Chapitre 4 - Sebastian

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Je me réveille, toujours à la même heure et conduit Matthéo à la crèche avant de me rendre au boulot. J'ai un peu de mal à me faire à cette nouvelle voiture, l'ancienne me convenait très bien, mais ce n'est qu'une question de temps. J'ai toujours apprécié les grosses voitures, comme mon père. Je les aime noires et celle-ci est le modèle parfait que j'imaginai dans ma tête. Elle m'aurait parfaitement convenu si je n'avais pas été obligé de l'acheter suite à l'accident.

Lorsque j'arrive au bureau, une pile de dossier m'attend et je soupire en m'installant. Kylie est une bonne secrétaire, mais elle est nouvelle et je tiens absolument à pouvoir vérifier son travail pendant quelques temps, du moins, jusqu'à ce que je sois sûr qu'elle ne fasse plus d'erreur.

Je ne suis pas le genre de patron compliqué et désagréable, au contraire, je traite mon personnel comme ma famille, mais je veux que le travail soit fait de manière sérieuse et sans erreur. Nous avons trop de concurrents sur le marché pour se permettre d'en faire, aussi petites qu'elles soient.

-          Bonjour monsieur Smythe. Je me suis permise de déposer les dossiers sur votre bureau. Il y en a beaucoup aujourd'hui, donc si vous avez besoin d'aide je suis à votre disposition.

-          Merci Kylie, c'est aimable de ta part, mais... Jusque quelle heure as-tu travaillé hier soir ? Tu as dû faire au moins deux heures d'heures supplémentaires pour m'apporter tout ça.

-          Oh, pas vraiment vous savez... J'ai simplement quitté le bureau un peu plus tard hier, et je suis arrivée tôt aujourd'hui...

Elle me sourit et s'appuyant contre la porte et passe ses doigts dans ses cheveux d'un blond éclatant. Je l'apprécie beaucoup, mais cette fille a l'air d'avoir besoin de beaucoup d'attention. Je ne sais pas si elle se rend compte que je remarque chaque jour qu'un bouton de plus est détaché sur sa chemise et que ses jupes se font de plus en plus moulantes. Ça me gêne un peu, et je suppose qu'il va falloir que je lui dise.

-          C'est super Kylie, mais penses un peu à te reposer, je comprendrai que tu ne passes pas toute ta vie ici.

Elle rit en haussant les épaules et ouvre la porte, s'apprêtant à sortir.

-          Nous vous en fait pas monsieur Smythe, ce n'est pas comme si j'avais d'autres choses à faire, j'ai très envie de vous satisfaire.

Elle me lance un regard, souriant finement en coin de bouche alors que je détourne le regard en me raclant la gorge, manquant de rire face à la manière dont ses sous-entendus sont si peu dissimulés.

-          Bonne journée, Kylie.

Je n'ai jamais vraiment été très à l'aise avec les femmes, et leurs avances me gênent réellement. Selena et moi nous sommes rencontrés lorsque nous avions douze ans et j'en suis très rapidement tombé amoureux. Je suis le genre de personne qui lorsqu'elle tombe amoureuse, se voue entièrement à cette histoire et ne passe pas vraiment à autre chose. Elle rêvait de devenir actrice depuis son plus jeune âge. Ce n'était pas un rêve de gamine du style « je veux devenir chanteuse ou vétérinaire » non, Selena voulait devenir actrice, et déjà à cet âge, elle aurait tout donné pour y arriver.  Je la voulais réellement, et j'ai dû attendre cinq longues années pour qu'elle accepte enfin l'une de mes invitations. Elle était ma meilleure amie et je connaissais ses goûts par cœur, donc lorsque je l'ai emmenée en balade au bord de la plage pour finir par dîner sur une table ornée de chandelles au bord de l'eau, elle ne m'a plus quitté. Jusqu'à il y a sept mois, du moins. J'avais parfaitement conscience d'en faire beaucoup trop pour ce rendez-vous, mais elle voyait toujours les choses en grand, et j'étais sûr que ça allait fonctionner de cette manière. Nous nous sommes mariés à l'âge de vingt et un ans, et nous avons eu Matthéo à vingt-trois. Nous avions une vie parfaite, une belle maison, un enfant, et malgré l'alliance, elle restait ma meilleure amie, ma confidente. Mais plus les mois passaient et plus elle se détachait de moi. Elle passait de plus en plus d'auditions, de plus en plus éloignées du pays et je sentais qu'elle prenait son envol. Je ne lui en ai jamais voulu, depuis son départ jusqu'à maintenant, je me suis toujours senti extrêmement fier d'elle, et rien ne me rend plus heureux que lorsqu'elle me téléphone pour me raconter comment se passe sa vie dans les quatre coins du monde. Elle me promet qu'elle m'aime et qu'un jour elle reviendra, et je suis sûr que ses paroles sont sincères, qu'elle voudrait réellement revenir près de nous, mais je doute qu'elle ne le fasse et plus le temps passe et plus je me fais à cette idée. J'ai perdu ma femme et un jour elle tournera la page, tout comme j'essaye désespérément de le faire.

Give Me Love (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant