Cloîtré 5.

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Chapitre 5

Harry sut ce que Lucius allait dire avant même qu'il n'ouvre la bouche. Il lui sembla que son cœur s'arrêtait de battre et tombait au fond de son ventre.

- Passe la nuit avec moi et j'oublierai toute cette histoire.

Harry crispa les mâchoires. A sa propre surprise, il trouva la force d'ironiser :

- Vous n'attendez pas de moi que je vous lise le quatrième Evangile, je suppose ?

Lucius leva un sourcil.

- Toi seul peut sauver Ron, dit-il froidement. Réfléchis vite : c'est une offre temporaire. Peut-être aurais-je autant de plaisir à tourmenter ton ami qu'à te déflorer.

Le mot fit douloureusement sursauter Harry. Sa première réaction fut de quitter la pièce et de laisser Ron assumer les conséquences de ses actes. Après tout il l'avait bien cherché. Mais, rapidement, ce qu'il y avait de meilleur en lui, sa loyauté et son courage, refit surface. S'il était en son pouvoir d'aider Ron, il se devait de le faire, malgré ce que cela lui coûterait. Ce ne serait qu'un mauvais moment à passer. Que représentait un moment dans toute une vie ?

Le Prieur sut parfaitement interpréter son air résigné.

- Je te félicite de ton excellente décision.

Ne voulant pas en entendre davantage, Harry sortit. A l'extérieur, il s'appuya contre le mur et avala une grande goulée d'air. Cela ne suffit pas à desserrer l'étau qui le comprimait. Au bord de la nausée, il plaqua une main sur sa bouche et s'enfuit en courant.

Quand le piège s'est refermé, que demander à Dieu ? Que Lui dire dans une prière ? Quelque chose du genre « pourquoi laissez-vous les hommes comme Lucius mener le monde ? »

Il ne faut jamais questionner les intentions divines, Harry. Il sait mieux que toi ce qu'il a à faire. En outre, dans ce monde violent et barbare, certaines personnes ont des sorts pires que le tien.

Dans sa tête, les paroles apaisantes avaient toujours la voix d'Albus.

Albus, toutefois, ne pourrait rien pour lui. Il était gravement malade, fatigué, avait d'autres soucis en tête... et il ne pourrait pas protéger Ron d'un juste châtiment pour avoir violé la Règle de saint Benoît.

« Pardonnez-moi, Seigneur. Je vais commettre un grave péché. Mais vous savez que dans mon cœur je ne le veux pas. »

Mais combien de fois as-tu péché en pensée ? Combien de fois as-tu imaginé, rêvé, voulu ce qui va se passer ce soir ? Ton esprit perverti s'est déjà complu dans le péché. Ce ne sera qu'une étape de plus dans ton avilissement moral...

Cette fois c'était la voix de Lucius qui résonnait dans sa tête.

Harry crispa les poings. Pas Lucius. Il n'avait pas rêvé de Lucius.

A sa droite, Dean lui donna un coup de coude. L'office du soir s'achevait, il était l'heure pour chacun de regagner son lit. Harry rabattit la capuche sur sa tête à la sortie de l'église.

Ron qui le regardait en silence depuis un moment, tenta en hésitant :

- Harry, est-ce que tu...

- Laisse-moi tranquille !

Harry laissa derrière lui le troupeau des novices et prit une autre direction. Ce n'était pas son lit qui l'attendait ce soir.

HPHPHPHP

La mort dans l'âme, il frappa à la porte de Lucius. Le Prieur bénéficiait de sa propre chambre, ne pouvant s'abaisser à partager le dortoir des moines ordinaires.

Cloîtré.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant