Ça nous tombe dessus comme un éclair foudroyant le ciel
Tout le monde a peur de lui bien que les premières années ne connaissent pas son identité pour la plupart. Ils ont peur quand ils le croisent et quand ils le regardent. En général, ils évitent de le regarder. Il a un sourire arrogant et toujours cette expression mauvaise collée au visage. La plupart des filles craquent pour lui mais évitent de le regarder. Elles ont aussi peur que les garçons.
Il vaut mieux être ami avec lui que son ennemi. Il vaut mieux ne pas lui adresser la parole quand il est dans ses mauvais jours, c'est à dire la moitié du temps. Ulrich prend plaisir à harceler, à les regarder supplier d'arrêter. Il en ricane dans sa tête. Personne ne fait rien parce que personne ne peut rien faire. Que peuvent-ils faire contre un gars qui se drogue, fume, boit et a de mauvaises fréquentations ? Rien. Et puis personne n'ose le dénoncer, évidement, ils ont tous peur.
Les lycéens baissent le regard quand ils le croisent ou quand il est avec sa bande. Ils prennent un grand plaisir de posséder le statut de populaire.
Beaucoup aimeraient être à sa place et parfois, ils n'ont pas tords. Sa famille est riche, il a deux sœurs aussi gentilles l'une que l'autre et disons que son charme est hors du commun. Surtout pour quelqu'un avec des reflets roux. Ses yeux ambres sont mystérieux, indescriptibles. Il est très grand, c'est sans doute pour cela que tout le monde est impressionné et que personne n'ose se confronter à lui.
- Droit devant toi, à six mètres. Il y a le gars de l'autre jour.
Il lève la tête et remarque un garçon, seul, portant des lunettes qui lui grossissent les yeux. Ils ricanent car cela fait quelques jours qu'il ne l'ont pas embêté. Il y a du monde dans le couloir mais la bande s'en fiche. Plus il y a de monde, plus le spectacle est de qualité. Quelques personnes dévient sur les côtés pour le laisser passer mais beaucoup se bousculent pour aller en cours.
C'est le destin diraient quelques personnes. D'autres diraient c'est la vie. Mais lui dirait que c'est un accident. Elle, une simple bousculade. La brune s'arrête, redresse correctement son sac de ses épaules avant de jeter un coup d'œil à la personne qu'elle a malencontreusement bousculée.
- Désolée, marmonne-t-elle.
Ulrich s'est automatiquement arrêté sans même savoir pourquoi. Il la regarde droit dans les yeux et observe son visage emplie de douceur. Il fronce les sourcils, ne sachant pas pourquoi il ressent une sensation bizarre et pourquoi son cœur s'est subitement arrêter de battre une seconde pour tambouriner contre sa poitrine jusqu'à lui faire mal. Toutes les personnes qui sont autour d'eux ne comptent plus, il n'a d'yeux que pour elle et semble subjugué par la beauté de la fille.
Il en a même oublié d'aller voir le garçon de première année pour l'embêter, plus rien ne semble l'intéresser mise à part elle. Cette dernière se racle la gorge avant de se retourner et de partir en baissant la tête tandis qu'Ulrich a les yeux écarquillés. Il la suit en bousculant quelques personnes dont l'un de ses amis mais il voit disparaître la fille dans une salle de classe.
Ulrich reste figé plusieurs secondes devant la salle avant de reprendre ses esprits. Il ne sait pas pourquoi il vient de courir après elle, il ne sait pas qui elle est mais il compte bien le découvrir. En plus, elle ne l'a même pas reconnu. Elle ne sait même pas qui il est, une première pour lui. Tout le monde devrait savoir qui il est. Mais il y a quelque chose en elle qui l'intéresse, quelque chose que les autres filles n'ont pas. Il a plongé ses yeux dans les siens et s'est laissé aller, c'était doux, apaisant, comme un grand soulagement. Peut-être que ce quelque chose d'autre est lié au fait qu'elle ne sait pas qui il est. Peut-être que le fait de ne pas s'être fait reconnu l'a soulagé.
Il est rejoint par ses amis qui lèvent les bras au ciel en le regardant avec un air incompris.
- Qu'est-ce que tu fous ?
- Rien, marmonne-t-il.
- Alors tu viens ?
Il pince les lèvres, ayant un semblant d'hésitation avant d'hausser les épaules.
- Le gars a disparu, on va le chercher ?
- Sans moi cette fois, marmonne-t-il.
Son ami aux cheveux blonds plisse les yeux et lui barre la route. Il crispe les dents et a un mouvement de recul.
- Qu'est-ce que tu as ? Pourquoi tu ne veux pas venir ?
- Je n'ai plus envie, laisse tomber.
- Oh allez Ulrich ! s'exclame son ami.
- La dernière fois nous avons été trop loin et tu sais très bien ce quoi s'est passé.
- La dernière fois ? Ça remonte à l'année dernière !
- Et alors ? Je n'ai pas envie, ni aujourd'hui ni demain. Laisse-moi tranquille.
Son ami éclate de rire avant de croiser les bras.
- T'es mon meilleur ami mais ton attitude lunatique commence à me taper sur le système.
- Alors casse-toi.
Le « meilleur ami » lève les sourcils tandis que la bande les rejoint.
- Alors casse-toi si t'en as assez de moi ! Casse-toi si tu ne me supportes pas ou si tu ne me supportes plus ! s'énerve Ulrich, sans aucune raison.
- Mais qu'est-ce qui te prend ? C'est quoi ton problème ? Si t'en as un, tu peux me parler tu sais !
À présent, beaucoup de lycéens les regardent tout en circulant dans le couloir. Ulrich s'approche du garçon et le domine de quelques centimètres, injectant le plus de haine dans son regard.
- Je n'ai pas envie de te parler, c'est clair ? Retournez à vos occupations si vous le voulez, vous êtes assez grands pour faire des choix. Moi je fais le mien.
Il bouscule quiconque se trouvant sur son passage et descend les escaliers du lycée, en colère. Trop en colère pour aller en cours, pour écouter qui que se soit. Il aimerait hurler au monde entier sa détresse, ce qui le chamboule, ce qui vient de le frapper en plein cœur mais il ne parvient pas à exprimer ce qu'il ressent car il n'avait jamais rien ressenti de tel auparavant. Avant la fille. Avant qu'elle ne perce son cœur d'une simplement bousculade, d'un simple regard.
Ulrich hésite entre rentrer chez lui et se fait réprimander pour avoir séché les cours ou rester ici sans pour autant aller en classe et se faire disputer le soir quand il rentrera. La deuxième option semble la meilleure, c'est celle qu'il adopte.
Il se laisse glisser contre un mur et tombe comme une masse avant de se cacher le visage de ses mains. Il secoue la tête de droite à gauche, casquette au sol, sac à côté de lui. Et pour lui, une telle chose ne devait pas arriver même s'il savait que cela allait lui tomber dessus un jour. Il ne le voulait pas tout de suite mais c'est comme un éclair qui foudroie le ciel. Rapide, brutal, terrifiant. Cela dure quelques secondes. Mais contrairement à l'éclair, le coup de foudre reste et perdure.
Ulrich aimerait pouvoir y faire quelque chose, changer ce qu'il ressent mais comment tout changer ? Il ne parvient même pas à prendre une cigarette de la poche de sa veste, alors combattre ce qu'il vient de s'abattre sur lui, impossible. Le visage doux de la fille ne cesse d'apparaître dans son esprit, encore et encore. Ses yeux vides de sens vagabondant entre la solitude, la peine et le bonheur. La fille paraissait triste et ça il l'avait remarqué à l'instant. Mais ce qui a de mieux est le fait qu'elle ne l'a même pas reconnu, qu'elle ne l'a pas regardé bizarrement. Elle s'est juste excusée et puis c'est tout. Une excuse. Rien de plus.
La sonnerie le coupe dans ses pensées quand lui vient une idée. Il se lève précipitamment sans oublier sa casquette posée au sol ainsi que son sac puis se précipite à l'intérieur du lycée, monte les escaliers. L'adolescent dont tout le monde a peur se retrouve devant la salle de la fille et il attend sa sortie. Son sœur bat si fort.
La brune parle avec une blonde qu'il a déjà vu auparavant, ce genre de fille qui sort avec tout ce qui bouge sans cesse, ne cherchant pas à se poser. Elle ne l'a pas regardé mais lui l'a fait au plus grand plaisir de ses yeux dorés. Il laisse apparaître un sourire béât sur son visage, espérant un jour lui parler au plus grand espoir de son cœur.
Il lui faut son numéro, peu importe la façon dont il l'obtient, il lui faut. Obtenir le numéro de ces filles non-populaires est souvent compliqué voire quasi impossible puisqu'elles n'ont pas beaucoup de contacts. Et dans le cas de la fille, il est presque impossible qu'il obtienne son numéro. Il pousse un profond soupir de désespoir, très audible.
Comment avoir son numéro ? C'est la question qu'il se pose depuis plus d'une minute. S'il allait voir ses amis, ces derniers risqueraient de lui dire. L'espoir de lui parler est bas, mais d'où vient cet espoir d'ailleurs ? Il n'avait jamais ressenti quelque chose d'aussi fort à l'intérieur de son corps, il n'avait jamais pensé avoir un coup de foudre.
Jamais.
Il prend une grande inspiration et se met à réfléchir. Comment lui parler ? Il ne sait pas, mais il trouvera. Ulrich Winter obtient toujours ce qu'il veut, de n'importe quelle manière, il l'obtient. Il sourit car il verra avec le temps. Il faut savoir être patient dans le vie.
Ulrich Winter restera patient. Il se dirige à son cours, sourire jusqu'aux oreilles, une main squelettique sur le cœur. Il n'avait jamais ressenti un tel sentiment, ce fameux coup de foudre et il ne s'était jamais senti aussi bien de toute sa vie.
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SMS Mortels
Romance- toutes les histoires ne finissent pas forcément bien #1 imessage - 14 Septembre 2018 23 octobre [still number one] #2 imessage - 27 septembre 2018