Limerence ~ Theo Raeken

Chapitre 25: Technicolour Beat

And I feel life for the very first time
Love in my arms and the sun in my eyes
I feel safe in the 5am light
You carry my fears as the heavens set fire 

Le souvenir d'Addison me hantait tel un fantôme. Il m'arrivait souvent d'entendre le son de sa voix, ou de l'entrevoir parmi la foule dans les couloirs du lycée. J'avais même commencé à croire aux fantômes, si les loups-garous existaient pourquoi pas les esprits ? Elle me manquait terriblement, elle me manquerait toujours, elle avait été une part si importante de ma vie. Je me remémorais tous les moments passés à ses côtés, les rires, beaucoup de rire, les larmes, les longues nuits passées à discuter de la vie et tous ces bons souvenirs que l'on ne pouvait oublier. J'avais fini par me faire une raison, Addison ne reviendrait pas, elle était morte et je ne pouvais pas me laisser mourir avec elle. Je devais vivre pour elle, je lui devais bien ça, si j'avais été à sa place, j'aurais voulu qu'elle continue sa vie, sans moi, qu'elle rit et pleure avec d'autre. Ça allait être difficile, très difficile, mais je n'étais pas seule, mes amis, ma famille et Théo étaient toujours là. Je devais continuer de vivre pour eux, pour Addison et pour moi-même.

Ce soir, Théo et moi avions décidé d'aller faire un petit tour en ville, à vrai dire, c'était mon idée. J'avais un peu mise notre relation de côté ces derniers temps et je le regrettais. Je voulais que l'on passe un bon moment ensemble. Cela allait faire six mois que nous étions ensemble. Je n'étais pas vraiment le genre de personne à fêter ça, mais je connaissais malgré moi la date de notre premier baiser et il méritait d'être célébré ce soir. Moi qui pensais faire une surprise à Théo en l'invitant à dîner, fus un peu déçue d'apprendre qu'il connaissait l'évènement qui avait eu lieu, six mois plus tôt, à la même date. Je nous avais réservé une table dans un joli petit restaurant pas très loin du quai du vieux pêcheur. J'avais aussi prévu de lui offrir quelques présents. Je mettais longtemps demandé ce qui aurait pu plaire à Théo, je n'avais jamais été douée pour choisir les cadeaux, mais, j'avais fini par jeter mon dévolu sur une montre, elle était simple, mais m'avait tout de suite plu, son cadran était argenté, les aiguilles ainsi que les chiffres étaient dorées et le bracelet était en cuir sombre. J'espérais qu'elle lui plairait, j'avais aussi décidé de lui offrir un cadre avec, évidemment, une photo de nous à l'intérieur. J'avais pensé qu'il aurait pu la mettre quelque part dans sa chambre. Je ne savais pas trop pourquoi, mais j'étais un peu nerveuse ce soir-là. Théo et moi, ne nous étions pas vus en dehors du lycée depuis un certain temps et j'avais peur que la distance que j'avais mise entre nous ait affectés de manière irrémédiable notre relation... Mais mes craintes disparurent rapidement, Théo était toujours le même avec moi, il était charmant comme d'habitude et nous passâmes la soirée à rigoler comme avant. J'avais bien fait de choisir ce restaurant, la nourriture était délicieuse, Théo s'était lui aussi régalé, il s'était même plain d'avoir gaspillé de la nourriture lorsqu'il s'en était mis dessus. Je m'étais toujours considérée comme un porc, mais Théo avait réussi à me battre, ce qui m'avait beaucoup fait rire. Après avoir diné ensemble nous avions décidé d'aller nous promener un peu. Nous étions passés au quai du vieux pécheur pour finalement nous rendre à la plage et nous avions réussi à nous trouver un endroit tranquille pour parler. Nous étions tous deux assis, l'un à côté de l'autre, dans le sable, regardant les vagues caresser le rivage. Je n'avais pas encore offert mes cadeaux à Théo et, après avoir échangé quelques baisers, je décidais de les sortir de mon sac. La chimère me regarda avant d'afficher un large sourire.

- C'est pour moi tout ça ? 
- Oui, j'espère que ça va te plaire, dis-je en lui tendant les deux paquets soigneusement emballés.

Théo les ouvrit sans attendre, tel un enfant le soir de noël, toujours avec le sourire.

- Oh... [Prénom] c'est magnifique, dit-il en observant le cadre photo. C'est ce qui manquait à ma chambre.

Je ris avant de reprendre la parole, heureuse que mon premier cadeau lui ait plu.

- J'ai beaucoup hésité entre celle-là et celle de nous deux au bord du lac quand on est parti camper pendant le week-end, expliquais-je.
- Elle est parfaite, ne t'inquiète pas, continua-t-il, admiratif.

La chimère m'embrassa rapidement sur la joue avant d'ouvrir le second paquet. Il ouvra grand les yeux à l'évidence surpris. Il tourna ensuite la tête afin de me regarder.

- Wow, [Prénom] c'est vraiment beau, mais tu n'étais vraiment pas obligée.
- Tu ne dis pas ça parce que tu ne l'aimes pas ? demandais-je, inquiète.
- Non, bien sûr que non ! se hâta-t-il de répondre. Je l'adore, c'est juste qu'en général, je m'offre à moi-même ce genre de cadeau.
- Eh bien, il y a un début à tout, répondis-je avec un sourire.

Le garçon sourit à son tour et glissa tout de suite la montre à son poignet avant de m'embrasser doucement sur les lèvres.

- Je t'aime, chuchota-t-il entre deux baisers.
- Je t'aime aussi, chuchotais-je à mon tour, l'embrassant encore.

Nos petits baisers se transformèrent bientôt en quelque chose de plus intense. Théo avait passé son bras autour de ma taille me tirant contre lui pendant que je passais les miens autour de sa nuque. Petit à petit, la chimère s'allongeait un peu plus sur moi, nous étions bientôt, couchés sur le sable. Je le laissais jouer avec ma langue pendant que je lui caressais doucement le dos. Nous passâmes un agréable instant l'un sur l'autre, bercés par le bruit des vagues, lorsqu'il reprit la parole, toujours allongé sur moi.

- J'ai aussi un petit cadeau pour toi, dit-il avec un sourire.
- Ah... oui ? demandais-je essoufflée.

Le garçon se rassit et me tira avec lui. Il cherchait quelque chose dans sa poche pendant que je me débarrassais du sable dans mes cheveux et un peu partout sur mes vêtements.

- Voilà, dit-il en me tendant une jolie petite boite d'un magnifique bleu entourée d'un ruban en satin blanc.

Je défie le ruban et ouvris la boite pour trouver un somptueux collier en or. Il était tout simplement magnifique, au bout se trouvait un pendentif en forme de cœur rempli de fines arabesques semblables aux ornements des grilles en fer forgé, des grandes demeures du dix neuvième siècle. Je ne sus quoi dire, ce n'était pas un petit cadeau à mes yeux. Théo qui avait remarqué ma surprise se mit à rire.

- Il te plaît ? demanda-t-il.
- Euh... oui... wow... il est... wow, dis-je ne trouvant pas mes mots.

La chimère rit de nouveau avant de prendre la boite de mes mains. Il enleva le bijou, écarta mes cheveux de ma nuque et me le passa autour du cou.

- Merci Théo.
- Tu n'as pas besoin de me remercier.

Théo

Elle n'avait vraiment pas besoin de le remercier pensa-t-il. C'était la première fois qu'il offrait un cadeau ayant une signification à quelqu'un. Il devrait être celui qui la remerciait, la remerciait de donner un sens à sa vie. Pourtant, la joie qu'éprouvait Théo s'effaçait doucement. [Prénom] était tellement belle quand elle souriait, elle semblait si insouciante, la chimère ne l'avait pas vu ainsi depuis si longtemps. Mais il devait malheureusement y mettre fin. Pourquoi maintenant ? Pourquoi gâcher un si bon moment ? Parce que Théo ne pouvait plus supporter la culpabilité qui le rongeait, il n'avait pas arrêté de faire des cauchemars depuis la visite d'Addison dans ses rêves et il en était arrivé à la conclusion que [Prénom] méritait la vérité.

- Théo ? Est-ce que ça va ? demanda-t-elle, concernée.
- Hum... oui, mentis la chimère.
- Tu es sure ?

La chimère hésita un instant, il plongea son regard dans les beaux yeux de la jeune fille, soupira, avant de répondre :

- Non.

[Prénom] fronça les sourcils, ne comprenant pas.

- Non ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Je... J'ai quelque chose à te dire..., continua-t-il, hésitant.
- Quoi ? demanda-t-elle, tout en se rapprochant du garçon.
- Avant... avant qu'Addison meure, je lui avais fait une promesse, lâcha-t-il.

Comme à chaque fois, les yeux de [Prénom] se remplirent de larmes à la mention de sa meilleure amie, elle cligna rapidement des yeux avant d'acquiescer, faisant signe au jeune homme de continuer.

- Je lui avais promis de te dire toute la vérité à mon sujet. Comme tu le sais, je suis une chimère, une expérience des « Docteurs de l'Horreur ». Je te l'ai avoué seulement deux mois cela parce que j'avais peur de te perdre, j'avais peur que tu ne voies en moi qu'un monstre, expliqua-t-il.
- Tu n'es pas un monstre Théo, l'interrompis la jeune fille.
- Si... malheureusement, c'est ce que je suis...