Give Me Love (terminé)

Chapitre 19 - Sebastian

Lorsque je rentre à la maison, Selena est endormie dans le canapé couverte d'un plaid et je m'approche sans trop savoir quoi faire. Je sais que je suis censé la mettre au lit et la couvrir correctement bien au chaud, mais c'est exactement ce que je viens de faire avec Nohayla et je ne veux pas avoir l'impression de jouer sur deux tableaux. Je pose ma main sur son épaule et la secoue tout doucement pour la réveiller. La toucher me fait un effet bizarre, comme si j'approchais l'inconnu et l'habitude à la fois, je ne sais pas comment me comporter.

-          Selena, il est très tard, vas au lit.

J'ai peur de paraître froid, donc je prends une voix des plus douces possible, mais j'ai comme l'impression de jouer un rôle. Elle se redresse et me regarde, se frottant les yeux en regardant autour avant de hocher la tête.

-          D'accord, merci.

-          De rien, bonne nuit.

Je monte à l'étage et entre dans la douche, fermant les yeux en soupirant. Nohayla me manque déjà et je sais que je suis très certainement en train de lui briser le cœur. Selena vient de rentrer à la maison et je suis déjà complètement perdu. Très sincèrement, je n'ai aucune idée de comment me sortir de tout ça, j'ai à peine eu le temps d'y réfléchir et j'en attrape la migraine. Je ne veux pas lui faire de mal, mais je sais que d'un point de vue rationnel, je devrais donner une seconde chance à Selena, pour mon fils principalement. Il mérite de vivre une vie de famille parfaite, loin d'histoires de couple et de disputes mais dans un autre sens, il est encore trop jeune pour souffrir d'une éventuelle séparation et bien que Nohayla ne remplacera jamais Selena en tant que mère, ils sont assez proches pour que rien ne le choque et qu'il soit habitué à une vie avec sa mère d'un côté, ainsi qu'avec Nohayla et moi de l'autre. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Pourquoi est-ce qu'il fallait qu'elle revienne maintenant, quand je suis totalement guéri de notre relation ? Quand je pose les yeux sur elle, j'ai l'impression d'observer une étrangère au coin de la rue d'en face, comme si nous n'avions jamais rien partagé ensemble. Je sais que pour elle je resterais toujours « son gentil Sebastian », mais j'ai bien peur de ne plus être cet homme et si elle avait connaissance de ma nouvelle relation, je deviendrais très certainement « l'horrible Sebastian ». Mais si on y réfléchit deux secondes, elle seule est l'horrible personne dans toute cette histoire. Ma tête va exploser, je n'ai même pas la force de prendre cette foutue douche.

J'entre dans la chambre d'ami et me pose sur le lit en regardant autour. Je n'ai pas l'habitude d'être dans cette pièce, j'ai l'impression de dormir chez un étranger et pus j'y pense, plus je me demande pourquoi c'est elle qui a droit à ce grand lit que je peux qualifier comme m'appartenant entièrement depuis plus de huit mois. Je fixe le plafond durant des minutes entières et au fil des secondes, je peux presque sentir l'odeur de Nohayla dans les draps. Chaque instant passé sans elle est de plus en plus difficile, je sais que c'est un peu bateau, mais elle me manque atrocement et je ne peux m'empêcher de penser au fait qu'elle est très certainement en train de pleurer par ma faute. J'ai toujours voulu stopper ses larmes, et l'idée que cette fois, ce soit de ma faute... Ça me rend tout simplement malade. Au fond, je me dis que la personne qui souffre le moins dans tout ça, ça doit être Selena. Elle a pu se passer de moi pendant des mois, alors que le simple fait de ne pas dormir avec Nohayla nous brise le cœur à tous les deux. Mon cœur me dit de courir jusqu'à chez elle, mais ma raison me force à rester ici, avec ma femme.

-          Sebastian ?

Je m'éveille en soupirant, j'ai dû finir par m'endormir à force de trop réfléchir, et je n'ai absolument aucune idée de l'heure qu'il peut être.

-          Réveille-toi mon chéri, il est temps d'aller au boulot...

Mon chéri ? C'est assez bizarre, si nous étions dans un film comique, je pourrais presque dire que c'est Nohayla qui est en train de me parler, et pourtant non.