Cloîtré 8.

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Chapitre 8

Harry dormit plusieurs heures. Lorsqu'il émergea, il avait les paupières lourdes, la langue pâteuse et ne se sentait pas vraiment reposé. Ses membres et ses idées étaient pareillement confus.

Il cligna des yeux à plusieurs reprises et lorsqu'il se fut habitué à son environnement, il eut la bonne surprise de découvrir Ron à son chevet. La tête rousse avait l'air plus éberluée et désorientée que d'ordinaire.

- Comment vas-tu, Harry ?

- Bien. Si, je t'assure.

- Vous voyez, il va bien, répéta Ron en se tournant vivement vers Remus. Vous pouvez le détacher.

Cette fois, Remus s'exécuta. Les cordes tombèrent, tranchées net. Elles laissèrent des marques pourpres dans la chair du garçon. Ron avait l'air horrifié.

- Mon pauvre ami ! Tu ne souffres pas trop ?

- Je suis surtout ankylosé.

Remus lui frotta les jambes avec énergie.

- Je suis profondément navré, Harry. Il a fallu serrer les liens pour éviter que tu ne te fasses toi-même du mal.

- Je ne me souviens de rien, avoua Harry, l'air plus perplexe que jamais. Que s'est-il passé ? Dis-le moi, Ron.

Son camarade parut paralysé d'embarras. Il finit par répondre mais en gardant les yeux baissés, comme s'il redoutait d'assister à sa réaction.

- Tu nous as réveillés par tes cris, mais ce n'était pas un de tes mauvais rêves habituels. Tu hurlais comme si tu étais attaqué par quelqu'un. Nous avons essayé de te réveiller mais tu te débattais quand on te touchait. Severus t'a secoué violemment, tu l'as frappé au passage, et rien n'y faisait. Tu as repoussé Severus et tu as commencé à te tordre par terre...

Harry était blême. Ce que Ron lui racontait était une véritable scène d'épouvante. Et il avait frappé Severus ! Il devrait lui demander pardon très vite et prier pour que le Maître ne soit pas trop furieux contre lui. Ce serait vraiment difficile de se retrouver en sa présence.

- ... Il a fallu appeler du renfort pour te porter à l'infirmerie, conclut Ron d'un ton misérable. Nous étions tous très inquiets pour toi. Tu ne te rappelles de rien ?

- Non. Je sais seulement que je me suis endormi au dortoir. Je me suis réveillé ici, et le Prieur refusait que Remus me détache...

Le frère infirmier hocha la tête pour attester la véracité de ce souvenir :

- Lucius semblait effrayé. Plus pour le calme de sa chère abbaye que pour Harry cependant !

- Que m'est-il arrivé ? se demanda Harry à voix haute, l'air perdu. Ce que vous me racontez... Cela ne m'est jamais arrivé avant...

- J'ai eu l'impression que c'était une crise de ce que l'on nomme « le haut mal », répondit lentement Remus, essayant d'être diplomate.

- Epilepsie ? réagit tout de suite Harry, qui n'avait pas fréquenté la bibliothèque pour rien. Mais je ne suis pas épileptique !

Devant l'étonnement de Remus, Harry s'expliqua :

- Le Père Albus m'autorisait à lire des livres de médecine. Je voulais surtout voir les illustrations mais je lisais aussi les commentaires. C'est pour ça que je sais que l'épilepsie n'apparaît pas du jour au lendemain chez quelqu'un de mon âge !

- Tu as raison, concéda Remus. Il est vrai que cette crise a pu être provoquée... As-tu avalé quelque chose de particulier ?

- Rien n'est plus particulier que la nourriture que nous servent les frères convers..., bougonna Ron. A croire que l'abbé choisit les moins doués d'entre nous pour les envoyer aux cuisines !

Cloîtré.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant