Chapitre 24

300 22 0
                                    

- Chapitre 24 -


L'air frais fouettait mon visage, mes cheveux claquaient au vent.

Cette brise soulevait le sable environnant qui virevoltait a quelques centimètres du sol. Le mercure plongeait inexorablement vers son point de convergence.

Mon regard se promenait sur le terrain en friche bordant l'ancienne zone industrielle. Des outils, de la ferraille et autres carcasses métalliques gisaient ça et là, au milieu d'un panorama qui offrait la vue sur des cheminées d'usine et des décombres de bâtiments désinfectés.

Ce parc industriel fut fermé quelques années plus tôt car on jugeait qu'il apportait de la pollution visuelle, perché sur la colline qui surplombe la ville, mais surtout pour assainir l'air ici.

Les lieux étaient déserts la majeure partie du temps, et occupés par des jeunes en quête d'un endroit reculé pour leurs activités douteuses la nuit.

Les vibrations de mon téléphone m'arrachèrent à ma contemplation. Nouvelle notification de message de l'inconnu.

"Bien, tu vas devoir être efficace pour ta tâche d'aujourd'hui, le soleil ne tardera pas à se coucher. Je souhaite que tu grimpes jusqu'au sommet de la cheminée d'usine du terrain, et que tu récupères un petit papier que je t'ai glissé. Tu ne le déplieras sous aucun prétexte au moment où tu t'en saisiras. En revanche je veux que tu le lise dans trois jours. Bonne ascension."

La main qui tenait fermement mon téléphone portable retomba mollement le long de mon corps. Ma bouche s'affaissa, puis un rire nerveux s'en échappa.

"Attends l'inconnu, t'es pas sérieux là. Tu veux vraiment que je monte là-haut."

Je dis ces paroles pour moi-même, d'un ton étrangement calme. Les mots s'envolèrent avec la brise.

"T'as vraiment pour projet de me tuer."

J'émis quelques bruits de claquements avec la langue, signe que je réfléchissais. La cheminée d'usine devait bien faire quelques trente mètres de hauteur, de là où j'étais, cette ancienne bouche fumante avait l'air de tendre vers les étoiles.

Je restais plantée là pendant plusieurs minutes, contemplant la tour qui se dressait devant moi, les bras ballants et incapable de prendre une décision.

Ce fut avant que les évènements récents ressurgissent dans mon esprit, la trahison, l'indifférence... toute la fureur et la tristesse m'ayant animé plus tôt refirent alors surface, assez pour me submerger d'un courage nouveau.

"Bon et bien, c'est parti. Que l'ascension commence."

Je m'engageais sur la voie ferrée, et longeais silencieusement les rails pour rejoindre le pied de la cheminée. Les herbes hautes s'agrippaient à mes jambes, comme pour me retenir de faire une telle folie. Folie, qui était de monter au sommet d'une cheminée d'usine haute comme deux immeubles, sans sécurité et seule.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Mes derniers instants d'hésitation furent courts, marqués par une respiration haletante et saccadée.

La hauteur de la cheminée était beaucoup plus renversante vue depuis le bas de l'édifice. Le sommet n'était pas clairement visible et semblait s'étendre vers les cieux.

Le seul moyen qui s'offrait à moi pour escalader le cylindre massif était une échelle en ferraille.

J'agrippais alors fermement les barreaux, qui émirent un grincement plaintif, comme près à s'arracher de leur support.

Fleur de glace ~ Tome 1 : l'envoûtante ténébreuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant