Chapitre 18

2.7K 242 22
                                    

Je passai les cinq jours suivants sans la présence d'Adyson à l'appartement. J'avais insisté pour qu'elle rejoigne sa meute, lui assurant que mes blessures étaient guéries, ce qui était totalement faux. Je n'osais pas lui dire qu'avoir une présence rivale qui s'occupait de moi me perturbait, malgré le fait qu'Adyson était une fille sympatique. Je préférais toujours la solitude. De plus, ce qu'il s'était passé entre Ethen et moi me donnait envie de me couper de tout ce qui le concernait, y compris d'Adyson. Je n'arrivais toujours pas à réaliser à quel point l'Alpha et moi étions proches. Cette scène se répétait malgré moi en boucle dans mon esprit. D'un coté, mon coté renfermé et froid, je détestais ce comportement d'Ethen et en était écoeurée. De l'autre, mon coté instinctif de louve, je l'adorais. Oui, une partie de moi avait adoré ce rapprochement. J'étais donc à présent écartelée entre le dégoût et le...comment pouvais-je appeler ça ?

Lorsque j'étais au lycée, j'évitais soigneusement Jessica, Jack et leur bande, ainsi que toute la meute d'Ethen, mais c'était celui-ci qui était le plus difficile à éviter. À chaque cours il s'asseyait le plus proche de moi, sans pour autant se mettre à coté de moi, et il me fixait, sans prêter attention au cours, parfois il essayait de me parler. Même durant les pauses, je sentais son regard insistant sur moi en permanence. Le mercredi matin, juste avant nos heures de retenues, il tenta de s'assoir à coté de moi en classe de mathématiques. Je le stoppai direct d'une voix sèche:

- Euh, tu fais quoi là ?

- Ben, je m'assois à tes cotés, dit-il avec un de ses habituels sourires ironiques.

Je soupirai, agacée.

- Ecoute, je ne sais pas pourquoi tu m'as harcelé du regard toute la semaine, ou si c'est pour "m'étudier" ou je ne sais quoi, mais arrêtes. Juste arrêtes. Tu me saoules. Va embêter quelqu'un d'autre.

- Ok..., souffla-t-il en levant les mains avec innocence, gardant le même sourire idiot.

Il finit par se mettre à l'autre bout de la classe et dragua sa voisine pulpeuse durant tout le cours. Cette fois ce fut moi qui le fixa. Je le voyais faire des sourires charmeurs et des regards séduisants, ce qui faisait clairement craquer la blonde à ses cotés, qui rougissait en riant à chaque fois qu'il disait quelque chose. Je n'arrivai pas à le quitter des yeux, comme si ceux-cis étaient déterminés à rester collés sur son visage. Dès qu'il se rapprochait de sa voisine, je sentais mon coté louve s'agiter et s'énerver. Tandis que la sonnerie annonçant la fin de la matinée retentissait, je la vis embrasser bruyamment la joue du jeune homme. Je ne comprenais pas pourquoi, j'avais envie d'aller massacrer la jeune fille. Pourtant, j'en avais rien à faire d'Ethen et de sa nouvelle Barbie. Enfin, presque rien à faire.

Je quittais la classe à grands pas, décidée de m'éloigner le plus possible de l'Alpha, énervée malgré moi.

Après le repas du midi, je quittais le réfectoire et me rendis directement à la salle de retenue. Il n'y avait que le directeur qui m'attendait moi et les autres. J'étais la première.

- Va t'asseoir, Jade, en attendant les autres, m'ordonna-t-il.

Je m'exécutai, tandis que Jack entrait, suivi de Jessica, qui mâchonnait bruyamment un chewing-gum avec nonchalance. Tous deux me lancèrent des regards emplis de haine, avant de s'asseoir devant moi. Ce fut Ethen qui arriva en dernier, une grosse trace de rouge à lèvres rose sur la joue. Je serrai les poings, sentant l'odeur sucrée de sa voisine sur lui, ce qui rendit ma louve hors d'elle. "Calmes-toi, bon sang ! Qu'est-ce qui te prends?" lui disais-je intérieurement. Il voulut s'asseoir à coté de moi, mais s'abstint juste à temps et se mit derrière moi.

- Il est treize heures quarante, déclara le directeur, vous pourrez donc sortir dans trois heures, à seize heures quarante. Je veux que cette salle reste dans l'état qu'elle est en ce moment. Si le surveillant me rapporte une quelconque violence à la fin, vous resterez trois heures de plus, un par salle. Est-ce clair ?

- Oui, dis-je ainsi que les autres.

- Bien.

Il quitta la salle, les mains derrière le dos, laissant place à un grand surveillant maigrichon, qui s'installa sans un mot au bureau pour commencer à bouquiner. Le silence s'installa, on entendait seulement de temps en temps le bruit des pages qui se tournaient dans la lecture du surveillant. Jessica se retourna vers moi avec un sourire faux, mastiquant bruyament son chewing-gum, et commença à faire crisser des faux-ongles roses fushia sur son bureau, m'énervant encore plus.

- Alors, quoi de neuf la tarée ? Lâcha-t-elle d'une voix suave.

- Fait attention, tu vas te casser un ongle, dis-je d'un ton froid. Et, ferme ta bouche, ce serait bête que tu te coinces la mâchoire tellement que tu la garde grande ouverte.

- Pardon ? S'écria-t-elle en se levant d'un coup pour s'appuyer sur ma table, rouge de frustration. Répète ça pour voir !

- On se calme, les filles, ordonna le surveillant d'un ton mou.

J'ignorai celui-ci et me leva de ma chaise à mon tour, mon visage à quelques centimètres seulement de celui de Jessica. Je lui soufflai lentement, détachant chaque mot en articulant :

- Ferme. Ta. Bouche.

Je vis ses yeux s'arrondir et son visage devenir plus rouge encore, mais alors qu'elle allait répliquer, le surveillant se leva d'un bond et cria :

- Vous voulez que j'aille chercher le directeur, peut-être ?

- Nan, vous n'avez pas à le faire, on va s'calmer, dis-je d'une voix monotone sans détourner Jessica des yeux.

Elle soutint mon regard froid quelques instant, puis céda et retourna s'asseoir, ses lèvres couvertes de gloss serrées. Je m'assis à mon tour, jetant un coup d'oeil à Ethen, qui nous avait observé durant tout ce temps.

Les trois heures d'ennui total passèrent enfin. Je quittais le lycée en poussant un soupir de soulagement, et me rendis dans la partie de ma forêt pour me dégourdir les pattes passer quelques heures à me consacrer à la chasse. Lorsque je passai à coté de la frontière, je vis plusieurs membres de la meute d'Ethen s'affairer, à fouiller le sol avec des bâtons. Je vis l'Alpha discuter à voix basse avec un loup-garou inconnu. Il s'interrompit dès qu'il me vit pour me fixer d'un regard indéchiffrable. L'inconnu leva à son tour ses yeux bleus vers moi et me regarda avec curiosité, avant de me sourire. Ethen dû le remarquer car il lui donna un petit coup de coude pour ensuite lui souffler quelque chose à l'oreille. Je finis par passer mon chemin, exaspérée.

Ce ne fut que lorsque la nuit tomba que je décidai je rentrer à l'appartement. Je m'écroulai dans mon canapé, allumai la télévision, zappai toute les chaînes pour au final l'éteindre, ne trouvant rien d'intéressant à regarder. Je me mis à fixer l'écran noir, les yeux dans le vague, pensant au regard pénétrant d'Ethen et au sourire étrange de l'inconnu aux yeux bleus. Il m'avait souri comme si il me connaissait.

Soudain, un crissement aïgu me vrilla les tympans, suivi de rires lointains. Je ne bougeai pas d'un poil, incrédule, quand soudain j'entendis une voix qui provenait de l'extérieur :

- La tarée !

Les crissement continuèrent. Je compris aussitôt. Prise d'un mélange de peur et de colère, je me levai d'un bon, sortis en trombe de l'appartement sans même refermer la porte derrière moi et dévalai furieusement les escaliers. Je priai intérieurement pour pas que ça ne soit ce dont je doutais. Je fonçai dans la porte de l'immeuble, et ce que je vis devant moi fit monter un rage sans nom. De l'autre coté de la rue, là où se trouvait le petit parking de l'immeuble, Jessica, un petit couteau à la main, gravait quelque chose sur ma moto. Je hurlai, d'une voix que je ne reconnus même pas :

- Je vais te tuer sale garce !

Jessica releva la tête et sourit. Me fichant complètement qu'elle me voie, mes griffes et mes crocs sortirent d'eux-même, et, poussant un cri de rage inhumain, courus vers elle. Mais, en traversant la rue, aveuglée par la colère, je ne vis pas ce qui m'attendait. J'entendis un moteur vombrir, et des phares de voiture m'aveuglèrent. Je me protégeais instinctivement les yeux de la main, et une voiture me percuta violemment en plein fouet. Avant que je ne puisse réagir, un crissement de pneus retentit et je fus projetée en avant. Ma tête se cogna brutalement contre le bitume, et ce fut le noir complet.

Dark WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant