Les âges sombres 7.

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Chapitre 7

Sirius Black fit signe à Severus de le suivre; tous deux sortirent dans la cour.

- Vous savez monter à cheval ?

- Non, dit Severus.

- Marguerite est une jument fort tranquille. Allez donc la sceller, vous autres !

Les palefreniers s'exécutèrent, puisque les écuyers en titre étaient déjà fort occupés avec les montures des trois chevaliers requis par le baron.

Severus regardait de loin le baron et ses chevaliers qui se préparaient à cette expédition en bavardant avec animation. Il aurait pu jurer que ces hommes périssaient d'ennui avant son arrivée et qu'il leur avait proposé, à son insu, la distraction qu'ils appelaient de leurs vœux. On devait manquer de tournois, dans la région. Aller défier l'Inquisition servirait de passe-temps.

Cela pouvait être un passe-temps risqué. Cependant, l'Angleterre n'était pas la France. Autant le roi de France avait toujours cédé aux demandes inquisitoriales, et favorisé leur action, autant le roi d'Angleterre avait vu d'un mauvais œil cette autorité qui entendait quasiment se substituer à la sienne dans le maintien de l'ordre du royaume.

L'Angleterre avait toujours été peu incline à accepter l'autorité de Rome. Si le pape avait été seulement un guide spirituel, peut-être la situation aurait-elle été différente. Mais il était aussi le seigneur des Etats pontificaux, des terres au milieu de la péninsule italienne que Charlemagne avait offertes au pape qui l'avait couronné empereur. Les souverains pontifes soutenaient qu'ils ne seraient respectés qu'en possédant des terres, comme c'était le cas pour n'importe quel laïc. Mais ils prétendaient aussi détenir une autorité spirituelle, et les deux allaient mal ensemble.

Severus se doutait que les joyeux chevaliers qu'il voyait devant lui n'avaient pas en tête ces considérations politiques. Ils voyaient une occasion d'intimider, de montrer leur force. Peut-être l'idée de sauver un innocent en détresse était un appel à leur code de chevalerie cela faisait partie des règles que l'on leur répétait le jour où ils étaient adoubés, où ils passaient du stade d'écuyer à celui de chevalier proprement dit. Pour la plupart d'entre eux, ces règles étaient oubliées rapidement après.

Il restait à espérer que Sirius Black ne leur avait pas parlé des accusations d'homosexualité qui pesaient sur Harry. Ils seraient moins enclins à aller le délivrer, dans ce cas.

Severus se hissa sur la jument. Il avait l'impression que cet exercice infligeait une grave blessure à sa dignité habituelle. Si Harry le voyait, il hurlerait de rire.

Olivier Dubois lui lançait des regards intrigués. Il n'était sans doute pas au fait de ce qui se passait vraiment. Sirius Black était du genre à garder les informations pour lui. Alors Olivier se demandait probablement ce que signifiait ce départ tardif, et pourquoi diantre le précepteur des fils du baron était parmi eux...

Les deux autres chevaliers semblaient moins curieux. Ils obéissaient aux ordres sans demander ni quoi, ni qui, ni pourquoi et certainement leur vie était-elle nettement plus simple.

Les deux cavaliers de tête ouvrirent la route, chacun portant un flambeau, et les trois autres prirent leur sillage. Severus fermait la marche. Il reprenait espoir. Il avait hâte.

Lorsqu'ils parvinrent à Little Hangleton, ils virent tout de suite que la petite ville était en proie à une grande agitation. Des gens s'étaient rassemblés sur la place du village et discutaient avec animation. D'autres étaient entassés auprès de la tour qui abritait la prison et semblaient en faire le siège. Tous gesticulaient et parlaient fort, mais le bruit de leurs conversations se mêlant, il était impossible de reconstituer une seule parole.

Cloîtré.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant