Cloîtré 11.

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Chapitre 11

Harry, glacé jusqu'aux os, se redressa lentement. Son regard se porta sur les sabots du cheval, qui piaffait à quelques centimètres de lui, remonta sur les bottes du cavalier, sa tunique bleue, se fixa sur son visage. Celui-ci lui était inconnu.

Harry fut très surpris que cet homme, qu'il n'avait jamais vu, l'appelle ainsi par son nom. Puis il vit que le cavalier portait la livrée du comte Cornelius ; il recula, saisi de crainte.

Certes, la dernière fois qu'il avait vu le comte, celui-ci semblait désireux d'ôter à Lucius la charge de l'abbaye. Mais depuis, Harry avait été accusé de possession démoniaque, condamné à un exorcisme et pour couronner le tout il était à présent un fugitif. Si le comte le considérait comme un fou dangereux, ce serait plus que compréhensible.

Cependant, le cavalier regardait Harry avec un sourire bienveillant.

- Frère Harry, je suis envoyé par la comtesse. Dame Minerva souhaite s'entretenir avec vous sur-le-champ. Me ferez-vous la grâce de m'accompagner ?

- La comtesse ? répéta Harry, sans se départir de sa méfiance.

- Oui, mon frère. Elle a entendu que vous étiez en fuite et désirait vous retrouver à toute force. Elle m'a demandé de vous assurer qu'elle n'est pas votre ennemie. En souvenir de votre conversation dans la bibliothèque, elle vous prie de lui faire confiance.

Les paroles étaient réconfortantes, mais peut-être trompeuses. Harry transperça l'homme d'un regard aigu, comme s'il espérait lire dans ses pensées. Comment être certain qu'il ne s'agissait pas d'un piège ?

Il n'y avait aucun moyen d'en être certain. Le cavalier était grand, large, impressionnant mais possédait une physionomie sympathique. Harry décida de lui accorder sa confiance, sans plus d'assurances.

Le cavalier tendit la main au jeune moine et le hissa en croupe derrière lui. Empêtré dans sa robe, très peu familier des chevaux, Harry s'accrocha à lui.

- Comment vous nommez-vous ? demanda-t-il, se disant qu'il ne pouvait pas enlacer quasiment un inconnu.

- Kingsley Shacklebolt.

Harry sursauta : le bailli Shacklebolt ? Comment faire confiance à celui qui rendait la justice au nom du comte ? Mais le bailli venait de se proclamer le serviteur de la comtesse plus que de son époux. Alors Harry décida de rester.

Le cheval partit au galop. Harry s'accrocha désespérément pour ne pas être désarçonné.

Il avait bien conscience qu'il jouait un jeu dangereux. Si Shacklebolt lui avait menti et le livrait au comte... ou pire, le ramenait à l'abbaye, il était perdu. Il n'aurait pas de seconde chance. Severus se serait mis en danger pour rien.

D'un autre côté, quel choix avait-il ? Il n'aurait pu fuir à travers les bois, poursuivi par un cheval. C'était aussi grotesque qu'irréaliste. Il lui fallait faire confiance. S'il voulait refaire sa vie hors du cloître, il devait apprendre à nouer des relations avec les autres.

Au fur et à mesure que le cheval se rapprochait du village, Harry sentait sa nervosité grandir. Le cavalier n'envisageait quand même pas de le promener au beau milieu de la rue ? Ou de l'amener au château comtal ? C'était de la folie, il devait se sauver, sauter à bas de la monture et courir à toutes jambes...

Le cheval fit une volte à l'approche des premières maisons et trotta le long d'une allée boisée. Celle-ci conduisait à une antique bâtisse à la peinture défraîchie. Kingsley arrêta sa monture et fit signe à Harry de descendre. Celui-ci se laissa prudemment glisser à terre. Kingsley lui indiqua la maison.

Cloîtré.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant