On essaie d'oublier nos malheurs afin de soulager notre bonheur.
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Il cligne des yeux, plusieurs fois et observe son visage qui est reflété par le miroir. Ses yeux brillent de malice bien qu'ils soient vides de bonheur, bien qu'ils soient replis de tristesse. Ne pas penser à elle. Ne pas penser à elle. Ne pas penser à elle. Tout sauf penser à elle. C'est son but ultime. Ses cheveux reflètent une légère couleur rousse grâce à la lumière de la salle de bains. Il affiche un sourire malicieux comme pour se convaincre que tout ira mieux, que tout va bien et qu'il ne souffre pas. Ses dents sont parfaites et son sourire pourrait en faire craquer plus d'une. C'est ce qu'il compte faire, pour l'oublier et essayer de passer à autre chose. Mais c'est impossible d'oublier une personne qui fait battre ton cœur plus fort que n'importe qui. Il affiche un sourire sans joie cette fois, celui qui fait peur et à qui on n'aimerait pas se confronter. Il prend une grande inspiration, reste les doigts à quelques centimètres du clavier de son téléphone, conversation sur Ambre. Il soupire et son cœur bat trop fort. Il serait capable de perdre le contrôle, faire une connerie, jusqu'à même se faire du mal pour son propre bien. Jusqu'à se faire du mal, oui, il en serait capable. Les personnes qu'ils côtoient ne savent pas à quel point il est pourrait être capable de terribles choses. La porte de la salle de bains s'ouvrent sur sa mère, les bras croisés. - Où est-ce que tu vas ? dit-elle, calme mais bouillonnant de colère. - Je sors, tu n'as rien d'autre à savoir. Il répond d'un ton glacé et prend sa veste en cuir qui était posée sur le plan du lavabo. Ulrich éteint la lumière et donne un léger coup d'épaule à sa mère quand il sort de la salle de bains. Ils descendent jusqu'à l'entrée. - Tu vas encore à une de tes soirées où tu vas te retrouver bourré ? - Je sors, c'est tout. - Je suis ta mère ! Dis-mois où est-ce que tu vas ! Il se retourne et pousse un soupir d'exaspération. Il fait une tête de plus qu'elle et possède plus de forces qu'elle, sûrement. - Je vais à une fête, c'est tout. - Je ne t'ai pas donné l'autorisation de sortir Ulrich ! crie-t-elle cette fois. Maya apparaît au rez de chaussée et observe la scène en silence. Elle plisse les yeux, bras croisés. - Tu crois vraiment que j'ai besoin de ton autorisation pour sortir ? ricane-t-il. Sa mère veut lui donner une claque mais il l'arrête dans son geste et à ce moment précis, Ulrich fait peur à sa mère. Il n'exprime que la colère qu'il garde au fond de lui depuis un long moment, la mâchoire contractée, les yeux n'exprimant que de la rage, de la colère. Cependant, jamais il ne fera du mal à sa mère, jamais s'il ne la maltraitera, ne l'insultera. Ce geste était juste un réflexe, un moyen de défense. Mais elle a pris peur. Certes, il a bien conscience que la façon de s'adresser à elle n'est pas correct mais ce n'est pas pour autant qu'il ne la respecte pas. Il lâche le poignet de sa mère tout en lui adressant un mauvais regard. Ulrich enfile une paire de chaussures et ouvre la porte, s'adressant une dernière fois à sa mère sans se retourner. - Ne t'attends pas à ce que je rentre, parce que je ne le ferai pas. Ne t'attends pas non plus à ce que je m'excuse de mon comportement, parce que je ne le ferai pas. Il claque la porte derrière lui, ravalant le regret amer d'avoir débité de telles paroles. Sa mère croise les bras contre elle, comme si elle avait froid et Maya descend les escaliers pour rejoindre sa mère, blessée par son fils qu'elle ne reconnaît plus. Maya pose une main sur l'épaule de sa mère, un sourire triste dessinant son visage. - Il n'avait pas le droit de te parler comme ça maman. - Je sais, mais je ne veux pas me disputer avec lui, il va tellement mal en ce moment... - Il a toujours été mal, hausse les épaules Maya. Depuis qu'il est rentré en deuxième année au lycée, il n'a plus été le même. - Je ne le comprends pas, soupire sa mère. Pourquoi ne va-t-il pas bien ? Tout allait mieux depuis qu'il est avec Ambre pourtant... - Ils ne sont plus ensemble. Ulrich conduit à vitesse modérée, pas trop vite, pas trop lentement. Il arrive à la fête qui a commencé depuis bien longtemps déjà et salue quelques personnes quand il rentre dans la grande maison. Il sait où il va : il sort de la maison et va au fond du jardin pour rejoindre ses amis en train de fumer et de boire. Il leur fait signe de salut avant de s'assoir dans l'herbe. Ses amis lui proposent automatiquement de la drogue et il ne peut refuser. Que demander de plus pour l'oublier ? Il est près de quatre heures du matin quand il lui envoie un message, il ne peut pas s'en empêcher, l'alcool et la drogue y sont pour quelque chose. Il voit flou mais son sourire s'élargit quand il voit Ambre en train d'écrire. Ulrich est couché dans l'herbe, et se mord la lèvre tout en souriant bêtement comme un enfant.
