Chapitre 31 - Final

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                        ~ Chapitre 31 - final ~

J'avais l'impression d'être la protagoniste d'un de ces mauvais films à suspens, prostrée comme je l'étais devant cette porte inhospitalière avec une clef grosse comme mon poing. Généralement, c'est à ce moment précis du film que la personne réussit à déverrouiller la porte, pour finalement découvrir que l'endroit ne recelait rien d'intéressant.
Sauf qu'à cet instant, mon impression était toute autre. J'avais l'intime conviction qu'on avait cherché à cacher quelque chose dans ce grenier. La sensation brûlante que j'étais sur le point de parvenir à bout de mon dessein faisait virevolter une aura de ferveur autour de moi.
Je gravis les quelques marches me séparant de mon objectif. Les yeux rivés sur la serrure, je sentis les pulsations de mon coeur s'intensifier à mesure que j'approchais la clef du verrou.
J'inspirais profondément.
Les paroles de Marley, qu'elle avait si mystérieusement prononcé lorsque je donnais un coup d'éclat à la collection de vieilles clés, submergèrent mon esprit en une vague : "qui sait à quels endroits elles pourraient mener...peut-être à des lieux gardés secrets."
Et j'expirais lentement, enfonçant la clé dans l'orifice de la serrure.
Le motif du panneton devait correspondre à celui de la garniture, puisque la clé suivi le chemin souhaité sans encombre. Je pivotais l'outil, et les goupilles s'enclenchèrent en émettant une série de cliquetis.
S'en suivirent des bruits de rouages qui s'emboîtent et s'entraînent dans une danse mécanique les uns aux autres ainsi que des grincements probablement dûs à l'état déplorable du mécanisme.
Il y eu ensuite un déclic retentissant, puis le silence.
La lourde porte s'entrouvrit légèrement dans un grincement morne, juste assez pour laisser parvenir une étrange clarté par l'entrebâillement. Je risquais un regard dans cet antre lugubre animé de ce faible éclat.
Aucune masse tapis dans l'ombre n'expliqua les mystérieux bruitages. Je discernais seulement quelques meubles à travers l'épaisse obscurité. Mes yeux se braquèrent sur mes pieds quand ces derniers franchirent le pas de la porte, comme pour m'assurer que ce passage de l'autre côté n'allait pas me pétrifier. Comme attendu, il n'en fut évidemment rien.
Je tirais d'épais rideaux sombres accrochés au dessus des deux uniques fenêtres de la pièce. De la lumière jaillit immédiatement des carreaux fissurés. J'allais enfin voir un peu plus clair à tout ça.
L'endroit était petit, pour ne pas dire étroit, de l'envergure d'une chambre de bonne.
Un pan de mur était habillé d'une commode en bois de chêne massive et à côté reposait un miroir à pied. Je voulais cependant bien croire que personne ne venait jamais ici, des toiles d'araignées et de la poussière tapissaient la moindre surface.
Le centre du grenier était occupé par un pupitre, sur lequel semblait placé quelque chose.
Je m'approchais davantage de la console et tombais sur un vieux manuscrit ouvert sur une page précise. Je me penchais sur le bouquin pour décrypter les inscriptions mais celles-ci étaient illisibles, une épaisse pellicule de poussière le recouvrait entièrement et de fins tissages de toile d'araignée pendaient sur les rebords.
Je soufflai un grand coup et la poussière vola dans l'air, m'arrachant une quinte de toux.
Je pus enfin voir un petit paragraphe écrit à la plume. Je commençais alors à lire à haute voix le contenu :
- "Ne poursuivez pas votre lecture, ou c'est nous qui vous poursuivrons."
Sceptique, je ne fis nullement attention à cet avertissement et continuais.
- "Je pénètre sur le territoire des..."
- qu'est-ce que tu as fait.
Une voix éteinte me coupa dans ma lecture. Son ton était froid et tranchant. Je sentis un regard appuyé dans mon dos, mais nul besoin de me retourner, je savais de qui elle provenait.
Je me sentais un peu coupable de me faire prendre sur le fait, ici, alors qu'elle m'avait sommé de ne jamais y mettre les pieds.
J'attendis un mot de sa part, qu'elle dise autre chose, mais elle n'en fit rien.
Au lieu de ça, quelque chose d'étrange se passa.
L'atmosphère devint soudainement plus froid, je vis les poils se hérisser sur mes bras, la chair de poule me gagna en un rien de temps.
Incapable de me contrôler face au froid mordant qui tombait de façon si soudaine, mon corps fut secouer de grelottements.
La température chutait de manière irréelle, je vis des gelures parcourir le livre qui me narguait de son insensibilité à ce froid.
Je frissonnais, mes dents s'entrechoquaient et ma respiration saccadée laissait échapper des nuages de buée. Je ne comprenais pas ce qui était en train d'arriver.
Pourquoi la température chutait drastiquement dans ce grenier ? La réponse était pourtant simple...
Tout cela relevait de l'impossible, c'était dérisoire. Les choses m'échappaient. Je me retournais alors nonchalamment pour faire face à celle dont le premier mot n'avait alors deja été qu'un mensonge.
Elle me dévisageait, le regard vide, le visage dénué de toute expression. J'attendais qu'elle parle, qu'elle me dise que tout ça n'était pas vraiment réel, qu'une fenêtre s'était ouverte et qu'un puissant courant d'air froid s'était engouffré dans la pièce...
Mais les fenêtres étaient parfaitement closes, et Marley ne cillait pas.
C'est alors que j'entendis de légers craquements. Mon regard plongea directement sur le sol. Du gel était en train de naître aux pieds de la ténébreuse, avant de s'épanouir sur le sol dans une nuée de cliquetis. Je relevais le menton, la brune me scrutait de manière indéchiffrable. Ses yeux glacés se confondaient à la traînée de givre miroitante répandue sur le parquet grinçant.
Son teint ne m'avait jamais parut aussi diaphane que présentement. Des flocons de neige éthérés virevoltaient autour de ses mains...pouvais-je croire à cette vision fantasque que mes yeux se plaisaient à me faire voir ?
Une petite masse ombragée attira ensuite mon attention. Gryps se tenait près du miroir à pied posé dans un coin de la pièce.
Je le vis s'étirer de tout son long, avant de bondir en avant, son apparence féline s'évaporant dans les airs dans un tourbillon de brume.
Pour finalement se révéler sous l'apparence de Kieran...
Je voulu crier, que toutes ces absurdités relèvent du songe. Mais aucun son ne sortit de ma bouche, et j'étais bien là, réveillée et campée sur mes jambes flageolantes.
Où se trouvait la vérité ?

Marley plissa les yeux, les réduisant à deux fentes bleutées. Un sourire pernicieux étira le coin de ses lèvres.
Sa voix désincarnée transperça tout mon être :
- bienvenue dans notre monde, princesse.







                                      FIN
                         De la première partie

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Et voilà, l'aventure s'achève ici !
Je pense que la fin de cette histoire aura pris une direction à laquelle vous ne vous attendiez pas vraiment, mais tout était prévu comme tel dès le commencement de sa rédaction ^^
J'avais semé des indices un peu partout tout au long du récit pour préparer à cette conclusion...et oui, de la fantasy se cachait derrière tout ça 🤔
C'était la première fois que je m'essayais à l'écriture, alors j'espère que vous aurez pris autant de plaisir à lire que moi à l'écrire...
Je procéderai très probablement à une réécriture afin d'alléger certains passages, ou au contraire pour en complexifier d'autres... et surtout pour remédier à des éventuels problèmes d'incohérences, car l'écriture de ce récit se sera au final étendue sur une longue durée !

À très vite, et merci à vous de vous être égarés sur les pages de cette histoire... 😘

Fleur de glace ~ Tome 1 : l'envoûtante ténébreuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant