L'âme des perles

Chapitre XV " J'ai longtemps attendu ce jour"

La douce irritation en moi tente désespérément de briser le barrage de mon indifférence. La mort si choquante de la jeune fille commence déjà à s'affaiblir. Le choc causé ne me protège plus et les professeurs veulent de nouveau ma mort cérébrale.

Je ne veux pas m'inscrire dans un club. Je suis très bien toute seule ! Ais-je envie de crier mais une convocation chez le directeur ou n'importe qui d'éminents me ferai perdre mon temps. Je n'ai aussi pas envie que ma tante s'y mêle. Si elle voulait m'empêcher d'accomplir ma vengeance, elle le pourrait. Je respecte donc ses engagements, c'est à dire aller à l'école, ne pas redoubler et mener une scolarité normale. Quant à elle, elle accepte mon but.

Je sais pourquoi elle m'oblige à le faire. Elle voudrait que j'abdique, que j'abandonne et que je vive comme une fille normale.

«De toutes façons, tu finiras par avoir ta vengeance. Le pourvoir dont ils sont si fiers finira par disparaître, a-t-elle essayé de me convaincre. »

Elle ne veut que mon bien mais je me fiche de son "bien". Ma vie n'aura de consistance que quand j'aurai calmé les ardeurs de mon âme. Seulement quand ma haine se sera embrasée et éteinte de ma propre volonté. Seulement quand mes regrets se seront effacées. Je ne pourrais vivre qu'à partir de ce moment-là. Enfin si je vis encore.

Un sourire crispé sur le visage. Mon barrage tient encore bon.

«Alors, Rei ? Il ne faudrait pas tarder. Surtout que nous sommes déjà à la fin de l'année.

-Ne vous inquiétez pas. Je vous rend ça demain. J'ai bientôt fini, je le rassure.

Je souhaite couper court à la conversation. Une fissure vient de se former sur mon barrage.

«D'accord, alors, commence-t-il.

-Pas de problème, je coupe avant de m'éclipser le plus rapidement possible.»

Quand je suis arrivée au lycée, personne ne me regardait bizarrement. J'en ai conclu que Elke n'avait pas ébruitée notre conversation. Et que je serai encore tranquille pour un moment. Puis mon prof m'a vu et m'a ciblé direct. Il m'a donc alpagué avec mon sujet favoris : mon club.

«C'est vrai Rei. Ce sera quoi ton club ? me demande à son tour Azalée.

J'ai failli lui hurler de se taire.

Je respire un bon coup et je réfléchis sérieusement. Quel pouvait être le meilleur club pour pouvoir ne rien faire ? C'est à dire ne pas être présent au lycée et dire que cela fait partie des activités du club. De plus présenter, un coté sérieux.

«Un club de recherche ? propose Azalée. Mais tu sais il faut mieux choisir un sujet qui te passionne. Et puis il faut trouver des gens qui seraient intéressés. Ah, et puis on ne peux pas être dans deux clubs.

L'option Manneïa s'efface de mon esprit. Elle ne voudra jamais changer de club. Le pacte qui nous lie est un peu étrange. Elle n'empêcha pas mes plans et m'aidera mais elle n'obéit pas à n'importe lequel de mes ordres. C'est un peu compliqué... Et très embêtant.

Pendant la pause déjeuner, je fais le tour du lycée avec évidemment Azalée pour m'inspirer. Je finis inévitablement sur un banc à désespérer. J'étais bonne pour me faire inscrire dans n'importe quel club ce qui mettrai fin à mes jours indubitablement. Si ça tombe sur un club de sport, je suis bonne à envoyer à l'hôpital un pauvre pratiquant innocent à l'aide d'un ballon mal placé ou d'un lâcher de raquette presque involontaire.

Je suis seule.  Azalée est partie nous acheter un jus pour nous ressourcer mentalement et physiquement. Je me suis étendue sur le banc méditant ma fin prochaine. Quand j'entends des pas qui se rapprochent d'abord prudemment puis se mettent à charger sur moi. Je prend appuis avec mes bras et me relève en sautant les pied vers l'avant. J'entends un splosch. Je m'assois ensuite normalement et glisse un "désolée je me suis relevée brusquement".