Les Derniers Veilleurs, Tome 2 : Les Joyaux Mortels.

Chapitre 24

J'avale ma salive nerveusement avant d'esquisser un sourire crispé et me pencher vers l'oreille du waräan. Je ne sais toujours pas comment je peux me sortir de là, alors je fais ce que je sais faire de mieux. J'improvise.

-C'est un peu délicat, et personnel...

-J'écoute, dit-il avec un sourcil levé.

Merde. Tout ce que j'ai envie de faire c'est de l'étrangler avec une branche de je ne sais quelle plante que je peux contrôler, mais je dois me retenir afin de ne pas attirer tout le voisinage. Je m'éclaircis la gorge et chuchote.

-J'ai appris que le fils de celui qui tient cette boutique a fait des avances à ma copine ici présente. J'aimerais régler cela convenablement, en ayant une discussion d'adultes, avec son père, vous voyez.

Pourvu qu'il ait un fils. Pourvu qu'il ait un fils. Pourvu que...

-Vraiment ? Je comprends que votre amie soit courtisée, elle a ses charmes.

Je regarde Reyna, qui serre les poings. J'entrelace mes doigts aux siens et lui sourit.

-Reyna, mon cœur. On va régler ça. On peut entrer ? Je demande au waräan.

-Malheureusement, Miray n'est pas là. C'est sa femme qui gère la boutique aujourd'hui.

-Ce sera très bien.

-Vous avez cinq minutes. Pas une de plus.

-Amplement suffisant, je souris.

Je passe la porte en soupirant.

-C'était moins une, je dis.

Je referme la porte derrière moi et me retourne pour trouver une dizaine de personnes emmitouflées dans des capes noires. Je me crispe. Il semblerait que nous devions nous débrouiller seuls. Ce n'était pas prévu.. Je regarde Reyna. Elle serre un peu plus ma main et baisse la tête. Elle me tire vers le comptoir, derrière lequel se tient une petite femme, aux cheveux grisonnants. Son visage est tiré par la fatigue et elle paraît beaucoup plus vieille qu'elle ne doit l'être en réalité. Je lui souris doucement.

-Bonjour, euh...

-On va vous prendre un peu de noisettes, s'il vous plaît.

-Je reviens, dit la femme.

Je regarde Reyna avec incompréhension.

-Maintenant, fais ton tour de magie. Elle ne sera pas blessée, comme ça.

-Qui te dit qu'elle n'est pas avec eux ?

-Son corps crispé indique le contraire, non ?

Je hoche la tête. Je sors mon collier de mon tee-shirt et le prends dans ma main. Je ferme les yeux.

-Messieurs, dames... Il est temps pour vous de prendre une petite pause.

Je sens du monde s'agiter autour de moi. Lorsque j'ouvre les yeux, la moitié de nos ennemis est attachée aux murs par les plantes en pots que j'avais remarqué plus tôt, se débattant, sans succès. L'autre moitié est au sol, mais commence à se relever.

-Will ! Panique Reyna.

-Je suis tout seul, Reyna ! Je n'ai pas beaucoup de puissance !

Comme si ça ne suffisait pas, les deux gardes de dehors entrent, alertés par le bruit. Je suis totalement vidé de mes forces. Comme si ce n'était toujours pas suffisant, une douleur insupportable traverse ma tête et mon ventre. Je n'ai pas l'habitude d'une telle intensité. Je m'écroule, plié en deux sur le sol.