Chapitre 16: Stay

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Press your hands against mine
Tell me what you know
Share your secrets with me
I won't tell nobody


J'avais peur. Cela faisait trois semaines que Jane était morte, trois semaines que le meurtrier n'avait pas été retrouvé et trois semaines que le nombre de morts augmentait dans la ville. C'était tous des adolescents et il y avait toujours ce liquide argenté sur les lieux du crime. Jusqu'à maintenant, on pouvait compter cinq morts, tous du lycée, deux d'entre eux avaient perdu la vie entre ces murs. Les autorités ne savaient plus quoi faire, de nombreuses mesures de sécurité avaient été prises mais rien n'arrêtait le monstre. Une atmosphère de terreur régnait dans le lycée, nous étions tous horrifiés par une seule et même idée, être le prochain. Le tueur semblait s'attaquer à n'importer qui, les victimes n'avaient pas l'air de partager de quelconques points communs. Personne n'était en sécurité et ça, tout le monde le savait. Je me posais de nombreuses questions à propos du meurtrier, ou des meurtriers, ils étaient peut-être plusieurs, mais comment savoir ? Cette situation, aussi inquiétante qu'elle pouvait être n'avait, pourtant, pas l'air d'effrayer quelqu'un et cette personne n'était autre que Théo. Il était étrange, il était toujours étrange, mais il était différent ces dernières semaines. Il me cachait quelque chose, bien sûr, on cachait toujours des choses, je n'étais pas un livre ouvert pour Théo et il n'en était pas un pour moi. Mais ce secret qu'il gardait, affectait notre relation. J'avais l'impression qu'il s'éloignait de moi, parfois, il disparaissait du lycée sans prévenir ou ne venait pas du tout, ou alors il me donnait rendez-vous quelque part et ne venais jamais. Évidemment, étant moi, je m'étais dit que cela passerait, mais ce n'était pas le cas. Je savais que notre histoire n'allait pas tenir bien longtemps, pourtant, je ne faisais que redouter l'instant où il me l'annoncerait.


Théo

La chimère était épuisée, mentalement et physiquement. Il avait passé les dernières semaines à essayer d'entrer en contact avec les « Médecins de l'Horreur » mais cette tâche qui lui avait d'abord paru simple, était bien plus compliquée qu'il ne l'avait imaginé. Mais après son dur labeur, il les avait enfin trouvés. Du moins, il avait trouvé leur repère. Les « Médecins de l'Horreur », s'étaient installé dans une vieille usine désaffectée dans un endroit très isolé de la ville. Le garçon était déterminé, il ne quitterait pas cette vieille usine avant de leur avoir parlé. Il avait déjà sacrifié trop de choses pour eux, sa relation avec [Prénom] en souffrait et cela contrariait beaucoup la chimère. Donc, il attendait, adossé au mur en face de la table d'opération, où cinq chimères avaient déjà été. La pièce était sombre et une horrible odeur de moisi et de sang emplissait les narines de la chimère qui n'avait pour seule compagnie que « Der Soldat » et le bruit du silence.

Théo était à présent assis par terre, cela faisait plusieurs heures qu'il attendait et commençait petit à petit à perdre espoir, lorsqu'un bruit sourd le ramena à ses sens. La pièce sombre, s'éclaircit pendant une fraction de seconde et la lumière se mit à vaciller. Théo se releva instantanément, ils étaient là. En face de lui se tenait ses trois créateurs, ils n'avaient pas changé, même tenue, même masque, similaire à leur première rencontre avec Théo, alors seulement âgé de neuf ans. Les trois scientifiques ne dirent rien, ils contournèrent la chimère qui semblait invisible. Théo, habitué à leur caractère froid et distant, similaire au siens, prit la parole.

- Je vous ai cherché pendant trois semaines.

Les Docteurs ne réagirent pas, mais ils n'avaient pas besoin, car Théo continuerait de parler.

- Et ça a été tous sauf facile. Mais peu importe. J'ai besoin de vous.

L'un d'entre eux saisit une seringue remplie d'un liquide verdâtre et se l'injecta doucement dans son avant-bras gauche.

- Je veux une meute, lâcha la chimère, d'une voix puissante.

Ils s'arrêtèrent et se retournèrent afin de faire face à Théo.

- Tu n'as pas besoin d'une meute, dit le plus grand d'une voix robotique et forte.
- Si, j'en ai besoin et vous allez me la donner, insista le garçon, confiant.

Les Docteurs se remirent à ignorer Théo comme s'il avait soudainement perdu tout intérêt à leurs yeux.

- Je veux juste quelques chimères, expliqua-t-il, me donner une meute est dans votre intérêt. Vous aurez plus de personnes sur qui faire vos expériences et je ne vous embêterai plus, au contraire, je peux vous aider.

Ils ne dirent rien, mais Théo savait qu'ils réfléchissaient à sa requête. L'un d'entre eux prit finalement la parole.

- Patience.

La chimère sut qu'il ne devait pas insister, il leur lança un dernier regard avant de s'en aller. Mais Théo était tout sauf patient.

Théo avait fait part de sa proposition aux Docteurs, mais il n'était pas satisfait. Il détestait qu'on le fasse attendre, mais il savait qu'il n'avait pas le choix. Il avait besoin de quelque chose pour le calmer. La chimère pensa automatiquement à [Prénom]. Il était vingt-trois heures, elle dormait à cette heure-ci, il irait la voir.


[Prénom]

J'étais dans mon lit et dormais paisiblement, du moins jusqu'à ce que Théo me réveille. Cet idiot s'était glissé dans mon lit sans que je le sache. Il était allongé derrière moi, son torse contre mon dos et s'amusait à couvrir mon cou de baisers pendant que j'essayais, en vain, d'ignorer son existence. Le garçon savait que j'étais réveillée, il attrapa donc doucement mon bras gauche et me retourna, je luttais afin de lui faire comprendre que je préférais dormir, mais Théo étant Théo n'en fit qu'à sa tête et je me retrouvais bientôt allongé sur le dos. Il s'allongea ensuite sur moi, il me sourit comme pour s'excuser du dérangement avant de m'embrasser sur les lèvres. Je fis d'abord mine de le repousser, mais il savait que j'avais autant envie de lui qu'il avait envie de moi. Théo redéposa ses lèvres sur les miennes et me fit comprendre qu'il voulait un peu plus que des baisers. Je poussais un soupir, il voulait toujours plus que des baisers. Je l'attrapais et le retournais de sorte à ce que je sois sur lui, assise à califourchon. Je l'embrassais passionnément pendant qu'il me caressait doucement le bas du dos, bientôt, ce fut moi qui le caressais, dans une zone des plus agréable et il ne tarda pas à me rendre la faveur, avec plaisir.
Après ces quelques minutes d'amusement, je décidais de prendre la parole.

- Tu comptes me réveiller encore combien de fois pour ça ?

Théo rit.

- Pour ça ? Il y a quelques minutes, tu m'as clairement fait comprendre que tu voulais que je continue, dit-il avec un sourire malicieux.

Je ne dis rien et le frappai avec un coussin à la place.

- Tu es un idiot, Théo Raeken.
- Mais c'est exactement pour ça que tu m'aimes, ajouta-t-il avec un sourire.
- Et toi pourquoi tu m'aimes ? demandais-je plus sérieusement.
- Parce que... tu me fais ressentir, répondit Théo en me regardant droit dans les yeux.
- Ah oui ? Parce que, j'espère que tu sais que chauffer quelqu'un ce n'est pas le faire ressentir, lâchais-je, plus froidement que j'aurais dû.

Théo ne dit rien pendant quelques secondes, je le regardais, lorsqu'il se décida à me répondre.

- Je sais, c'est pour ça que je t'aime. J'espère que, toi, tu sais que notre relation ne tourne pas autour de ce qu'on fait dans ce lit.
- Ben, j'en sais rien, j'ai un peu eu cette impression, admis-je. J'ai rien contre, mais c'est juste que je ne veux pas que tu te sentes obligé de faire semblant de ressentir quelque chose que tu ne ressens pas.
- [Prénom], je passe ma vie à faire semblant d'être quelqu'un que je ne suis pas. Et je sais que j'ai été étrange, ces dernier temps, mais il y a une explication, alors je t'en prie, ne dis pas ça, parce qu'avec toi, je ne fais pas semblant, dit-il suppliant.
- C'est quoi l'explication ?

Théo hésita avant de me répondre, il n'y avait aucun doute, il me cachait clairement quelque chose d'important.

- Je ne peux pas t'expliquer maintenant, mais je le ferais, promis.

Je soupirais. Avais-je le choix ?

Limerence ~ Theo RaekenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant