Bonus 12

276 15 0
                                    

« tu fais du mal à tout le monde autour de toi et toi tu ne te préoccupes que de ta petite personne, je te hais »

un jour parmi un autre


     Il est près de de sept heures et demi quand Maya se réveille en sursaut

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.




     Il est près de de sept heures et demi quand Maya se réveille en sursaut. Elle regarde l'heure et se met soudainement à paniquer. Elle secoue la tête de droite à gauche, prise d'une sueur froide.
Elle saute de son lit rapidement avant de débouler dans l'escalier. Son grand frère est assis à table, juste en face de sa mère, les paupières lourdes. Il a beaucoup pleuré ces derniers temps, depuis quelques mois. Depuis que leur père est mort. Après les paroles de sa sœur, il s'est senti tomber dans un gouffre sans fond, sans penser pouvoir s'en sortir. En plus de ça, il a perdu Ambre. À cause d'un gars, à cause des conneries d'Ambre.
- Est-ce que cela vous dérangerait de me réveiller quand vous ne me voyez pas descendre ? hurle-t-elle. Putain de merde j'ai un oral à passer à neuf heures !
Son frère lève les yeux au ciel en mangeant une banane. Sa sœur le fusille du regard.
- Surveille ton langage Maya, dit sa mère.
- Mon langage ? C'est plutôt à lui que tu devrais dire cela parfois !
- Éh, j'ai rien fait. Tu me laisses tranquille.
     Elle lève les sourcils, plus qu'énervée. Ulrich termine sa banane avant de manger un morceau d'ananas tandis qu'elle tape du pied le parquet.
- Le bus est déjà passé !
- Et bien ton frère t'amènera puisqu'il a décidé d'être malade.
- Malade ? Il ne veut simplement pas aller en cours ! s'écrie Maya.
- Si je ne voulais pas aller en cours, tu crois vraiment que je serais levé ? ricane-t-il. J'ai de la fièvre, demande à maman si tu ne me crois pas.
     Maya tourne le regard vers sa mère. Cette dernière se lève en regardant Maya droit dans les yeux.
- C'est vrai. Je suis en retard. Je dois absolument y aller et je ne peux pas passer par ton lycée et faire le détour. Ton frère t'emmènera.
- Quoi ? crie-t-elle de plus belle. Hors de question !
- Pas de discussion, Maya.
     Cette dernière monte à l'étage, en colère tandis que la mère des enfants soupire en croisant les bras sur sa poitrine. Un silence pesant règne entre la mère et le fils qui lui, baisse les yeux vers son morceau d'ananas. Il s'adosse à la chaise en soupirant.
- Elle me déteste.
- Elle ne te déteste pas.
- Bien sûr que si. C'est compréhensible de toute manière.
     Il secoue la tête avant de monter à son tour à l'étage puis, sa mère s'en va sans essayer de le contredire. Elle ne le comprend plus depuis un moment maintenant, elle ne le comprend plus depuis qu'il a changé, depuis ce fameux jour où un adolescent l'a bousculé sans le faire exprès.
     Ulrich enfile un jogging et un sweat bleu marine avant d'aller toquer à la porte de sa sœur.
- Maya ? T'es prête ?
     Elle ne répond pas, renforçant les pensées d'Ulrich. Maya sort de sa chambre quelques minutes plus tard. Elle s'est habillée, maquillée et coiffée en l'espace de dix minutes et sort de sa chambre en lançant un regard de haine vers son seul et unique frère. Ils descendent les escaliers en silence, enfilent leurs chaussures en silence et Ulrich ferme la porte de la maison en silence.
     Elle est déjà installée sur son siège quand Ulrich monte dans la grosse voiture noire. Une voiture de « putains de riches » diraient certains. Maya a la tête tournée vers la vitre, pas un instant elle regarde son frère, pas un instant elle souhaite lui parler. Elle lui en veut pour la mort de leur père, elle lui en veut de s'être disputé avec lui. Elle lui en veut car il lui a retiré une personne qui lui tenait beaucoup trop à cœur, elle ne le reverra jamais.
Tout comme elle, Ulrich ne reverra jamais son père. Quand on meurt, c'est définitif, pas de retour en arrière.
L'allure à laquelle roule Ulrich agace Maya au plus haut point, elle serre les poings sur ses cuisses, essayant de rester calme. Ulrich voit bien qu'elle est énervée, il sait ce que c'est, il l'est la plupart du temps et parfois quand il ne l'est pas, Ulrich plane dans un autre monde. Elle serre les dents quand le feu passe au rouge et quand la voiture s'arrête.
Maya regarde sur sa droite, refusant de regarder son frère.
- Tu commences par quoi tes cours ? demande-t-il, craignant sa réaction.
- Français, répond Maya, froidement.
- Avec madame Blake ? Elle est cool.
     Elle hausse les sourcils. Elle préférerait ne pas lui parler, ne pas le regarder et surtout ne pas être assise à côté de lui dans un espace restreint.
- Pas trop dur le lycée ?
- Difficile de faire plus dur avec le nom de famille que je porte.
     Cette fois elle tourne les yeux vers son frère qui se crispe face à ses paroles.
- La honte, murmure-t-elle en accentuant le ton sur la syllabe "on".
     Le feu passe au vert et Ulrich ne met pas plus d'une seconde avant de réagir et d'accélérer. Il regarde droit devant lui, serrant la mâchoire. Sa sœur ne manque pas de le remarquer mais ne fait aucun commentaire.
- Ils te font quoi les gens ? demande-t-il soudainement.
- N'essaie pas de jouer au frère normal, parce que je n'ai aucune envie de parler avec toi. C'est clair ? Arrête.
     Elle est dure dans ses paroles mais Ulrich ne dit rien et encaisse. Il s'arrête devant le lycée quelques minutes avant la première sonnerie de la journée, les amies de Maya attendant quelques mètres plus loin.
     Maya ouvre la portière mais Ulrich la referme aussitôt en se penchant vers sa sœur, une main sur la poignée de la portière. Sa petite sœur tourne la tête vers lui, serrant les dents.
- Écoute, je suis désolé.
- Je te jure que si tu me retiens dans la voiture encore une minute de plus, je hurle et je fais un scandale. Nous les Winter sommes doués pour ça, pas vrai ? T'es le premier à faire des scandales.
     Elle lui lance un regard arrive avant de dégager son bras et de sortir de la voiture. Il soupire mais descendant néanmoins de la voiture. Ulrich a de la fièvre, il se sent malade mais cela n'empêche pas de courir après sa sœur. Les amies de cette dernière écarquillent les yeux en minaudant quand elles voient Ulrich. Sauf que ce dernier se contre fout de ces filles. Il se plante devant sa sœur, en colère.
- Je crois que tu dois me parler autrement.
- Tu plaisantes ? s'exclame-t-elle.
     Les amies de Maya sont autour d'elle maintenant et écoutent attentivement la dispute du frère et de la sœur. Ulrich n'a d'yeux que pour sa sœur, impossible de regarder ailleurs.
- Quand est-ce que tu vas comprendre que je suis désolé ? Quand est-ce que tu vas comprendre que je m'en veux ?
- Peut-être quand tu feras revenir papa ? Oh mais attends, c'est vrai ! Il est mort ! On ne fait pas revenir les morts !
     Sa voix ironique et ses paroles blessent Ulrich au plus profond de son cœur mais il ne se l'avouera jamais. Il allait lui balancer une réplique cinglante mais une professeure les coupe dans leur dispute familiale. Les amies de Maya savent qu'Ulrich est impulsif, leur amie a déjà parler de nombreuses fois de son frère.
- Ulrich ! Comme cela me fait plaisir de te revoir ! Cela fait longtemps !
- Bonjour madame ! Je suis content de vous revoir aussi. Je ne vous serre pas la main, je suis malade, ajoute-t-il.
- Oh qu'as-tu ?
- Rien de bien grave.
- Si seulement...
     Seul Ulrich a entendu et il la fusille du regard en serrant la mâchoire. Il affiche un sourire digne d'un oscar à sa prof de français.
- J'ai appris pour la mort de votre père, je suis sincèrement navrée. Toutes mes condoléances.
- Oui, c'était un tragique accident, confirme Ulrich.
- Un tragique accident ! répète Maya en ricanant. Quelle blague !
- Maya, arrête.
- Vous savez quoi ? tourne-t-elle la tête vers sa prof. Vous êtes l'une des rares personnes à apprécier mon frère, même après avoir causé le suicide de quelqu'un !
     Cette fois, elle se lâche, ayant trop marre de contenir toute la colère qu'elle a envers son frère. Quitte à tout libérer, autant le faire en public.
- Peu de personnes le savent mais mon frère est responsable de la mort de notre père. Oui, madame.
     La professeure de français écarquille les yeux tandis qu'Ulrich devient pâle.
- Mon frère a tué notre père ! Papa devait rester à la maison ce jour-là mais mon pauvre crétin de frère a décidé de balancer toute la haine qu'il avait en vers notre père. Ce dernier est parti alors qu'il devait rester à la maison. Il n'est jamais revenu. Ulrich a tué notre père. Et vous croyez encore à son innocence ?
     Maya se rappelle du jour où cette prof a essayé de prendre la défense d'Ulrich lorsque le garçon s'est suicidé. Elle n'y croyait pas, elle croyait qu'Ulrich n'était pas coupable.
- Il a mené quelqu'un au suicide puis maintenant il a tué notre père ! Vous n'allez quand même pas le défendre cette fois ? Il est tellement innocent ! Attendez le meilleur, Ulrich se drogue ! Sinon, c'est pas drôle s'il ne se drogue pas. Il prend de la cocaïne, de la marihuana et il se bourre la gueule aussi. Si seulement vous verriez l'état dans lequel il rentre certains soirs !
     La sonnerie vient couper court à son discours qu'elle n'a pas terminé.
- Mais allez-y, faites lui des condoléances ! Il a tué notre père après tout ! T'es qu'un putain de monstre, ajoute-t-elle à l'adresse de son frère. Tu sais quoi ? Je ne te pardonnerai jamais pour toutes les paroles que tu as balancé à papa ce jour-là. Et j'espère que tu crèveras dans les pires souffrances après ce que tu as fait endurer à toute notre famille.
Il y a un long silence.
- Tu causeras la mort de qui la prochaine fois ? Ambre ? Par dépression quelqu'un est mort. Par colère quelqu'un est mort. Alors quelqu'un par amour devra mourir ?
Le prénom d'Ambre est comme l'effet d'une forte gifle contre sa joue. Il se retient de ne pas hurler de méchanceté. Il se retient.
     Il cligne des yeux plusieurs fois, essayant de chasser les larmes qui se forment. Ulrich fait quelques pas en arrière, évitant le regard de sa professeure d'autrefois, ignorant les amies de Maya. Il fait volte-face et les paroles de sa sœur confirment ses pensées : elle le déteste.
     Il roule au hasard dans la ville, de vilaines larmes roulant sur ses joues. Ulrich finir par s'arrêter au skate parc où se trouvent de nombreux amis à lui. Ulrich, le visage pâle parce qu'il est malade et à cause des paroles de sa sœur, s'avance vers quelques gars qui rigolent à en pleurer.
- Mais regardez qui voila ! Winter !
- Dis-moi que t'en as.
     Le garçon aux cheveux noirs froncent les sourcils. Ulrich renifle, essuyant les larmes qui ont coulé le long de ses joues.
- De quoi ?
- À ton avis ?
     Ulrich lui lance un regard de tueur tandis que les rires s'estompent. Seul le bruit des skates roulant se fait entendre.
- Mec, ça va ?
- Est-ce que t'en as ?
- Mec, pas dès le matin, continue le garçon aux cheveux noirs.
     Les autres les regardent gravement et tout le monde sait qu'il ne vaudrait mieux pas énerver Ulrich Winter car tout le monde sait de quoi il est capable.
- Donne-en.
- Ulrich, il est à peine huit heures dix. Pas dès le matin, il est trop tôt...
- Je me fiche de quelle heure il est, hausse-t-il le ton.
     Le garçon aux cheveux noirs soupire avant de sortir de l'une des poches un petit sachet contenant de la poudre blanche. Ulrich, le regard assassin, lui arrache des mains le sachet avant de se retourner sans un mot.
- Mec ! cri son ami. T'es pas obligé de t'enfermer dans la drogue, tu peux me parler si tu veux !
     Ulrich Winter se retourne, tout en marchant en arrière et lève ses deux majeurs en l'air et de hurler qu'il emmerde le monde, tels sont ses propres mots.
- J'emmerde le monde, répète-t-il en claquant sa portière.
     Il conduit une deuxième fois sans savoir où il va, conduisant au hasard dans les rues de la ville. Les larmes menacent de couler une nouvelle fois s'il continue à penser aux paroles de sa sœur, à la conséquence de la dispute avec son père. Il jette quelques coups d'œil au sachet contenant une poudre blanche sur le site avant. Pour fuir les problèmes et les souvenirs, il a toujours fait en sorte de se mettre dans un état pas croyable. Quitte à jouer avec sa vie, quitte à en perdre la raison.
     C'est sûrement le hasard qui l'amène à apercevoir Ambre à l'autre bout du trottoir. Et en sa compagnie, il y a un garçon, plus grand qu'elle.
     Ulrich resserre ses mains autour du volant.
     Le garçon hoche la tête en écoutant parler Ambre qui elle, pleure à chaudes larmes. Ulrich aimerait descendre de la voiture, courir la rejoindre et la prendre dans ses bras puis l'embrasser. Mais il ne peut pas, il en est incapable, il est trop en colère contre elle pour ce que Ambre a fait avec l'autre adolescent de son âge.
     Ça le fout en rogne de voir l'autre garçon la prendre dans ses bras. Ça le fout en rogne car il ne sait même pas pourquoi elle pleure et parce que cela devrait lui, à la place du garçon. Quand ce dernier tourne son visage de sorte à ce qu'Ulrich ne voit pas que sa face gauche mais l'ensemble de son visage, il s'adoucit puis soupire de soulagement.
     Ce n'est autre que l'un de ses cousins. Il l'a déjà vu en photo une fois et Ulrich est plutôt soulagé qu'Ambre s'en remette à sa famille pour pleurer qu'un autre gars qui pourrait le remplacer.
     Le feu passe au vert et il s'en va, sans regarder en arrière.


L'avant dernier bonus ! Et après c'est la fin fin fin fin fin fin 😢

SMS MortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant