Mariott, Carlton, Hilton, Shangri, Peninsula, Hyatt, Sheraton...* Shanghai, Hong Kong, Singapour, Macao, partout, tous les palaces ouvrent grand leurs portes.
Marina Bay Sands**, Venetian & Co, tous les casinos offrent leurs services.
Les clients, même les plus chics, proposent de partager leurs suites et leurs tables, pendant que ceux qui doivent venir annulent leurs réservations pour les mois à venir.
Grâce à Madou, on assiste à un élan de solidarité comme on n'en a jamais vu. Les plus riches accueillent les plus démunis, jusque dans leur salle de bain, même s'il est vrai qu'ils ont une rapide tendance à envisager d'écourter leur séjour en vitesse.
Nous, on est descendu au rez-de-chaussée du Venetian. Une table de jeux, perdue dans l'immensité d'une salle remplie d'une foule silencieuse, est devenue chapelle ardente ***. Les télévisions du monde entier ont pris le relai. Des herses de caméras ont remplacé les boucliers anti émeute.
Le cadavre de Madou, recouvert d'un linceul blanc, git sur la table centrale, devant une montagne de jetons qui se mélangent aux fleurs qui s'accumulent.
Le juge Ji Ten Jsie, au nom des autorités chinoises, au côté des Présidents Gouverneurs de Macao et de Hong Kong réunis, environnés de caméras officielles, rendent un hommage appuyé à Madou, enrobé d'excuses et de malédictions.
Il s'agit, entre autres, d'éviter que les ambassadeurs africains soient tous rappelés en consultation, contrats suspendus, consulats fermés.
Il s'agit aussi de ralentir la chasse aux Chinois, en brousse, en forêt, en ville, qui se répand dans toute l'Afrique. Pire qu'Ebola...
Face au cadavre de Madou, on n'en a rien à fiche. Comme il ne faut pas se faire voir, on peut seulement passer, comme tout le monde, au milieu de la foule, devant le linceul.
Aristide, dents serrées, tunique ndop bleue blanche encore tachée de sang, reçoit les condoléances, au nom de l'Afrique suppliciée. Deux larmes coulent sur ses joues quand il prend la main de Nora et celle de Caroline dans les siennes, sans un mot.
On est tous derrière, dents serrées, estomac plombé. On a bien bossé. Le Président sera content. Nos passagers aussi. Ils pourront rentrer comme convenu, héros aux poches pleines, s'ils ne gaspillent pas tout dans les machines à sous.
Mais Madou, sa main dans celle de Vivi, écoutant Les Misérables, assis à côté de Dominique, déguisé en Ben Asteck, la petite grande âme de l'expédition... envolée !
La Maire de Douala, sanglots dans la voix, annonce la construction d'un mausolée. Son collègue de Macao, lui aussi. Tant mieux pour eux !
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3. Opération Criquets
Fiksi UmumPaul et Nora, nos époux désormais épris, pensaient pouvoir enfin... Mais c'était sans compter... sans compter avec les « criquets », les « criquets » des Chinois alliés aux Calabrais. Autrement dit de pleins cargos tout bourrés d'immigrés, des cargo...