On s'est tous retrouvés dans le premier avion pour Paris. Tous, sauf Ozgur. Rappelé à Ankara. Urgence.
Ça tangue aussi par là-bas. Une vague d'arrestations pour « participation à une entreprise terroriste » a subitement décimé les chefs de la garde présidentielle. Le Président turc est formel : heureusement qu'il reste des hommes de sa trempe, de sa clairvoyance et de son intégrité, pour la réorganiser rapido presto.
Et puis, faut aussi qu'Ozgur s'occupe des chantiers de Tuzla, des bateaux poubelles, des passeurs, sans oublier la brochette d'officiers spéciaux capturés par les Américains au large du Yemen, qui attendent gentiment qu'on les récupère sur un îlot des Dardanelles, en combinaisons orange, à jeun, enfermés dans des cages individuelles, tout juste à l'épreuve des mâchoires des pitbulls affamés qui en assurent la garde depuis quelques jours.
Dès l'atterrissage à Roissy, Bébert et Vivi nous ont abandonnés. Une poignée de main, longue, appuyée, sans un mot, pour cause de Madou en travers de la gorge.
Gare du Mans, Edouard est venu qui rayonne. Madou est demeuré pour lui une image, celle de la victoire... pardon... du triomphe. Après l'Opération Désherbage, il y a eu l'Opération Nabab, et maintenant l'Opération Criquets : les services secrets nouvelle formule, dont il a l'honneur d'être le chef, volent de succès en succès. Ils sont devenus incontournables.
Evidemment, reste un quatrième volet, l'Opération Cactus, à ce qu'il parait, dont on ne sait fichtrement rien. Mais pour le quart d'heure on a été fantastiques, magistraux, héroïques, formidables, etc.
D'ailleurs le Président veut tous nous féliciter personnellement en personne. Le rendez-vous est déjà pris, par visio, en fin l'après-midi, après la sieste, jet lag oblige.
Harold, Gerhart et Giovanni sont déjà là. Pour eux, ça s'est passé en gros comme pour nous.
Calabrais répugnants explosés au sticky foam amélioré. Commissaires de bord, des médecins, Malinké, Afar ou Yésidis, tous aussi époustouflants qu'Aristide, chacun à sa manière.
Traversée pas évidente, mais sans encombre majeur. Débarquement délicat, sans noyés toutefois, ce qui est déjà pas si mal.
Et pour finir, forces de l'ordre éruptives qui résistent... jusqu'à l'intervention de Madou.
La retransmission planétaire de son exécution a tout renversé, partout, réduisant la police et l'armée au silence, ouvrant les cœurs en même temps que les portes des casinos et des palaces.
Madou, Madou, Madou ! Il n'est question que de toi, on n'a que ton nom à la bouche, ton visage est sur tous les écrans. Un saut de chat, tu t'es fait mascotte. Défiant la mitraille, tu es devenu prince. Exécuté, te voilà totem. Et nous, tes griots.
Madou à Macao, l'Afrique personnifiée, images d'un héros-gamin, tout nu, tout noir, tout rien, victorieux de l'armée chinoise à lui tout seul, explosant les écrans du monde entier.
Madou, allongé sur le bitume du pont Nobre de Carvalho, dont il ne restait plus qu'une rangée de dents blanches, sourire figé.
Heureusement, Aïcha est là également, qui nous a préparé des mezze, pour qu'on puisse manger à notre guise, même si les estomacs sont encore noués.
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3. Opération Criquets
General FictionPaul et Nora, nos époux désormais épris, pensaient pouvoir enfin... Mais c'était sans compter... sans compter avec les « criquets », les « criquets » des Chinois alliés aux Calabrais. Autrement dit de pleins cargos tout bourrés d'immigrés, des cargo...