18.10.18 + 04.11.18 + un autre jour

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« c'est pas la vie qui décide quand nous devons vivre, c'est nous, notre choix et il est temps de se laisser vivre »

— moi

02:13 am

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02:13 am. C'est l'heure de partir, de m'en aller, de tout laisser tomber, de tout abandonner et recommencer à zéro. Construire une vie avec l'amour de ma vie.
Je n'escalade pas le balcon de ma chambre pour grimper à l'arbre. J'emprunte les escaliers de ma maison, touchant une dernière fois les murs, dévalant une dernière fois le gigantesque escalier en marbre.
Puis je pars. Je sors de cette maison, adieu. Je n'ai pas dit au revoir à mes parents, je ne le ferai pas.

De : Ambre
À : Ulrich
« Dépêche, je suis dehors ! »

De : Ulrich
À : Ambre
« T'inquiète je suis là »

Je le vois arriver dans sa voiture. Je monte rapidement et c'est parti pour l'aventure, un nouveau départ. Je me sens libre, libre avec lui. La lumière à l'intérieur de la voiture éclaire ses yeux ambres, son visage, son sourire.
Quand je pense à notre début, ça me fait rire. Tout a commencé par un simple sms.
- Ouvre le toit ! Ouvre !
Il éclate de rire et ouvre le toit. Je me mets debout sur le siège, l'air frais sur mon visage. Je ferme les yeux, lève les mains en l'air tandis qu'il accélère dans une grande ligne droite.
Cette sensation de fraîcheur sur mon visage. Cette sensation de bonheur dans mon cœur.
J'ai bien envie de crier, de hurler ma joie et de réveiller la ville endormie dans son profond sommeil. Mais Ulrich m'en empêche et referme le toit. Je me rattache et le voit me contempler avec un immense sourire.
- Quoi ?
- Je t'aime, dit-il.
- Je t'aime.
Il pose sa main sur ma cuisse gauche, là où il a accidentellement fait apparaître des bleus et j'ai des frissons. Parfois on a des coups de cœur, des bleus au cœur mais moi j'ai le sourire aux lèvres.

Il se gare dans un parking privé de New York, la ville qui ne dort jamais. Le voyage a été long mais tellement génial. Parce qu'il y avait nous deux, des fous rires, mais surtout nos regards amoureux.
On a tout laissé. Moi, j'ai abandonné mes parents. Lui a abandonné la drogue et la cigarette, l'alcool, la mutilation. Il n'y a plus que nous deux.
01:29 am. Trois heures de plus qu'à L.A.
Il tapote de ses mains ses genoux et je me retrouve du mieux que je peux en position assise sur et face à lui, dans cette voiture.
Il a un faible sourire, le poids de son passé derrière lui. Il pose une main, froide, sur ma joue. Son contact est la rencontre de l'eau et du feu, c'est électrisant. Mes doigts caressent lentement ses bras mutilés.
Et puis, sa peau contre la mienne, son baiser aussi chaud que la braise sur mon cou me rendent déjà dingue.
Il retire mon pull, le sien dans la foulée, son torse contre ma poitrine. Et il n'y a personne pour nous empêcher de nous aimer.
Il n'y a personne pour nous empêcher de laisser notre corps s'embraser. Personne pour arrêter nos gestes interdits, tel ses mains sur les parties intimes de mon corps. Personne pour arrêter le fait de nous déshabiller.
Son corps contre le mien, le mien dans le sien, vice-versa.
Un peu que l'amour que nous nous portons l'un pour l'autre sera éternel dans les bruits perpétuels de notre plaisir.
     Soudainement, tout devient flou, comme irréel. Son visage s'efface dans le noir tandis que mon corps semble disparaître également, me laissant désorientée. Que se passe-t-il ? Je quitte ce monde pour un autre, tout devient noir puis des bruits différents résonnent autour de moi.
     Quelques bip d'une machine médicale, quelques voix autour de moi. Je n'ose pas ouvrir les paupières, je sens à peine mes membres. Je bouge doucement mes orteils, mes jambes puis mes bras et enfin pour terminer, j'ouvre les yeux.
     Ma vision se porte sur le plafond blanc de la chambre d'hôpital où je suis. Je cligne plusieurs fois des yeux pour être sûre que tout cela n'était pas réel. Alors je ne me suis jamais réveillée ? Je ne suis jamais partie à New-York avec Ulrich ? Je me suis imaginée en train de me réveiller et de le retrouver ? Tout cela n'était donc que fictif ?
     J'en ai les larmes aux yeux. Pourvu qu'il n'ait rien fait, pourvu qu'il ne s'est pas fait du mal comme dans mon rêve. Pourvu qu'il aille bien.
- Ambre ?
- Docteur ! Docteur ! Docteur ! hurle mon père en se précipitant dans le couloir.
- Ambre !
     Ma mère se jette littéralement sur moi, prenant mes joues entre ses mains, pleurant à chaudes larmes. Je la suis, l'accompagnant en laissant couler mes larmes. Ça me désarme de la voir dans cet état.
     Je me sens tellement faible quand le docteur m'examine et me pose des questions. J'ai même du mal à parler puisque je suis restée dans le coma pendant cinq mois et demi. J'ai eu de la chance d'en être sortie indemne et de ne pas avoir de séquelles graves.
     J'ai beau avoir eu les yeux fermés pendant plus de trois mois, je me sens terriblement fatiguée et à bout de forces. Mais je lutte pour garder les yeux ouverts, alimentée par une question qui me brûle les lèvres depuis que je me suis réveillée.
     Je n'attends pas que le médecin soit parti pour la poser.
- Où est Ulrich ? Je veux le voir.
     Mes parents échangent un regard que je ne manque pas de remarquer. Je fronce les sourcils, mon cœur s'accélérant. Mes doigts squelettiques serrent le drap blanc, comme si cela allait m'empêcher de tomber. Leur silence m'inquiète jusqu'au plus profond de mon âme.
- Maman, où est Ulrich ?
- Tu sais, parfois, il y a des personnes plus fragiles que d'autres. Et ne crois pas qu'il ne t'aimait pas, parce qu'il t'aimait beaucoup.
     Une larme coule le long de ma joue, mouillant ma blouse de chambre. Je sens mon cœur se briser petit à petit, tomber en miettes et en morceaux.
     Rien ne s'est passé comme dans mon rêve, il n'a pas pu faire ça, impossible, il est beaucoup plus fort que ça. Ma mère vient me prendre la main, avec des yeux doux mais qui me renvoient un effroi qui me désempare de la tête aux pieds.
- Il t'aimait trop, continue ma mère, compatissante. Il t'aimait tellement qu'il n'a pas supporté le fait de te voir dans cet état. Et voyant que tu ne te réveillais pas, il a décidé de faire un choix. Il devait combattre ses propres démons alors combattre le fait que tu puisses ne pas te réveiller était impossible pour lui.
- Maman, où est-il ?
     Mon père et le médecin ne disent rien. Mes yeux sont verrouillés dans ceux de ma mère, impossible de m'en détacher. C'est une longue attente, douloureuse au point de supplier le ciel d'intervenir et de me dire ce qu'il se passe et pourquoi elle est répond pas.
- Je suis désolée, Ambre. Ulrich ne reviendra pas, murmure-t-elle.
- Non.
     Ma voix se brise en mille morceaux, mon cœur en millions de morceaux. Je fonds en larmes, je pars dans le désespoir le plus total, un profond vide m'engloutissant. Je crie de douleur, douleur insoutenable qui me remue les tripes, me secoue de la tête aux pieds.
      Je donnerais tout ce qu'il faut pour changer le soir de mon accident de voiture. Si je n'avais pas pris la voiture, si je n'étais pas partie sur la route, il serait encore là.
     Maintenant il est mort.
     Ce dernier mot me fait pleurer encore un peu plus, me plongeant dans les abysses de la souffrance et la douleur. En cet instant, je souhaite que mon cœur meurt pour ne plus avoir à supporter de le sentir se déchirer de tous les côtés.

SMS MortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant