Chapitre 16 - partie 2

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                              ~ Chapitre 16 ~
                                   Partie 2

13h30.

Le cours se déroulait dans un calme olympien. Notre professeur de biologie nous faisait la présentation de quelques photographies de virus observés au microscope, projetées sur le tableau. Le sujet me passionnait, si bien qu'aucune bribe de parole ne m'échappait. Je buvais les paroles de l'intervenant, mon attention ne se décrochant pas des explications animées et imagées de l'organisation de ces petits organismes.

L'image projetée par le vidéo projecteur vacilla légèrement, avant de disparaître momentanément et de revenir. L'appareil grésilla un coup. Le professeur interrompu le fils de ses explications, se gratta la tête et tenta de régler le projecteur. Alors que celui-ci était occupé à ses bidouillages, mes yeux se promenèrent sur les rangées de têtes. Certains élèves se portèrent volontaires pour aider l'intervenant ou pour aller chercher un technicien, d'autres s'engagèrent dans des discussions chuchotées, ou encore avaient la tête entre les mains, de toute évidence profitant du cours pour roupiller.

Marley elle, était avachie sur sa chaise au fond de la salle, les pieds croisés sur la table. Elle se contentait d'être là, indifférente à ce qui l'entoure, fidèle à elle même.

Sa posture provocante n'avait pas eu l'air de perturber notre cher professeur, enjoué par le thème qu'il traitait. Mon regard croisa le sien, mais son expression resta tout aussi vide et détachée. Je ne sais pas si son attitude s'expliquait par le fait que tout cela ne l'intéressait pas, ou parce que les choses lui paraissait d'un ennui monstre par leur simplicité - car la petite brune oisive avait d'excellents résultats à côté de son manque d'investissement.

L'engin défectueux émit une onde stridente, puis l'image reprit sa place au centre du tableau. Satisfait, le professeur remercia les élèves et les invita à reprendre leur place.

Un soupir de lassitude s'éleva dans mon dos, inutile de me demander qui trouvait le temps long.

Je me concentrait à nouveau sur le discours de notre supérieur. L'entrain qui était encré sur son visage n'en rendait son cours que plus intéressant, mais je me navrais de voir que peu d'étudiants le suivait, sans doute en pleine phase de digestion en ce début d'après midi.

- et donc, ces organismes peuvent se séparer par mécanismes de fission ou de scissi...

Notre orateur fut interrompu une fois de plus.

L'image qu'il pointait à l'aide de son stylo laser se mit à tressauter. Le vidéo projecteur grésilla de plus belle, et j'entendis l'intervenant jurer. Il tapota la machine dans l'espoir dans la faire marcher - je vis à son expression qu'il commençait à perdre patience.

L'image disparu brusquement, laissant le tableau vierge. L'homme se redressa et caressa sa barbe naissante. Le projecteur était capricieux aujourd'hui.

L'image réapparut par bref à-coups, et lorsque celle-ci cessa de vaciller pour se figer sur la surface blanche, je me pétrifiais sur ma chaise.

Le cliché exposé sur le tableau suscita une vague de stupeur au sein du groupe. Lorsque le professeur se retourna pour voir la cause du mutisme soudain de ses élèves, sa bouche s'affaissa et il fut en proie au désarroi.

Quant à moi, je me liquéfiais sur place. j'étais cramoisie de honte, me recroquevillant sur ma chaise. Je sentis alors les regards porteurs de jugement ou curieux se poser sur moi. Je me mordis la lèvre pour empêcher les larmes d'affluer.

Je sentis un goût métallique emplir ma bouche, ma lèvre était coupée et pourtant c'était mon coeur qui semblait saigner.  Je clignais des yeux plusieurs fois dans l'espoir de chasser de ma vue la photographie qui avait pris place à la place du cours.

Fleur de glace ~ Tome 1 : l'envoûtante ténébreuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant