Les Derniers Veilleurs, Tome 2 : Les Joyaux Mortels.

Chapitre 27

Nous rejoignons le repaire et, avant que Maryliss ne décapite l'un de mes deux parents, nous faisons les présentations. Marilyss baisse lentement son couteau, mais continue de fixer mes parents et notre professeur d'un air suspicieux.

-Si l'un d'entre eux nous vend, je vous tue tous, finit-elle, très sérieusement.

-On te prend au sérieux, avance Will. Maintenant lâche ton arme, tu veux ?

Elle range sa lame dans son fourreau et nous laisse lui expliquer notre plan en détails. Nous allons dans la salle de bain afin de nous préparer. Bien entendu, ça ne manque pas : Will s'amuse avec ses lentilles et en fait tomber une sur le sol. Il rigole et en prend une autre paire. Me couper les cheveux à ce moment là n'était pas la plus brillante des idées que j'ai eu car je ne peux plus les attacher. J'attrape une paire de lentilles rouge et les mets difficilement. Une fois cela fait, j'attache la cape autour de mes épaules. Reyna a des lentilles noires, Will en porte des vertes, Enoria et Chris des bleues et Caleb en a des bordeaux. J'aide Will, qui n'arrête pas de se plaindre que sa lentille lui fait mal, à nouer son vêtement noir.

-Ton bleu à l'œil ne se voit presque plus, remarque-t-il.

-La magie du maquillage, je dis en faisant un clin d'œil. J'en ai apporté dans mon sac.

-Cool.

Je lui souris. Une fois que nous sommes tous prêts, nous nous mettons en route, une personne en moins dans le groupe. Nous passons le tunnel en essayant de ne pas trop nous salir et nous dirigeons jusqu'à la bibliothèque que nous avions repérée sur le plan. Caleb et moi arrivons les premiers. Je place une main sur ma poitrine, une tentative désespérée de calmer les battements de mon cœur lorsque nous approchons des deux waräans à la porte. Ils nous détaillent pendant une longue minute, mais ne disent rien. Mon partenaire et moi franchissons la porte avant de pousser un long soupir de soulagement. Avant d'apercevoir la quinzaine d'autres waräans chargés de surveiller la grande salle. Je m'éclaircis la gorge, essayant vainement de me donner une contenance. J'essaie de ne pas m'émerveiller devant les milliers d'ouvrages rangés minutieusement sur les étagères qui montent jusqu'au plafond. Ayant toujours été fascinée par les librairies et bibliothèques, je me fais violence pour ne pas sourire devant une telle richesse. Les grands vitraux recouvrant le haut des murs apportent quelque chose en plus à tout ce trésor. Je crispe mon visage et fronce les sourcils, essayant de prendre un air sévère.

-Qu'est-ce que tu fais ? Me chuchote Caleb. T'as mal au ventre ou quoi ?

Je lui frappe le bras et commence à faire semblant de faire des rondes dans l'immense bâtiment. Deux waräans s'en vont, pensant que l'on prend la relève. J'aperçois du coin de l'œil nos amis arriver deux par deux. Il ne reste bientôt plus que cinq ou six véritables waräans ici. Je passe dans les rayons, en détaillant chaque ouvrage, chaque meuble, chaque petit détail. Les autres font de même. Lorsque je croise l'un d'eux, nous nous faisons un signe de tête imperceptible, indiquant que nous n'avons rien trouvé. Je passe dans le rayon histoire. Une couverture attire mon regard. Je m'arrête de marcher et entreprends de lire le titre : « Histoire du Conseil. ». J'attrape discrètement le livre et parcours rapidement les pages. C'est exactement ce dont on avait besoin pour la suite ! Des plans du château, des histoires sur le conseil, des photos de chaque membre, qui nous permettront de reconnaître les bijoux... Je coince le livre dans mon jean juste avant de croiser un vrai waräan. Il me regarde avec insistance. Je baisse les yeux et reprends mon chemin comme si de rien n'était. Au bout d'une bonne heure passée à arpenter les allées, nous n'avons toujours rien. Peut-être qu'il y a un sous sol ici aussi ? Je monte sur une sorte de mezzanine, où il y a toujours plus de livres. Un étrange sentiment me serre le cœur, puis un souffle glacial semble s'engouffrer en moi. Je frissonne, observant les alentours. Qu'est-ce que... ? Je me demande si ce sentiment n'est pas dû à... ? Je balaye la salle du regard et croise celui de Caleb, en bas, tout près d'une espèce de pot de fleurs en marbre. Il hoche la tête et une nouvelle vague froide me parcourt l'échine. Si j'ai bien interprété, Caleb a besoin de moi. Ce lien fort entre nous semble de plus en plus pratique. Je descends les marches sans rien laisser paraître sur mon visage. J'avance doucement jusqu'à lui en faisant mine de passer à côté.