₰ Chapitre 3 ₰
Je me relevais sans dire mot, ses yeux céruléens me scrutaient de manière indéchiffrable. Son regard était envoutant, ses yeux scintillaient comme des diamants, leur couleur était changeante, d'une intensité variable, parfois d'un profond bleu cérulé, et le plus souvent azurés, tellement clairs et lumineux qu'on pourrait les croire d'une transparence bleutée, je n'avais jamais vu un tel regard. J'avais envie de me perdre dans cette infinité de glace.
C'est alors que je remarquais qu'une fois encore, il n'y avait qu'elle et moi dans le couloir, mon professeur s'était éclipsé. J'attendais une réaction de sa part, mais rien, elle ne cillait pas et restait là à plonger son regard givré dans le mien.
Je ne savais plus vraiment comment réagir, mais je n'eu pas besoin d'y réfléchir, un jeune homme surgit de l'encadrement d'une porte en vociférant ces paroles :
- « Ne l'approche pas ! Je ne te le dirais pas une fois de plus. »
Son visage était déformé par la colère, ses yeux pleins de rage, le ton avec lequel il avait hurlé ça impliquait de ne pas essayer d'aller contre son avertissement.
Seulement, dès qu'il remarqua ma présence, son expression changea du tout au tout, j'avais dû surprendre une « conversation » privée, puisqu'il paraissait décontenancé, je lui avait décidément rabattu le caquet.
Son regard passa de moi à l'autre fille, et dans un dernier élan de panique, il attrapa le bras de la brune, et s'engouffra avec elle d'un pas pressé dans les allées du bâtiment.
Je presse le bouton de mon téléphone pour augmenter le volume de ma musique. Les secousses dans le bus se font ressentir au même rythme effréné que mon son. Je ne cesse de me remémorer la scène qui s'était occasionnée sous mes yeux ce midi. Les questions fusaient dans mon esprit, mais aucune réponse assez sensée ne me venait. J'avais en plus de ça le chic d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Je chasse les évènements récents de mon esprit et me concentre plutôt sur le prochain arrêt, je n'ai pas cours cet après-midi, donc je vais en profiter pour découvrir un peu plus les environs. Je descends donc du bus au centre-ville et entreprend de me promener un peu dans les rues. C'est une ville ancienne, avec du cachet, on pourrai presque penser faire un saut au Moyen-âge en voyant le style des bâtisses et des pavés. C'est une ville qui a vécu, on voit que le charme est dû à l'œuvre du temps.
Je parcoure les rues et peux observer des magasins de souvenirs, des boulangeries rustiques, de charmantes auberges, des petits commerces, j'entre dans quelques boutiques de produits locaux et continue mes découvertes. Je m'attarde alors devant la vitrine d'un bouquiniste-antiquaire, une vieille enseigne émaillée pend lamentablement sur la devanture de la boutique. Sur celle-ci est incrustée une clé rouillée, juste au-dessus de laquelle on peut lire « McCrédit ». J'entreprends donc d'entrer et suis aussitôt fascinée, ayant le dessin et la lecture pour passion, je suis directement absorbée par la magie que dégage les lieux ! La luminosité dans la pièce est tamisée, l'ambiance est chaude et chaleureuse. Quelques rayons d'étagères remplies de vieux bouquins occupent la plupart de l'espace, contre le mur à côté de la porte d'entrée sont jonchées des caisses remplies d'antiquités de toutes sortes. Emportée par ma curiosité, j'y décèle des vieux bibelots en tout genre, d'autres caisses contenant des ustensiles rouillés, des objets de collection, des sculptures en bois et enfin une dernière caisse contenant une myriade de clés ravagées par le temps. L'endroit est vraiment insolite, je fais quelques pas de plus et trouve un vieil homme confortablement installé sur un rocking-chair auprès d'un âtre, à un coin de la pièce, un livre poussiéreux entre les mains.
L'homme paraît absorbé par sa lecture, je ne veux pas l'interrompre mais me risque tout de même à lui signaler ma présence en toussotant. Il est alors pris d'un léger sursaut et tourne vivement la tête dans ma direction.
- « Oh ! Bonjour ma petite, je te prie de me pardonner, je me fais vieux je ne t'ai pas entendue entrer ! Je suis monsieur McCrédit, le propriétaire de cette vieille boutique poussiéreuse ! »
- « Désolée de vous avoir fait peur, votre boutique est magnifique, vous avez des ouvrages qu'on ne peut normalement plus trouver ! «
- « Comme je suis heureux d'entendre dire ça ! Tu peux venir quand bon te semble, les livres sont empruntables ou si tu préfères tu peux venir lire ici, j'ai placé des fauteuils à cet effet »
- « Ce sera avec plaisir ! »
C'était un de ces gentilshommes, aussi généreux que leur embonpoint, un grand-père aimable comme j'aurai souhaité en avoir un. Je regardais d'un œil avide les ouvrages qui s'offraient à ma vue, que des grands classiques introuvables d'accoutumée. Je savourais la pensée des nombreuses heures que j'allais passer là, à dévorer les pages de ces livres.
Après cette petite escapade en ville, j'étais rentrée chez moi. Allongée sur mon lit, je griffonnais des personnages sur un carnet à croquis. J'aimais donner cette lueur de vie dans les yeux des protagonistes que j'imaginais. C'était mon échappatoire, avec l'écriture, je pouvais passer un temps considérable sans voir les heures défiler à laisser aller les traits et les courbes donner naissance à des créatures en tout genre. La plupart jugeait que j'avais une sensibilité artistique, ils étaient impressionnés par mes dessins.
Absorbé dans mes coups de crayon, Je sens néanmoins une légère pression sur ma jambe qui m'interrompt dans mon activité, et je vois la couette s'agiter dans de petits grattements, ces frottements remontent jusqu'à ma poitrine, et je vois alors surgir de sous ma couette la tête toute ébouriffée de mon petit chat, Gryps. La boule de poile me guette de ses yeux gris et vient se frotter contre ma joue. J'avais Gryps depuis un ans, on l'avait trouvé sur le pas de notre porte, apparemment sans propriétaire et curieusement en pleine forme et extrêmement docile. Je m'étais immédiatement prise d'affection pour lui, il était très doux, me suivait comme mon ombre et me donnait parfois l'impression de vouloir me protéger. C'est bête mais c'était en quelques sortes mon confident, il assistait à tous mes débats animés et semblait être amusé par ces monologues interminables. Toujours y était-il très attentif, me scrutant de ces yeux gris scintillants, haussant les oreilles ou penchant la tête de côté pour toute réponse. Il m'avait donc paru évident qu'il viendrait vivre avec moi quand j'aurai quitté mes parents, bien que ma mère fût tout d'abord réticente. Je caressais son fin pelage gris et il se mis à ronronner, je jetai un coup d'œil à l'heure et décidais qu'il était largement temps pour moi de dormir. J'enfouis la tête dans mon oreiller et ferme les yeux, mon petit compagnon se blottissant tout contre moi.
VOUS LISEZ
Fleur de glace ~ Tome 1 : l'envoûtante ténébreuse
RomanceUne nouvelle vie s'offre à Arya, celle-ci va vite s'épanouir en entrant dans le supérieur. Nouvelles fréquentations, nouvelles ambitions, nouveau cadre de vie. Tout sourit à cette jeune fille rêveuse. Or ses plans vont vite être contrariés lorsqu'el...