08.05.18

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De : Ulrich
À : Ambre
« J'ai fait une nuit blanche je suis K.O, les yeux rouges (ok la fatigue n'y est pas pour quelque chose) mais putain, zéro nouvelle de toi ! Il est 09:29 am, j'ai appelé chez toi, tes parents n'ont aucune idée de l'endroit où tu peux être »

     Ses mains tremblent tandis qu'il passe une main dans ses cheveux, la mâchoire contractée. Il laisse glisser son téléphone par terre, se laisse glisser contre un mur à son tour et trace une ligne d'une poudre blanche.
     Il la regarde comme il ne l'avait jamais fait avant, pensif. Inspirer, expirer, il sait faire. Respirer sans Ambre à ses côtés ? Beaucoup moins.
     Il fait ce qu'il sait faire depuis bien longtemps, sans la moindre envie cette fois.
     Il reprend son téléphone une dernière fois, les mains blanches comme la neige, les veines qui ressortent.

De : Ulrich
À : Ambre
« Réponds, je t'en supplie, je t'aime comme jamais putain me laisse pas sans réponse, j'ai la trouille »

     Encore une fois, aucune réponse.

     Grandes enjambées, grandes foulées, souffle accéléré, palpitations, rythme cardiaque augmenté.
     Le sang, les transfusions, le bruit des machines, les sédatifs, les piqûres.
     Le jeune homme glisse sur le sol blanc et lisse, arrivant à une chambre.
     Le souffle régulier, les yeux fermés, les mains froides, le sommeil profond, à moitié vivante, à moitié morte. Habillée de blanc, elle est couchée, figée. Des égratignures au visage, des cicatrices à vie.
     Ugo n'en revient pas. Il prend son visage entre ses mains, les yeux tout aussi rouges que ce matin, mais choqués par ce qu'il voit.
- Que faites-vous ici ? Si vous n'êtes pas de la famille, vous devez partir ! lui reproche une infirmière.
     Il n'écoute pas, perdu dans son monde.
- Si, il peut rentrer. C'est le copain de ma fille.
     Pas un regard vers la mère qui tient son mari le plus fort possible. Les yeux tournés vers elle. Ils devaient partir loin, construire une vie parfaite.
     Une enjambée et il est à ses côtés comme il a couru dans tout l'hôpital pour venir jusqu'à elle.
     Il lui prend la main, la lui tient fort. Lui revient en boucle sa deuxième année et et sa dernière année : quand il l'a vu pour la première fois, quand il l'a surprise en train de le regarder puis quand il a demandé le numéro à un de ses amis, quand il lui a parlé pour la première fois.
- Ambre, murmure-t-il d'une voix rauque. Réveille-toi, je t'en supplie.
     Accident de voiture, coma artificiel, risque de lésions internes et même pire, mort cérébral. Dans ce dernier cas, elle ne reviendra pas.
- On devait partir, tu te souviens ? Ne m'abandonne pas.
     Il pose son front contre le dos de sa main, gelée. Et si elle ne revient pas, il ne s'en remettra pas.

Une fois. Fibrillation ventriculaire. Les médecins arrivent en urgence, ils déboulent dans la chambre. Un choc électrique, tension qui règne. Seconde charge électrique. Toujours rien. Une minute et quelques secondes.
     Bip. Bip. Bip. Rythme cardiaque qui reprend de la cadence, normal. Soulagement. Autant pour les médecins que pour la famille.
Quelques heures plus tard, il lui tient la main, le regard désespéré avec un profond soupir.
Deuxième fois. Plus de rythme, le bip en continue. Panique. Les médecins qui arrivent une seconde fois en un éclair, Ulrich obligé de partir, mains croisées derrière la tête.
Fibrillation ventriculaire. Charge électrique. Une fois. Tension, silence, stress. Rien. Quarante trois secondes, seconde fois. Décharge électrique. Silence. Toujours rien. La tension augmente. Une troisième tentative. Cinquante huit secondes. Nouvelle décharge électrique, toujours le bip en continue.
Bip. Bip. Bip. Nouveaux battements de cœur. Deuxième soulagement, pour tout le monde, encore.
Puis, le profond silence.

SMS MortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant