Check point d'Orvault, le correspondant de Martin nous attend.
Ses collègues sont furieux. Faut qu'on laisse passer l'orage. Ils nous garderont quelques heures, puis on pourra filer, laissez-passer en poche.
Commissariat central, ils nous ont organisé le grand cirque. Du classique.
Début soft, rez-de-chaussée, style « Vous voulez du café... avec ou sans sucre... un croissant, deux... trois si vous préférez... ».
Puis mise au frais, premier sous-sol, caméras et lumières vives qui s'allument et s'éteignent par à coups, avec fond sonore de cris étouffés, agrémentés de claquements brusques. Un officier débarque, genre « Je vous veux du bien, mais faut m'aider... parce que sinon, mon supérieur... un type pas commode... ».
Ensuite, deuxième sous-sol, irruption du supérieur en question, beuglant « Vous croyez quand même pas que je vais avaler vos salades... vous êtes les derniers à l'avoir vu vivant, donc suspects... alibi non crédible... le Dumonchelle qui se serait laisser dépouiller par des pouilleux comme vous ! »
Faut dire, côté minable, que je fais mon possible : regard vague, bouche molle, corps affaissé, genre qui a toujours préféré l'infirmerie aux salles de classe comme aux terrains de sport.
Martin, imperturbable, répond sans se démonter : « Faut pas croire... on est pas tous comme Popol... c'était dans le noir... dans les bois... il connaissait pas le terrain... on n'est pas entre enfants de cœur... si vous voyez ce que je veux dire... et pis côté tournis, on est des spécialistes... demandez à votre collègue... »
Tomy débarque enfin, œil mauvais, mine défaite, une tronche de Judas.
Tiens tiens, salut mon pote !
C'est bien nous, les péquenots, ceux qu'ont pas été capables de te conserver ton copain d'antan, enfermé dans une cage, au fond des bois, trempé, claquant des dents... Sans doute que tu l'aurais rêvé bien à point, suspendu par les bras à une branche, plante des pieds à même la braise. Hein... mon salaud !
Il nous sépare, pour reprendre les interrogatoires. Avec moi, il est mal barré : « chais pas, putain... ben, en plus... chais pas, c'est ça... mouais, bof... plutôt, quoi... pas moi, non... ».
Pauvre Tomy ! Il désespère sec. Il n'est pas au niveau, je l'ai toujours pensé. Un exécutant. Pas un mec à initiatives ni à responsabilités.
A tel point qu'il commet des bévues de débutant, comme téléphoner devant témoin :
– Allo, mon Général... rien à en tirer... l'un, encore... mais l'autre, un abruti... le portable... pas de doute... c'est le sien... j'ai épluché son carnet d'adresse...
L'autre a l'air tout aussi furax. Et Tomy de reprendre :
– Tout le monde sur écoute, vous dites... même le juge Barrère, et Villeneuve... mais... totalement illégal... vous vous en foutez... vous peut-être, mais moi... non, pas d'ordre écrit... pas les habitudes de la maison...
Il aborde même la question qui me taraude depuis hier :
– Quant à la fille, aucune nouvelle... pour l'instant... et pour le reste de l'équipe, je voulais vous demander... bien traités, j'ai votre parole... de soldat... parfait... des gens formidables, vous savez... potentiellement utiles en plus... j'y tiens...
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3. Opération Criquets
Genel KurguPaul et Nora, nos époux désormais épris, pensaient pouvoir enfin... Mais c'était sans compter... sans compter avec les « criquets », les « criquets » des Chinois alliés aux Calabrais. Autrement dit de pleins cargos tout bourrés d'immigrés, des cargo...