Je vous remercie infiniment de me lire encore, malgré le retard que j'ai mis à poster le chapitre précédent ! Votre fidélité me touche énormément !
Pour répondre à la question que certaines m'ont posée, oui les exorcismes existent toujours; oui il y a un prêtre exorciste dans chaque diocèse. Il paraît qu'on exorcise davantage les maisons (dites hantées) que les personnes, mais je n'ai pas de statistiques... cela fait frémir, hein ?
Chapitre 10
Alors que Severus pénétrait dans sa cellule, Harry déglutit avec difficulté.
- Je suis attendu pour l'exorcisme ?
- Pas encore, répondit Severus avec brusquerie. Nous attendons toujours l'exorciste diocésain.
Harry frissonna. Il était reclus depuis plusieurs jours, il perdait quasiment la notion du temps ; il lui semblait qu'il était là depuis très longtemps, dans la crasse et l'obscurité, à ressasser des idées désespérantes.
- C'est l'heure de votre confession, annonça Severus.
Harry s'étonna puis réalisa : la confession du condamné avant le sacrement de l'extrême-onction. Le Prieur mettait sa vie en péril mais veillait au salut de son âme ! Le garçon se mit à rire sans pouvoir s'arrêter, un rire nerveux et strident qui blessait sa propre ouïe.
- Vous êtes bien le seul à vous amuser de la situation, grommela Severus.
Avec un regard de dégoût vers le sol souillé, visqueux d'humidité, il s'agenouilla devant Harry qui restait prostré à terre, et esquissa le signe de croix. Harry rassembla ses forces pour relever fièrement la tête.
- Je ne me prêterai pas à cela, plus maintenant. A quoi bon cette mascarade ?
- Ne blasphémez pas. Cela ne changera rien et ne fait pas honneur à votre intelligence.
- Vous avez toujours dit que je n'avais pas d'intelligence.
- Parler aussi imprudemment devant le chapitre ne dénote pas un esprit des plus subtils.
- J'ai dit ce que je crois juste, du fond de mon cœur. J'ai été sincère.
- Je le sais. Aussi vos paroles tiendront lieu de confession.
Harry fut dérouté par cette réaction. S'il n'exigeait pas sa confession, que faisait là le Maître des Novices ? Le contempler dans sa déchéance ? Rire de lui ? Mais Harry ne pouvait ni ne voulait se mettre en colère ou accabler l'homme de reproches. C'est sans doute la dernière fois que je le vois, songea-t-il, et il eut soudain si mal qu'il crut que ses tourments avaient commencé.
- Comment va Albus ? demanda-t-il pour penser au sort d'autrui plutôt qu'au sien.
- Il ne va pas mieux.
Après un silence, Severus reprit :
- C'est étrange de vous voir songer à lui dans un tel moment.
- Il a été très bon pour moi. Je veux m'en souvenir tant que je le peux encore. Je sais que bientôt je n'aurai plus de pensées cohérentes. Bientôt j'aurai tellement mal... Je ne penserai plus aux hommes bons, je maudirai ma mère de m'avoir mise au monde, je maudirai le prieur, le comte, le monde entier.
Le jeune homme baissa la tête. Il s'attendait aux reproches cinglants de Severus : maudire était une action indigne d'un chrétien. A l'approche de la mort il fallait se repentir de ses péchés et recommander son âme à Dieu... Mais le Maître des Novices garda le silence. Il semblait regarder Harry comme s'il le voyait pour la première fois.