Chapitre 2

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Je m'ébrouai et humai l'air. Je détectai l'odeur d'un lapin, à environ un kilomètre à la ronde. Je me léchai les babines, affamée de sang et de chair, je me mis à courir avec excitation. J'avais appris à chasser seule, en comptant sur mon instinct de chasseur. Je n'avais jamais vu de meute de loup-garous et c'était tant mieux. Je vivais très bien seule, avec la forêt entière à moi.

Je m'étais toujours débrouillée seule depuis que je m'étais faite mordre. Je n'avais jamais rencontré ou entendu parlé d'autres loup-garous, ou même de quelqu'un qui en connaissait l'existence. Je me sentais puissante, je n'avais pas besoin des autres pour survivre, et pour moi, c'était ça, la puissance.

Je ralentis l'allure. Le lapin se trouvait à quelques dizaines de mètres de moi. Il était sorti de son terrier pour faire ses besoins. Je me déplaçai pour être face au vent, et approchai à pas feutrés.

Soudain, je perçus un léger bruissement en face de moi, et à ma grande surprise, une louve grise aux yeux dorés surgit de nulle part. Elle fonça droit dans le lapin, qui, affolé, galopa vers son terrier. Alors, un autre loup à la fourrure blanche avec des yeux verts émeraudes lui barra le chemin et se jeta sur la proie effrayée. Mais le lapin lui échappa et, au moment où il allait disparaître dans des buissons, un troisième loup débarqua. Je sus aussitôt que celui-ci était différent des deux autres loups.

Il était grand, robuste, et je pouvais clairement voir ses muscles rouler sous sa fourrure brune, blanche au niveau du ventre et noire sur le dos. Il avait une fière allure, les yeux rouges sang, et surtout, je la sentais. Son aura. Ce loup était supérieur aux autres. Un mot me vint à l'esprit. Alpha.

Il poursuivit le lapin, fit un long saut et l'attrapa fermement entre ses crocs. Je l'entendis lui briser la nuque d'un coup sec et trancher sa gorge d'un coup de dent pour lécher avidement le sang chaud qui s'écoulait. Ses congénères s'approchèrent de lui. Le mâle blanc semblait un peu honteux d'avoir laisser le lapin lui échapper des pattes, mais les jolis yeux dorés de la jeune femelle brillaient d'admiration. Il était certain qu'elle avait un faible pour son supérieur. Celui-ci dressa fièrement la tête, le museau taché de sang, et leur jeta la proie avec un regard complice. Les deux loups se regardèrent et se jetèrent sur leur dîner pour le dévorer. Un autre mot me vint àl'esprit. Bêta.

J'aurais pu intervenir, folle de rage à l'idée qu'on m'aie piqué ma proie, mais j'étais fascinée par ce spectacle, irréel à mes yeux. C'était la première fois que je voyais des loups-garous en vrai, en plus de ça, une meute, avec un Alpha.

L'Alpha en question tourna soudainement la tête vers le buisson où j'étais cachée, reniflant l'air. Nos regards, si différents, se croisèrent un instant. Sans savoir pourquoi, cela me fit frissoner. Je restai deux ou trois secondes sans bouger, béate, puis je repris mes esprits et m'échappai le plus vite possible. Hors de question de me retrouver face à cette meute. Mais, de toute façon, n'étaient-ils pas sur mon territoire? Hélas, je me rendis compte que l'Alpha s'était mis à ma poursuite. Je l'entendais fouler les feuilles mortes, derrière moi, beaucoup trop près à mon goût. J'accélérai tant bien que mal, mais je ne parvins à le distancer que de quelques mètres.

Je déboulai dans la clairière, à découvert, mais, heureusement, je repérai un gros buisson à sa lisière et, après m'être rapidement roulée dans une flaque deboue pour masquer mon odeur, me plaquai derrière.

J'observai l'Alpha arriver àson tour dans la clairière. Il huma l'air, et s'approcha d'un tas sombre avec curiosité. J'étouffai un grondement: ce tas sombre,c'était en fait mes vêtements.

Tout à coup, son corps fut secoué de convulsions et j'entendis des petits craquements sinistres familiers. L'Alpha se transformait en humain ! Je me détournai, me rappelant que le processus de transformation ne gardait pas de vêtements. Un silence pesant s'abattit sur la clairière. J'en conclu que l'Alpha avait terminé sa transformation. Je n'osais pasme retourner pour voir à quoi il ressemblait, car l'idée de voir un inconnu complètement nu me dégoûtait. Je me contentai de dresser l'oreille pour profiter de mon ouïe surdéveloppée. Une voix jeune,masculine et légèrement éraillée, qui devait être la sienne,s'éleva:

- Montre-toi, jeune femelle solitaire !

Je tressaillis. Il ne fallait pas qu'il me voie. Me retrouver face à lui, nu, et devoir affronterune meute entière était bien la dernière chose que j'avais enviede faire en ce moment.

J'entendis l'Alpha soupirer, puis se mettre à fouiller dans mes vêtements, ce qui me contraria profondément.

- Tu ne devrais pas avoir plus de seize ans, pour avoir une taille comme ça...je me demande à quoi tu ressembles...allez, sort de là ! N'aie pas peur, il n'y a aucun cas de cannibalisme dans ma meute...

Ne tenant plus, je risquai discrètement un oeil hors de ma cachette. Un jeune homme, de dos à moi, se tenait au centre de la clairière. L'Alpha. J'étais très étonnée par sa jeunesse, je m'attendais à un adulte remplit d'expérience. Cet homme, ou plutôt ce garçon, avait mon âge,peut-être avec un an ou deux de plus que moi. Il se retourna brusquement, se sentant observé, et je réussis à me baisser àtemps. Je pouvais encore l'observer, et,veillant à ne pas baisser les yeux trop bas, je le regardai.

Il était très grand, dans les un mètre quatre-vingt dix environ, et assez musclé, plus que la norme pour un loup-garou. Il avait les cheveux bruns, les yeux marrons, les lèvres charnues, les épaules carrées. Il avait la barbe naissante et ses cheveux étaient ébouriffés. Il était beau,très beau, même séduisant, je ne pouvais pas le nier. Pourtant, ce n'était pas du tout mon style de dévorer les garçons du regard comme le faisaient toutes les filles niaises de mon lycée. Mais là, ça en valait vraiment la peine. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de son visage.

Mais lorsque je vis qu'il prenait mes vêtements un par un pour les renifler soigneusement, cela me ramena à la réalité. Cet Alpha osait toucher à mes vêtements. Je serrai les dents pour étouffer un grondement menaçant. Si il y avait bien quelque chose que je ne supportais pas, c'était qu'on fouine dans mes affaires personnelles. Pourtant, je me crispai et pris sur moi pour ne pas bouger.

- Dommage que ça ne te fasse pas sortir de ta cachette...,commenta-t-il en prenant mes écouteurs et mon Ipod pour les regarder de près. J'aurais bien voulu faire connaissance avec toi. Tant pis,je finirais par utiliser la manière forte...

Je le vis sourire d'un air malicieux. Malgré le contexte agaçant de la situtation, je trouvai qu'il était encore plus beau, avec ce sourire qui creusait des fossettes parfaites dans ses joues, les lèvres étirées sur des dents bien alignées. C'était bien la première fois que j'observais un garçon aussi beau. Ou bien la deuxième...

J'entendis un tintement familier. L'Alpha avait trouvé mes clés de moto. Je serrai les dents. Pourvu qu'il n'allait pas me les voler ! Je retins un soupir de soulagement lorsqu'il les reposa sans interêt.

Je vis soudain les deux Bêtas débarquer dans la clairière, les truffes rouges de sang frais.Lorsqu'ils aperçurent leur Alpha humain et nu, ils baissèrent aussitôt la tête, embarrassés.  Mais leur chef ne semblait pas du tout gené d'être nu devant ses Bêtas.

- Cette forêt est occupée par une femelle solitaire, expliqua-t-il aux loups en leur jetant mon débardeur noir.
Ils reniflèrent le vêtement.

- Oui, j'ai senti cette odeur sur quelques arbres, confirma la femelle grise en language loup.

- Que fait-on? Demanda le mâle avec inquiétude.

- Nous sommes venus pour trouver un nouveau territoire, nous en avons trouvé un parfait. Hors de question de reculer devant une simple solitaire. Nous la chasserons, et nous nous battrons pour cette forêt, s'il le faut. Ce territoire est désormais à nous ! Tu entends, la solitaire ? A nous!

- A nous ! Répétèrent les deux loups avec joie, avant de lever le museau pour hurler de victoire.

Bientôt, d'autres hurlements lointains se joignirent à ceux des Bêtas, formant un magnifique concert victorieux. L'Alpha rejeta la tête en arrière et rit à gorge déployée, d'un rire joyeux.

Moi, je ne riais pas, loin de là. Je fulminais, outrée. D'où se permettaient-ils d'empiéter sur MON territoire ?! Ils allaient voir à qui ils avaient affaire ! Je pouvais les affronter un par un, s'il le fallait, y compris leur Alpha arrogant.

Je le regardai s'avancer et ramasser mon débardeur noir avec délicatesse. Il le porta à son nez, et inspira lentement, les yeux fermés. Un léger sourire se dessina sur son visage charmeur. Lorsqu'il rouvrit les yeux, ils avaient changé de couleur. Ils étaient rouges, comme du sang.

NDA : N'hésitez pas à voter et à me dire ce que vous en pensez ;) xx.


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