Chapitre 6

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Media: Adyson

- Salut !

Je redressai la tête de mon plateau-repas en entendant cette voix féminine et claire, mâchonnant une bouchée de steak haché trop cuit. Je m'étais assise tout au fond du réfectoire, dans un coin isolé, comme à mon habitude. Une jeune fille se tenait debout à coté de moi, un sourire chaleureux aux lèvres. Je sentis à son odeur que c'était une louve de la meute d'Ethen. Je ne lui répondis pas, me demandant ce qu'elle pouvait bien me vouloir.

- Tu t'appelles Jade, c'est ça? Ajouta-t-elle, un peu hésitante.

J'hochai la tête en avalant ma bouchée. La fille avait les cheveux ondulés, blonds vénitiens, le visage fin, les joues lisses et roses et les yeux verts limpides, avec quelques touches dorées. Je me souvins aussitôt d'elle. C'était la louve grise aux yeux dorés qui avait chassé aux cotés d'Ethen, l'avant-veille. Elle était jolie. Elle n'était pas comme ces autres filles vulgaires au visage couvert de maquillage et au décolleté profond. Elle était habillée et maquillée simplement, jolie naturellement.

- Moi, c'est Adyson. Mais...on m'appelle Ady.

- Pourquoi est-ce que tu viens parler à une fille comme moi? Lui demandai-je malgré moi.

Elle me regarda avec de grands yeux, interloquée. Elle semblait mal à l'aise, tout à coup.

- Euh...Comment ça?

- Ben...il y a des rumeurs inquiétantes qui disent que j'ai tué tous mes amis un soir de pleine lune...et je te rappelle que ta meute est en train de me chasser de mon territoire...Avec ce contexte, je trouve un peu étrange qu'une rivale vienne sympathiser avec moi.

Adyson me fixa d'un regard indéchiffrable. Puis elle rejeta la tête en arrière et éclata d'un rire joyeux. Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas cette réaction. Une fois qu'elle eut terminé sa petit crise de rire, elle se racla la gorge et planta ses yeux dans les miens d'un air sérieux.

- J'en ai rien à faire de ce qu'on dit sur toi, ni de comment ma meute te considère. Je te parle si j'en ai envie, je peux me faire ma propre opinion de toi. Après tout, peut-être qu'au fond, t'es quequ'un de bien...

- Ady ! Qu'est-ce que tu fiches ? L'interrompit une voix qui, malheureusement, commençait à être familière...

Ethen et toute sa meutevenaient de s'installer deux tables plus loin. Adyson se retourna etrougit en voyant son Alpha.

- Comme tu le vois, j'essaye de me faire quelques amies, lui répondit-elle avec sarcasme en souriant.

- Viens avec nous ! Lui ordonna presque Ethen.

- Nan ! Je fais ce que je veux, monsieur l'Alpha ! Le taquina Ady.

Puis elle se retourna vers moi, feignant l'insolence envers son supérieur. Celui-ci se mordit la lèvre, et, en souriant, s'avança à grands pas vers la jeune fille. Il l'attrapa brusquement par la taille et la balança pour la porter sur son épaule. Elle poussa un petit cri et se retrouva la tête en bas et les fesses en l'air, puis elle rit tandis qu'Ethen retournait vers sa table où toute la meute s'esclaffait. Il la posa sur une chaise à coté de lui et elle fit mine de bouder, les bras croisés. Il rigola et lui posa un baiser sur la tempe. Ady rougit encore plus et fit un grand sourire, ravie.

Toutes les filles du réfectoire étaient tournées vers eux, jalouses d'Adyson. On voyait bien qu'elle était amoureuse d'Ethen, et j'étais presque sûre qu'il le savait parfaitement et qu'il en était fier. Pourtant, il semblait ne pouvoir l'accepter qu'en tant qu'amie.

Je me rendis compte qu'Ethen me fixait bizarrement et baissai les yeux vers mon assiette. Une bouffée de nostalgie m'envahit soudain : la complicité entre Ethen et Adyson était quasiment celle que j'avais eue avec Kenzo auparavant...Mon coeur se serra à la pensée de mon meilleur ami défunt.

Je remarquai soudain qu'il y avait une goutte noire dans mon assiette, puis deux. Je sentis quelque chose de chaud et amer sur la langue et m'essuyai les lèvres avec ma serviette. C'était encore ce mystérieux liquide noir.

***

La sonnerie annonçant la fin des cours retentit enfin. Je sortis rapidement de la classe, désirant m'éloigner le plus vite possible d'Ethen, qui n'avait pas arrêté de me fixer étrangement durant toute la journée.

- Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça? Lui avait-je lancé froidement au bout d'un moment.

- Je ne te regarde pas, avait tranquillement répondu l'Alpha, je t'étudie.

- Ah ouais? Tu peux pas "étudier" quelqu'un d'autre? La fille avec les gros seins qui te fait de l'oeil depuis ce matin, par exemple? Avait-je répondu d'un ton sec.

Il avait souri d'un air ravi, faisant rougeoyer ses yeux, ce qui le rendait encore plus séduisant.

- Avoue, t'adore ça.

J'avais avalé ma salive de travers, provocant une quinte de toux exagérée. Le professeur, inquiet, avait même proposé que j'aille boire un verre d'eau. Ethen, lui, s'était ouvertement foutu de moi avec un sourire moqueur. Puis ça avait enfin sonné.

Je sentis sa présence derrière moi.

- Où tu vas comme ça? Ne crois pas que je vais arrêter de t'étudier, je vais continuer, que ça te plaise ou non. Enfin, je sais que ça te plaît...

- Je ne pensais pas que ton niveau de narcissisme était haut à ce point, Ethen, dis-je.

- Et moi, je ne pensais pas que ton niveau de faiblesse était aussi haut, chérie.

Je me retournai d'un bloc, plus agacée par le surnom qu'il venait de me donner que par ce qu'il m'avait rabachée.

- Premièrement, je ne suis pas aussi faible que tu ne pourrais le croire, je te le prouverais, deuxièmement, d'où te permets-tu de me surnommer "chérie"? lâchai-je.

- Premièrement, le fait de fuir lâchement son propre territoire au lieu de le défendre, c'est de la pure faiblesse, et deuxièmement je te surnommes comme je veux et quand je veux, car je sais que tu es trop faible pour m'en empêcher, chérie.

Je serrai les poings, énervée.Je sentis mes griffes sortir et se planter dans mes paumes, mais je ne devais pas desserrer les poings, sinon j'allais réduire Ethen en lambeaux. Je sentis mes yeux s'illuminer, mais j'inspirai un bon coup et redevint normale. Et lui, il souriait encore. Il était content de m'avoir énervée. Alors je m'approchai de lui, me hissai sur la pointe des pieds jusqu'à ce que mes lèvres soient au niveau de son oreille, jusqu'à ce que je sente son parfum fort à pleines narines. Son sourire s'évanouit.

- Tu as de la chance qu'on soit en publique, Ethen. Mais tu verras, un jour, on s'affrontera, seul à seul, et on verra comment tu t'en sors, sans ta meute. On verra si je suis toujours aussi faible que tu le dis, murmurrai-je à son oreille.

Sans attendre de réponse, je tournai les talons et me fondis dans la foule d'élèves.

Dark WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant