soit le nom qu'on lui donnait.

Le garçon aux cheveux ébène se mit debout sur le plancher grinçant de sa planque. Il l'avait construite plusieurs années auparavant pour se cacher des raids militaires, devenu nombreux et les soldats nettement plus violents. À cette époque, il ne souhaitait que peu de chose: de quoi survivre, et le bonheur de sa soeur, Elaïa, de cinq ans plus jeune que lui.

Pour elle, il avait érigé cette cabane jusqu'à avoir les mains en sang et le dos broyé sous l'effort, afin qu'elle soit à l'abri. Pour elle, il avait volé un nombre incalculable de fois, afin qu'elle ne succombe pas de la faim. Pour elle, il aurait déplacé des montagnes.

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04h37

C'était l'heure qu'affichait l'hologramme bleuté géant, projeté dans la pollution nocturne. Une fine bruine tombait sur l'asphalte ancien et glissant. Silencieusement, Zack se promenait dans les quartiers Z de la zone Ouest de Paris.

Il passait totalement inaperçu. Même lorsque sa capuche était entièrement rejetée en arrière. En réalité, ses cheveux étaient du noir le plus profond qui puisse exister ; ou qui ne puisse pas d'ailleurs, car ils possédaient une particularité unique, l'absence totale de réflection lumineuse. Aucun reflet en somme. Juste un aspect charbonneux et incoiffable se fondant dans la nuit et ravissant le regard.

Sa peau, bien que particulièrement claire, ne reflétait pas non plus la lumière. Ou, en tout cas, bien moins qu'une peau commune.

À la rigueur, le seul défaut à sa discrétion de caméléon aurait pu être ses yeux. Leur lueur était semblable à un éclat d'argent. Un gris si brillant qu'il en était totalement irréaliste. Mais même là, ça ne posait pas trop de problème, Zack avait une parfaite maîtrise de ses iris et de l'énergie qui coulait en lui lors de leur activité lumineuse.

Bref, il se fondait avec la nuit. Et il adorait ça.

Il était calme désormais. Sentir l'air frais - bien que vicié - dans ses poumons et la bruine glaciale sur son visage l'avait réveillé de son mauvais rêve.