Chapitre 4

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Je dormais profondément quand ce réveil de malheur hurla dans mon oreille. Je grognai d'agacement et, la tête enfouie dans mon oreiller, tendis le bras pour chercher le bouton d'alarme à tâtons. J'appuyais dessus, mais ce foutu réveil ne voulait pas s'arrêter.Définitivement énervée, j'abattis mon poing dessus avec force, ce qui le brisa. Je me redressai sur mon lit en gémissant de désespoir et vis le réveil en plusieurs morceaux à mes pieds. Au moins, il avait arrêté de sonner. Je frottai mes yeux ensomeillés en baîllant et m'étirai. Je soupirai longuement, me rappelant que, aujourd'hui, c'était la rentrée. Jour de malheur.

J'allai dans la salle de bain en traînant les pieds et en grommelant des jurons. Je jetai un coup d'oeil au miroir et sursautai. J'étais toute blanche, et un liquide noir coulait de ma bouche, mes oreilles, mon nez, et mes yeux étaienttout noirs...Je battis des paupières, et cette vision disparu, pour laisser place à cette tête blasée aux grosses cernes surmontée d'une touffe de cheveux noirs emmêlés qu'était la mienne. J'haussai les épaules et entrepris de ressembler à quelque chose, au moins pour la rentrée.

Trentre minutes plus tard, je saississais mes clés de moto et quittais l'appartement, habillée d'un pantalon noir déchiré, d'un large t-shirt gris avec deux bandes noires sur chaque manche et d'une veste boomer noire. J'avaismes fidèles Dr Martens noires aux pieds et je portais un bonnet rouge bordeaux, la seule chose colorée que j'avais. Je m'étais maquillée d'un simple trait de crayon noir sous les yeux et d'une touche de mascara, même si personne ne faisait attention à moi au lycée, à part pour me lancer des pics, mais fallait pas exagérer.

Je démarrai ma moto et roulai pendant quinze minutes, jusqu'à aperçevoir au loin ce lycée de malheur, le Kayson High School. Je me garai dans le parking des deuxvroues et retirai mon casque. Il y avait pleins d'élève autour demoi qui discutaient en riant, des filles qui hurlaient de joie en se sautant dans les bras, quelques couples qui se mangeaient la bouche à n'en plus finir. J'en avais déjà marre de tout le monde. Je soupirai en posant mon antivol et essayai de quitter discrètement le parking, mais, grâce à mon ouïe surdéveloppée, j'entendis quelqu'un me remarquer.

- Regardez, y'a la Lunatique.

Je serrai les poings et passai mon chemin. Mais le pire était à venir. Dès que je quittai le parking pour arriver dans la cour principale, où se trouvaient deux bonnes centaines d'élèves. Je sentis des paire d'yeux me scruter peu à peu. Les remarques fusaient.

- Regarde, la Psychopathe est de retour.

- C'est pas l'aut'meuf chtarbée celle-là ?

- C'est la Lunatique.

- C'est qui celle-là ? Elle est cheloue.

- C'est Jade Wu, alias la chin'tok Psychopathe.

- Elle a tué tous ses amis, un soir de pleine lune, pendant qu'ils campaient dans la forêt.

- Et elle a dit à la police qu'ils s'étaient fait attaqués par une créature imaginaire.

- Elle est folle !

- Elle a tué Léna.

Je tournai vivement la tête, reconnaissant cette voix fausse que je détestais. Celle de Jack, l'ancien petit-ami de Léna, une des victimes de ce soir-là. Il m'avait harcelée et tabassée l'année dernière, sous les rires moqueurs de sa bande d'amis, jusqu'à ce que mon genou ne rencontre son entre-jambes et que mon poing atterrisse dans son nez. Il n'avait plus jamais osé me toucher depuis, mais continuait à me lancer des piques.

Il me regardait à présent avec haine, sa bande d'amis autour de lui.

- Je ne l'ai pas tuée, dis-je calmement, c'était mon amie, à moi aussi.

- Apprends à mentir, sale tueuse, cracha Jack.

- Tu fais pitié, pauv'tarée ! Rajouta une fille dont le visage était couvert d'une épaisse couche de fond de teint.

- Ta gueule, le pot de peinture, je lançai d'une voix cassante.

Elle me regarda avec de grandsyeux, outrée, ses lèvres pulpeuses serrées.

- Ouuh, c'était violent ça, commenta un garçon.

Le "pot de peinture"ouvrit la bouche pour riposter, mais elle fut interrompue par le bruit strident d'un micro mal réglé. Tout le monde se boucha les oreilles en grognant jusqu'à ce que le bruit cesse.

- Bonjour à tous, jeunes lycéens, dit une voix grasse dans un micro.

C'était le directeur du lycée,un grand monsieur rondelet, Mr.Helknot, qui était debout sur une estrade au bout de la cour. Il y avait six professeurs à ses cotés, les profs principaux des futures classes. Le directeur entama un discours interminable sur le programme de l'année, les sorties prévues et les examins qui nous attendaient en juin.

Soudain, alors que mon esprit divaguait de ce discours ennuyeux, le vent se leva et souffla dans mon dos, m'apportant une odeur forte et musquée familière, que seule moi pouvait flairer. C'était l'odeur d'un loup-garou. Elle provenait de derrière. Je me retournai et maudit ma petite taille,car je ne voyais que les bustes imposants des garçons de la bande à Jack. Je me hissai sur la pointe des pieds, ignorant les regards incompréhensifs des autres, et parcourus la foule du regard. Mes yeux s'arrêtèrent sur des prunelles sombres aux reflets rouges. Mon coeur rata un battement. C'était lui. L'Alpha qui m'avait volé mon territoire. Il me regardait intensément, d'un regard indéchiffrable. Il fit un sourire en coin, qui lui creusa une fossette parfaite dans la joue. Il m'avait repérée, malgré le fait qu'il ne m'avait jamais vu humaine. J'étais, proprement dit, dans la merde profonde. Je maudis le fait que je ne savais pas cacher mon aura. Le vent tourna, et je sentis une multitude d'odeurs similaires à la sienne, moins imposantes. Je tournai la tête dans tous les sens, et je rencontrai une dizaine de prunelles ambres, vertes émeraudes, bleues scintillantes et dorées rivées sur moi. J'étais encerclée à présent, par des Bêtas et un Omega, celui qui était au rang le plus bas dans la meute. J'étais encerclée par la meute qui voulait mon territoire. Et tous m'avaient repérée.

Dark WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant