Chapitre 20

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~ Chapitre 20 ~


- j'ai fais quoi ?!

Marley arborai maintenant un fin sourire moqueur. Celle-ci me racontait avec nonchalance le déroulement de la soirée dernière.

Un compte-rendu assez chaotique, dois-je l'admettre.

- sans parler de l'issue de votre petite virée en moto, l'autre garçon a bien failli y laisser la vie. Mais il va s'en sortir, ne t'en fais pas.

Waoh, je restais bouche bée, si je récapitulais, j'avais bu à un point qui ne me permettais pas de me souvenir de grand chose, je m'étais frottée sans grande décence a de parfaits inconnus et j'avais fait une petite balade de plaisance en moto avec deux individus ivres morts - la mort ayant d'ailleurs raflée de justesse un des deux énergumènes.

- je suppose que j'ai eu de la chance ...

- tu supposes bien, sans parler que si je n'étais pas arrivée à temps, ce garçon serait sans aucun doute allé plus loin avec toi.

Je me mords la lèvre, cette soirée aurait pu déraper à tout point de vue.

- et comme ses mains baladeuses n'avaient pas l'air de te déranger...

Je lève les mains et grimace.

- ça va ça va j'ai compris. Arrête maintenant je ne veux pas savoir les détails.

Marley, adossée contre un arbre, relève la tête. Le soleil illumine les motifs de ses iris azurés. Elle dirige son regard sur moi et me perce de ses yeux glacés.

- oh et, tu m'as embrassé. Sans oublier que tu m'as dis que tu m'aimais.

Je senti le rouge me monter aux joues, je n'avais nullement le souvenir d'avoir fait ça.

- ne profite pas que je me souvienne de rien pour me faire croire des bêtises.

- non non je t'assure... d'ailleurs je voulais te voir pour te parler de ça.

Prévisible comme elle l'était, je m'attendais à ce que Marley me dise que je ne devais pas l'approcher, et tous ces sermons énigmatiques qui allaient avec.

J'attendais qu'elle poursuive.

- tu... visiblement, tu as des sentiments pour moi. Je ne comprends d'ailleurs toujours pas comment une telle chose est possible sachant que je me comporte de manière exécrable...

Je me sens me raidir. Je n'avais guère envie d'aborder ce sujet avec elle.

- et...?

Marley sourie doucement.

- tu ne le nie pas...

Ecoute Arya, les choses commencent à m'échapper... Tu ne peux pas t'amouracher de moi, je ne laisserai pas faire ça.

Je me détourne, je n'arrive plus à soutenir son regard.

- Je vais m'effacer, tu n'entendras plus parler de moi... tu es une fille bien alors ... je n'ai pas envie d'empoisonner ton existence.

Je lève les yeux au ciel, rassasiée de ces paroles sans cesse ressassées.

- oh je t'en prie arrête, tu ne fais que te répéter. Je sais, je ne devrais pas t'approcher tout ça tout ça... je connais le discours.

Marley me voua alors un sourire sans joie.

- ce n'est pas des paroles dans le vent, cette fois-ci. Je vais partir... ce que je veux dire, c'est que je vais quitter l'université, et partir d'ici.

Je plissais des yeux et la jaugeais du regard. J'attendais qu'un petit sourire en coin la trahisse, elle n'était pas sérieuse, c'était évident.

- à d'autres... je commence à avoir l'habitude de tes petites mises en scène.

Elle fit la moue, et lâcha un soupir.

- vérifie par toi même si tu ne me crois pas. Vas voir le directeur et demande lui si je n'ai pas donné ma démission quelques heures plus tôt.

Je secoue la tête, agacée.

- te fatigues pas c'est bon. Je te connais.

Marley parut piquée par mes propos.

- tu ne me connais pas non. Tu ne sais rien de moi. Tu n'as pas la moindre idée de l'atrocité des choses que j'ai pu faire. Je ne suis pas une bonne personne, alors il vaut mieux pour toi que tu m'oublies. Mais ne t'inquiètes pas, je vais te faciliter la tâche en déguerpissant d'ici.

Son regard s'était assombrit, tout sourire s'était évanouit.

- bon et bien, je vais te laisser. Tu ne me verras plus jamais après ça. Je finirai par n'être qu'un lointain souvenir.

Elle s'approche alors de moi, dépose un baiser sur mon front et ajoute avant de tourner les talons :

- et, fais moi une faveur, fais attention à toi.

Je lui assène un coup de coude au vol, et lui lance, une pointe de sarcasme dans la voix :

- ouai, c'est ça, à demain ! Et n'oublies pas qu'on est en binôme pour la séance de chimie.


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La journée est finie, j'ai passé l'après midi à travailler sur un exposé à la bibliothèque avec Kieran. Ce dernier y est encore, un vrai bourreau de travail, ce garçon.

Je scrute les panneaux d'affichage pour y trouver une éventuelle programmation de contrôle ou autre information. Mais je n'y décèle rien de bien intéressant.

Mon regard s'attarde alors sur la porte du bureau du proviseur. Un instant l'idée de lui demander si cette histoire de démission était vraie traversa mon esprit.

"C'est ridicule Arya, c'est juste ce qu'elle aimerait que tu fasses, elle aime bien te leurrer."

Je pince les lèvres et secoue la tête. Quelle sotte je suis. Je tourne les talons pour prendre la direction de la sortie, mais une voix s'élève dans mon dos.

- oh, mademoiselle stonefire, vous tombez bien, j'avais à vous parler.

Nul besoin de me retourner pour reconnaître la voix nasillarde du directeur. Je me retourne et attends qu'il poursuive, incrédule.

- juste pour vous informer que mademoiselle Grey a quitté l'établissement, et que vous devrez par conséquent travailler seule vos devoirs ou trouver un autre binôme libre.

Je ne réponds pas. Je ne peux pas... la voix de l'homme au faciès de rongeur bourdonne à mes oreilles. "mademoiselle Grey a quitté l'établissement"

Elle n'avait pas menti, la peste...prise de vertige, je m'adosse contre le mur pour ne pas tomber à la renverse.

Partie.

Évanouie avec le soleil tombant.

Et j'ose enfin me l'avouer, partie... avec un fragment de mon être.

Qu'il est idiot de s'être éprise d'une inconnue. Qu'il est naïf de ma part, d'avoir placer tous mes espoirs en une fille sombre et instable.

Ce n'est que sottises d'avoir cru que cette énigmatique ténébreuse aurait pu ressentir ne serait-ce que de la sympathie à mon égard. Je l'ai ennuyée, voilà tout. Je suis devenue trop encombrante, trop niaise et incapable de m'en sortir de crasses sans doute fait par de pauvres jeunes en quête d'occupations. Elle a du se lasser de la fillette exemplaire pleurnicharde qui ne cessait de se moucher dans sa manche.

Et comme le fait de n'avoir aucun moyen de la joindre ou de savoir où elle serait me vint alors à l'esprit, mon coeur s'en fissura davantage. Je ne la reverrai plus...


Fleur de glace ~ Tome 1 : l'envoûtante ténébreuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant