Aujourd'hui
Etre professeur à Poudlard avait signifié beaucoup pour Severus. Cela voulait dire qu'Albus lui faisait confiance pour former les futures générations de sorciers. Cela voulait dire qu'il avait un refuge dans un des lieux les plus sacrés de toute la sorcellerie. Et bien entendu, il avait détesté chaque minute passée face aux élèves... Il semblait qu'il avait toujours eu un rapport avec l'enseignement, même dans son passé.
Etait-ce son passé, qu'il avait entrevu aujourd'hui ?
Severus secoua cette étrange aberration surgie de son cerveau. Il mit ses visions sur le compte de la douleur et refusa d'y penser davantage.
Mais il découvrit, au fil des jours, qu'il ne pouvait penser à rien d'autre.
Il avait vu une vie différente, mais si semblable par certains côtés. Il avait vu des visages familiers, au premier rang desquels figurait Harry Potter. Comment Potter pouvait-il à ce point être lié à lui, comme si leurs vies étaient intrinsèquement mélangées ? Le passé, le présent, cette vie, et une autre avant... Potter était toujours là.
Pire encore, il semblait que Severus et lui avaient été amants...
C'était une pure folie.
Jamais Severus ne ferait cela ! Potter était un gamin. Jamais il n'avait pensé à lui en ces termes. Potter était le fléau de son existence, il s'était certes révélé assez courageux pour réussir une mission totalement impossible, mais cela ne changeait rien. Potter restait hors d'atteinte...
Et cependant, rien que l'expression « hors d'atteinte » qui avait traversé Severus traîtreusement prouvait que la situation n'était pas aussi limpide.
Ses sentiments pour Potter étaient confus, mêlaient l'attirance et le rejet.
Et s'y ajoutait depuis peu, indéniable, un désir intense.
La vision torturante qu'il avait eue chez Daphné Greengrass avait projeté ces sentiments au premier plan. Il avait à présent les images devant les yeux il étreignait Harry, il l'embrassait. Harry était à lui. Comment nier la réalité de ses désirs après cela ?
Les jours s'écoulaient, les visions du passé ne le laissaient pas en repos. Puis, une nuit, la brûlure dans son bras le réveilla.
Au lieu d'en être désappointé ou inquiet, il s'en réjouit. Au petit matin, la poudre de cheminette le conduisit Allée des Embrumes.
Daphné fut très déçue d'apprendre qu'il ressentait encore une douleur, même si celle-ci ne s'était manifestée qu'une seule fois.
- Peut-être devrais-je chercher un autre rite..., murmura-t-elle.
- Non. Il y a eu des résultats. Je vous demanderais seulement de refaire ce que vous avez fait la dernière fois.
Daphné semblait très hésitante.
- Je ne sais pas s'il est très sage...
- Oh voyons, vous ne craignez pas que je vous mette un zéro, n'est-ce pas ? grogna Severus. Ce n'est plus dans mes possibilités.
Elle sourit et lui fit signe de prendre place. Severus s'assit, tentant de cacher sa satisfaction, son espoir. Il voulait en voir plus, il voulait comprendre mieux, et ressentir encore. Plein d'anticipation, il ferma les yeux. Il s'attendait à la douleur qui d'abord le traverserait, il lui ferait même bon accueil. Il espérait surtout ce qui suivrait.
Une nouvelle fois, il serra les dents quand la souffrance l'envahit. Puis la sensation de flotter, d'être happé dans un trou noir, revint le happer. Il ne lutta pas mais l'embrassa volontiers.