Chapitre XII "Je suis une sorcière maléfique"

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Suite à "l'accident" de Garçon X, les cours furent annulées. Puisque personne ne m'interpella, j'en déduisis que je n'aurai pas à aller l'étriper réellement.

Je ne sais ce que pense Azalée, mais je sens que je vais devoir abandonner mon flegme habituel et me concentrer sur son cas. Il y a anguille sous roche. C'est ce à quoi, je ruminais en mangeant un beignet au chocolat dans un café en face de ladite accusée. Sitôt l'annonce de notre liberté faite, sitôt Azalée m'a "proposé" de sortir en ville. C'est à dire qu'elle m'a entraîné à sa suite sans réellement me demander mon avis. Et c'est pendant qu'elle me parlait de tout et de rien -surtout de rien- que j'ai réalisé qu'Azalée ne pleurait plus du tout et riait de nouveau toute seule. Mais surtout qu'elle ne faisait aucune allusion à Garçon X et à ma façon assez brutale de le lâcher dans le vide. J'ai beau ne pas prêter forcément très attention à la moral commune et établie, je qualifie moi-même mon action d'anormal et contraire à la pensée traditionnelle des gens civilisés. Bref, elle semblait considéré mon action d'une manière non conventionnelle qui me poussait à revoir mon jugement sur elle. Azalée n'était pas qu'une pipelette infernale et une fille terriblement soûlante. Malgré tout, elle semblait ne pas réellement avoir d'intention hostile à mon égard sauf peut-être la destruction de mes tympans.

Azalée m'a longtemps traîné en ville. Nous y avions même dîner dans un restaurant de spécialité locale. La nuit était déjà bien avancé quand j'ai franchi mon pallier. Je me suis écroulé sur mon canapé. Je n'ai même pas repensé au événement de ce midi. Enfin j'ai repensé à une chose : que je n'aimait pas l'école.

*
Je mange encore un beignet sur une place de la ville : Place du 28 février 1888. Je ne sais pas ce que cette date signifie mais cela tombe plutôt bien puisque nous le 28 février 2017.

J'attends Manneïa sur un banc. Plus vite je réaliserai mon plan, plus vite je pourrais arrêter l'école. C'est un accord passé avec ma tante. Je grogne intérieurement à l'évocation de ce souvenir.

«Toi, tu n'es pas de bonne humeur, me fait Manneïa.

-Dommage pour toi, ce sera plus dur de me supporter, je lui répond sarcastique. »

Elle fait la moue et s'assoit à coté de moi.

«Bon, que veux-tu ? me demande-t-elle.

-Quel est ton clan ? je questionne de but en blanc.

-Je ne veux pas te répondre.

-Je croyais que tu avait juré ? je dis d'un air supérieur.

-Je n'ai pas juré ça. De toute façon, ce n'est pas nécessaire. Ça ne causera pas de problèmes, elle rétorque dédaigneuse elle aussi.

-Où puis-je trouver des guerrières ?

-Partout ! s'exclame-t-elle. Dis tu t'y connais vraiment ? m'interroge-t-elle en me regardant comme la première des imbéciles.

Je mord dans mon beignet. Et lui jette un regard loin d'être amical.

«Tu veux que je te résume ou tu n'en n'a pas besoin ?

-... "crounch"
Elle soupire.

-Sois pas fâchée,me dit-elle ironique un sourire en coin.

-Alors raconte, je suis une petite fille toute innocente qui adore les histoires, je réplique hautaine.

L'atmosphère autour de nous crépite. Je sais déjà ce qu'elle me racontera. Mais je me plais à la faire parler pour rien.

«On appelle la Hexa, le pays des sorcières. Ce qui n'est pas complètement faux d'ailleurs.
Elle s'avachit sur le banc et penche sa tête en arrière. Les gens normaux nous appellent sorcière mais entre nous on préfère le terme guerrière.»

L'âme des perlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant