Média: Kenzo
Je fumais tranquillement ma cigarette sur mon balcon, dans l'air frais du matin. Le ciel était dégagé et le soleil étalait ses rayons chauds sur le balcon. Je regardais Kayson City se réveiller et s'agiter. J'avais toujours aimé regarder cette ville que je connaissais si bien s'éveiller doucement les samedis matin. Je commençais à entendre les klaxons des voitures, les moteurs bruyants vombrir, je pouvais même percevoir les discussions des passants dans la rue d'en face. Je voyais un monsieur entrer dans la boulangerie du coin et en ressortir avec un donut, comme il le faisait habituellement. Je voyais la même vieille dame qui allait promener son bichon frisé tout les matins. Je sursautais lorsqu'il se mit à aboyer après un petit chat errant.
Je continuais à observer tout ce petit monde, quand soudain, mon regard s'arrêta sur un jeune homme qui me fixait. Il était immobile, au milieu du trottoir, et il me sembla aussitôt familier. Tout – son physique, sa posture, son expression – m'était trop familier. Un long frisson de terreur parcouru tout mon corps. Le ciel se couvrit soudainement de nuages sombres et lugubre, obscurcissant son visage. Ce garçon, c'était Kenzo.
Son expression était horrifiante, et son visage d'une pâleur extrême. Ses yeux qui me fixaient étaient entièrement noirs, vides et sans âme, enfoncés dans leurs orbites, au-dessus de lourds cernes violets. Je me mis à trembler de tout mon corps, terrifiée par son apparence. Les passants autour de lui ne semblaient pas s'en soucier. Je le vis soudain remuer lentement ses lèvres bleues. Je n'entendais pas ce qu'il disait, mais j'arrivais à lire sur ses lèvres : "Venges-toi".
Ma vision se troubla et mes oreilles se mirent à siffler. Je commençais à tituber, prise d'un étourdissement. Alors que ma vue se peuplait de milliers de points noirs, j'entendis un léger murmurre, à peine perceptible, se répéter en écho :
"Venges-toi..."
Je me révellai en sursaut, couverte de sueur froide. C'était encore un de ces cauchemars qui semblaient si réels. Je me redressai et sentis quelque chose couler de mon nez. C'était encore ce liquide noir étrange, je n'avais pas besoin de le vérifier, car il coulait de ma bouche ou de mon nez presque tous les jours, en petite quantité. Je me levai rapidement et allai dans ma salle de bain, et mis la tête au dessus du lavabo. Je regardai les gouttes noires tomber dans mon lavabo blanc, attendant pendant une dizaines de minutes que cela cesse. L'écoulement avait duré plus longtemps qu'avant.
Je pris une bonne douche fraîche, enfilai des vêtements propres puis allai me cuisiner des oeufs sur le plat et du bacon frit pour mon petit-déjeuner, mon rituel du samedi matin. Après, j'allai fumer une cigarette sur le balcon, en ragardant la rue d'en face s'animer. Un monsieur sortit de la boulangerie avec un donut dans les mains. La vieille dame promenai son bichon frisé. Le chien aperçut soudain un petit chat errant. Et il aboya.
Je me crispai. Tout se déroulait exactement comme dans mon cauchemar. Je tournai lentement la tête vers l'endroit où était censé se trouver Kenzo, mais soupirai de soulagement lorsque je vis qu'il était nulle part. Mais c'était quand même étrange que tout le reste se déroule comme dans mon cauchemar, comme une prédiction...ou peut-être était-ce juste une coïncidence.
Je terminai ma cigarette et décidai de me rendre dans ma forêt pour me dégourdir les "pattes".Ah oui, ma partie de forêt plutôt. Je ne savais pas vraiment quoi penser de cette trêve, je ne savais pas si Ethen se fichait de moi en imposant son règlement et le marquage; ou si il cherchait seulement à éviter d'attirer des problèmes dans sa meute. Je me demandais comment j'avais fait pour accepter cette stupide trêve, aulieu de me jeter sur l'Alpha pour en finir tout de suite. Peut-être que, malgré ma motivation de garder mon précieux territoire, j'avais très peu de chance de m'en sortir face à une dizaine de loups-garous expérimentés, ou plus.
Je garai ma moto à l'orée de la forêt, comme à mon habitude. Je marchai jusqu'à ma clairière, enfin, mon coté de la clairière. Je flairai aussitôt l'odeur forte de la meute rivale. Je me rapprochai du lieu de marquage, mais reculai d'un coup, écoeurée. La meute avait marqué son territoire"à la sauvage". En urinant.
- C'est comme ça que les loups marquent leur territoire, dit une voix malheureusement devenue trop familière.
Je vis Ethen émerger des arbres.
- Non, sans blague, grognai-je avec sarcarsme.
- J'ai remarqué, en arrivant ici avec ma meute, que tu n'avais jamais établi aucun marquage dans cette forêt. Faut pas s'étonner qu'on aie débarqué comme des touristes, si tu n'as pas émi un signal fort contre d'éventuels intrus.
- Et c'est quoi, ton signal fort contre "d'éventuels intrus", demandai-je en imitant les guillemets de mes doigts.
- Déjà, le marquage traditionnel et...ça.
Je vis ses yeux devenir rouges, puis il rejetai la tête en arrière et hurla, comme une vrai loup. J'entendis d'autres hurlements, appartenant au reste de la meute, se joindre au sien, provenant de plus loin. Lorsqu'ils cessèrent, je lançai à Ethen:
- Ouais, et donc ?
- Tu es si ignorante que ça ? Dit-il, visiblement surpris.
- Au cas où tu ne le saurais pas, j'ai été mordue il y a tout juste un an et demi, et durant ces un an et demi, je n'ai vu aucun loup-garou, j'ai dû me débrouiller toute seule, donc aulieu de juger, renseignes-toi un peu.
- Le hurlement que je vient d'émettre est un hurlement défensif, on le produit en écartant un peu plus les mâchoires, donc si tu écoutes bien, ça fait un son différent que celui du hurlement qui indique la position, répliqua l'Alpha. Tu veux que je te les fasse écouter ?
- Pourquoi tu me dis tout ça ? Tu veux m'aider ou quoi? Demandai-je d'un coup en fronçant les sourcils.
- Non, c'est juste que ça me désespère de voir à quel point tu ignores les "bases".
Je levai les yeux au ciel ensoupirant.
- Tu m'as l'air...irritée d'un coup, constata Ethen avec ironie. C'est moi qui te rends comme ça?
- Ah bon, tu crois? Répondis-je avec la même ironie, avant de tourner les talons pour me diriger vers les bois.
- Tu vas où? M'interpela à nouveau l'autre.
- Ça te regarde? Répliquai-je sèchement.
- C'est vrai que t'as essayé de te suicider?
Je me crispai et me tournai d'un bloc vers lui, surprise d'entendre ça.
- Qui t'as parlé de ça? Grondai-je.
- J'étais là quand l'autre fille t'a provoquée avec sa cigarette.
Je soupirai à nouveau, encore plus énervée. Pourquoi était-il toujours obligé de se mêler de mes affaires? Ah oui, c'est vrai, il "m'étudiait".
- Encore une fois, ça ne te regarde pas. Rien de ma vie ne te regarde. Occupes-toi du morceau de MA forêt que je t'ai laissé.
Je tournai à nouveau les talons sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, et m'enfonçai à l'abri des arbres.
VOUS LISEZ
Dark Wolf
WerewolfJade est une jeune louve-garou solitaire au sombre passé, sans famille ni amis, harcelée au lycée. Elle est froide, agressive et insociable depuis un accident surnaturel qui a tué tous ses amis, lui laissant la morsure qui l'a métamorphosée à jamais...