Les Derniers Veilleurs, Tome 2 : Les Joyaux Mortels.

Chapitre 29

Nous descendons la pente, nous menant droit dans l'obscurité la plus totale. Je glisse une ou deux fois sur la terre humide, me rattrapant aux parois rocheuses. J'entends les pas de mon partenaire résonner à mes côtés.

-Pourquoi est-ce que ce genre de tunnel ne peut pas être éclairé par de jolies bougies ou ce genre de chose ? Gémit-il.

Je pars dans un fou rire, imaginant la tête paniquée de Caleb.

-Arrête de te moquer. J'ai peur d'énormément de choses. Ma peur du noir est la seule frayeur que je puisse partager.

-Intéressant.

Je me tape le bras dans une pierre. Le karma, sûrement. Je grimace et frotte mon épaule meurtrie. Il ne répond pas et soupire.

-J'ai peur du noir depuis toujours. J'avais le sentiment d'être comme enfermé à l'intérieur. Comme si la seule chose qui restait était ces ténèbres. Plus aucun espoir. Je pense que ça a un rapport avec nos pouvoirs. Le noir m'empêchait d'être qui j'étais au fond. Et mes parents n'ont jamais cru nécessaire de venir me protéger. Pourtant, je sais que j'en aurais eu besoin. J'étais seul, et je détestais ça. Je crois que c'est resté. Mais maintenant c'est différent. J'aime avoir des gens autour de moi, pour me rappeler que je ne suis pas tout seul, mais.. Je ne peux plus faire confiance. Je crois que j'ai toujours eu du mal, j'ai peur de partager mes faiblesses et que les autres ne les utilisent contre moi.

-Intéressant.

-Je fais la conversation.

-Intéressant.

-Hayleen.. Je sais qu'entre nous c'est pas tout rose mais tu pourrais faire un effort.

-Intéressant.

-Ça te dirait de changer de disque ?

Je ne réponds pas. Il soupire de plus belle. Je souris, me comportant comme une enfant.

-Stop ! Tu dis que tu ne veux plus qu'on se parle, mais moi je ne veux pas ! Je t'apprécie, et j'aimerais qu'on arrange notre relation.

-Inté...

Caleb me plaque contre le mur et me tient l'avant bras.

-Tu redis une seule fois ce mot et je te jure que je t'arrache la langue.

Je rigole et le repousse avec nonchalence.

-Intéressant.

-Je suis quelqu'un de méfiant, dit-il sans relever. Je sais que tu es comme moi, tu as peur qu'on t'abandonne.

-C'est ce qui arrive à chaque fois. Les gens mentent, trahissent. Moi la première, n'est-ce pas ? Je dis d'un ton dégagé.

-Hayleen...

-C'est derrière nous maintenant. J'assume tout ce que j'ai fait, et j'accepte les erreurs que j'ai faites, aussi stupides soient elles. Arrête de tout remettre sur la table, c'est lourd.

Personne ne dit un mot pendant de longues minutes.

-Je vais dire à Reyna que c'est fini entre nous, reprend Caleb.

-En quoi ça me concerne ? Je réponds d'un ton sec.

-Je ne fais que mentir. À Reyna et à moi-même.

-Ce serait une erreur.

-Vraiment ?

-Oui. Même si tu ne l'aimes pas, tu l'apprécies assez pour rester avec elle. L'amour n'existe pas, selon moi. Ou alors il est très bref, et décevant. Passer beaucoup de temps avec une personne et apprécier ces moments, vouloir y revenir chaque fois que c'est terminé, c'est ce qui s'en rapproche le plus.