Dark Wolf

Chapitre 12

J'hurlai en tenant ma cheville ensanglantée. Un piège à loup s'était refermé sur celle-ci. La douleur était intolérable, les mâchoires de fer tailladaient ma chair jusqu'à l'os. Je criai jusqu'à m'en arracher la gorge, j'avais si mal que j'en pleurais. Je glissai mes doigts dans la fente entre les deux mâchoires et tentai de les écarter, mais je n'avais pas assez de force et je ne réussi qu'à me faire encore plus mal. Je serrai les dents et gémis, la respiration saccadée. J'étais seule, personne ne pouvait m'aider. Du moins, je croyais.

À travers mes larmes, je vis une silhouette masculine s'approcher de moi. D'abord, je crus que c'était l'inconnu que je poursuivais, mais je m'essuyai les yeux et vis Ethen accroupi devant moi, le mine inquiète.

- Que...qu'est-ce que tu fiches ici ? Soufflai-je.

- Je t'ai entendue crier, donc me voilà.

Il se pencha vers ma cheville blessé et regarda le mécanisme du piège.

- Je pense qu'il faut déserrer les mâchoires, dit-il.

- Nan, tu crois ?

- C'est fou, même en cas de souffrance extrême, tu ne perds pas ton amabilité habituelle, sourit-il avec ironie.

- En effet. Allez...tais-toi et aides-moi, grondai-je les dents serrées.

Il glissa à son tour ses doigts dans les mécanismes et essaya de les écarter. Il réussi un peu plus que moi, mais il finit par lâcher, les doigts couverts de petites coupures. Les mâchoires se rerefermèrent sur ma cheville, provoquant une autre douleur déchirante. Je criai à nouveau. Je merendis compte qu'Ethen me regardait étrangement.

- Jade...tes larmes et ton sang..., murmurra-t-il avec un air choqué.

- Quoi...?

Je baissai les yeux vers ma cheville et me rendis compte que le sang qui s'y écoulait était noir, comme dans mes cauchemars. J'essuyais mes larmes du dos de la main et vis qu'elles étaient noires aussi.

- ça...ça n'a pas d'importance pour l'instant, déclarai-je. Il faut absolument me retirer ce truc, ça me fait trop mal !

Il doit bien avoir un mécanisme sur ce piège...,murmurra Ethen avant d'écarter les feuilles et les brindilles autour du piège.

Il observa minutieusementl'objet en fer.

- Ah ! Dit-il soudain. J'ai trouvé une sorte de poignée...mais je ne sais pas à quoi ça sert.

- On peut essayer de la tourner, suggérai-je.

- Tu es sûre ? Et si ça resserrait les mâchoires au lieu de les écarter ?

Il me regarda dans les yeux,qui reflètaient l'inquiétude. Il était inquiet pour moi. Je lui fis comprendre du regard qu'il pouvait essayer. Il posa alors sa main sur la poignée, et je fermai les yeux, me préparant au pire, quand soudain, une voix nous interrompit.

- A votre place, je ne risquerais pas ça.

Je levai la tête et vit Adyson. Elle avait mauvaise mine, ses yeux était gonflés et fatigués, comme si elle venait de pleurer. Elle évitait soigneusement Ethen du regard.

- Pourquoi ? Demanda celui-ci après une hésitation. Tu sais comment libérer Jade ?

Ady l'ignora et s'accroupi à coté de moi, en fixant ma cheville prise dans les mâchoires.

- Il faut les déserrer jusqu'à ce qu'elles soient assez écartées pour que tu puisses retirer ton pied, dit-elle. On devrait y arriver, à deux.

- A trois, rectifia Ethen. Je suis là, moi aussi.

La rouquine l'ignora encore une fois. Elle plaça ses mains sur une mâchoire, prête à tirer. Je plaçai les même de la même façon en grimaçant de douleur, puis Ethen fit de même.

- A trois, soupira Adyson. Un...deux...trois.

Nous tirâmes tous en même temps de toutes nos forces. Les mâchoires s'écartèrent un peu plus, mais toujours pas assez.

- Encore !

Nous essayâmes de tirer plus, mais les mâchoires menaçaient de se refermer. J'étais couverte de sueur, je sentais mes doigts commencer à glisser.

- Non ! Grognai-je.

Il était hors de question que le piège se referme à nouveau. Pendant un instant, je maudis celui qui l'avait posé là. Adyson gémis d'effort à coté de moi, je voyais ses doigts saigner et glisser. Le piège allait se refermer.

- Non ! Grognai-je à nouveau.

Soudain, je sentis une bouffée d'adrénaline et de colère m'envahir. J'empoignai les deux mâchoires à moi toute seule en poussant les mains d'Ethen et d'Adyson, et hurlai d'efforts en écartant les mâchoires. J'entendis un bruit sec et sonore, et ma cheville fut libérée. Haletante, je me rendis compte que deux autres me fixaient d'un air effrayé.

- Quoi ? On a réussi ! M'exclamai-je.

- Non...tu as réussi, seule, rectifia Ethen. Regarde...

Je baissai les yeux et me rendis compte j'avais quasiment arraché les deux mâchoires des deux mains. C'était impossible que j'avais arraché ces mâchoires en fer toute seule.

- Dites-moi ce qu'il y a, ordonnai-je en voyant les mines décomposées d'Ethen et Adyson.

- Tu ne t'en ai même pas rendue compte ? Souffla Adyson. Ton hurlement...il était inhumain, ce n'était même pas un hurlement de loup. Il était...terrifiant. Ça m'a fichu la chair de poule. Ça a résonné dans toute la forêt, j'ai entendu tous les animaux des alentours s'enfuir en courant, je flaire encore leur peur. Et quand un animal sauvage s'enfuit d'un coup par peur, c'est pas bon.

- Mais il n'y a pas que ça..., ajouta Ethen. Tes yeux...pendant un instant, ils étaient horribles...entièrement noirs.

Je sentis un frisson froid me parcourir. C'était comme dans mon cauchemar. Je regardai vivement autour de moi, en proie à un mauvais pressentiment. J'avais peur. Chose qui m'arrivait presque jamais.

- Jade...tout va bien ? Demanda Adyson avec inquiétude en voyant ma mine effrayée.

- Ou...oui, mentis-je.

- Non, ça va pas, dit Ethen. Jade...ton nez.

Je m'essuyai le nez du dos de la main. Il y avait ce liquide noir. Encore.

- C'est rien, répliquai-je, ça m'arrive souvent.

Je me levai vivement pour le leur prouver, mais gémis de douleur en m'appuyant sur ma cheville ensanglantée et m'appuyai contre un arbre en haletant. Adyson se leva à son tour, suivie d'Ethen, et elle plaça mon bras sur ses épaules pour que je puisse marcher.

- Je vais t'aider à rentrer chez toi, tu vas jamais y arriver seule. Tu as perdu beaucoup de sang, tu dois te reposer. Tes parents sont chez toi ?

Je me crispai. Ça faisait un bon bout de temps qu'on ne m'avait pas parlé de mes parents.

- Je n'ai pas de parents, dit-je d'une voix monotone. Je suis seule chez moi.

- Oh...désolée, souffla Ady, je ne savais pas.

Puis elle s'adressa d'un ton sec à Ethen, sans même le regarder dans les yeux :

- Je vais rester avec elle le temps qu'il faudra. Même si ça prend plusieurs jours.

- Mais...on a besoin de toi, Adyson, protesta Ethen. Tu es la seule rabatteuse en chasse groupée.

- Vous survivrez bien sans moi pendant quelques jours, c'est pas comme si personne pouvait me remplacer.

 Elle lui jeta ensuite un regard noir, comme si ses paroles avaient de lourds sous-entendus. La mâchoire d'Ethen se contracta, illustrant les efforts mentaux qu'il faisait pour sembler indifférent. J'étais définitivement sûre qu'il s'étaient disputés.