Chapitre 9 - Nohayla

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Je descends du bus et entre dans le bar, me dirigeant directement derrière le comptoir et commence à servir les clients. Dans le fond, une table est occupée par quatre hommes, je les regarde et mon patron se dirige vers moi.

- Tu pourrais aller t'occuper d'eux s'teplaît ?

- Oui, j'y vais tout de suite.

Je m'approche avec mon petit carnet leur souris.

- Bonsoir, que désirez-vous boire ?

- Euh, quatre bières s'il vous plaît.

- D'accord, ça arrive tout de suite.

Je retourne derrière le bar et sers leurs quatre bières, leur portant ensuite en souriant poliment.

Plus les heures passent et plus ma jambe me fait mal. Ce n'est pas vraiment douloureux en temps normal, mais j'ai repris le boulot beaucoup trop rapidement et je ne compte pas les heures que je passe debout, sans même prendre la peine de me poser un peu.

Ce bar est majoritairement rempli d'hommes, bruyants et vulgaires, qui se retrouvent affalés et à moitié endormis sur les tables après des heures passées à boire comme des trous. Certains d'entre eux côtoient très souvent cet endroit et bien qu'ils ne soient pas d'un niveau très élevé, ils me connaissent et me donnent toujours d'assez gros pourboires avant de rentrer chez eux et terminer la soirée sur le canapé, une bière à la main. C'est le genre de clients que je voudrais constamment ici. Pas pour l'argent qu'ils me donnent, mais plutôt pour le respect dont ils font preuve à mon égard. Pour eux, avec le temps, je suis devenue comme une amie, une confidente, celle qui n'hésitera pas à s'asseoir avec eux et jouer aux cartes tout en les écoutant se plaindre de leur misérable vie. Mais attention, si je les croise en dehors de mon lieu de travail, je ne vais pas commencer à faire la discussion avec eux.

Ma vie dans le bar et ma vie aux études sont deux choses totalement différentes. Parfois, lorsque je sors de mes heures de boulot, je me sens sale, j'ai l'impression de nourrir une addiction chez de pauvres hommes et de les pousser au fond du trou en leur servant bière après bière, sans même me demander pourquoi ils ont besoin de ça pour se sentir mieux. Alors lorsque je suis à l'université, que je donne tout ce que j'ai pour réussir mes études et enfin pouvoir commencer à sauver des vies, une partie de moi se sent un peu moins coupable, un peu moins sale. Même si jour après jour, je répète les mêmes gestes dans l'espoir que tout cela se termine rapidement.

Les heures de boulot s'enchaînent et il est deux heures du matin lorsque je rentre à la maison. Je n'ai plus qu'à prendre rapidement ma douche puis m'allonger au lit et fermer les yeux pour profiter de mes quatre petites heures de sommeil. Il peut paraître difficile de dormir aussi peut, mais je pense qu'il s'agit tout simplement d'une question d'habitude et d'adaptation. Pendant les périodes importantes à l'université, je réduis considérablement mes heures de boulot, et quand l'été arrive, je me permets de travailler presque dix heures par jour.

Je fini par m'endormir après quelques minutes, me réveillant à six heures du matin puis me prépare et file à l'université.

Lorsque les temps sont durs financièrement parlant, je me demande si je ne devrais pas me prendre une chambre sur le campus, mais je sais que la cohabitation avec une autre étudiante serait peut-être compliquée. Je ne suis pas une personne difficile, mais j'ai mes habitudes, j'aime ma tranquillité et je pense que j'aurai sincèrement du mal à m'adapter au rythme d'une autre personne. Ma solitude me plaît, et même si c'est un peu difficile à dire, je suis très bien toute seule, je n'ai besoin de personne. Enfin, j'aime me le faire croire. 

Give Me Love (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant