Chapitre X "La vengeance ne peut être un but dans la vie"

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Je me suis endormie sur mon canapé. Le livre toujours par terre rejoint par un emballage de brioche fourrée . Le cœur mélancolique. Car j'ai rêvé. Et cela fait très longtemps que je ne me suis pas souvenue d'un rêve. D'habitude aussitôt levée, ils deviennent brume et disparaissent. Éphémère existence. Ils ne laissent alors qu'une trace amère sur ma langue. Le regret mêlé de soulagement de les avoir fait disparaître pour toujours. Je m'habille chaudement. Un givre s'est déposé sur la ville. Je sors. J'ai envie de courir. Il est tôt. Pour une fois je me suis levé aux aurores. J'ai au moins deux heures d'avances. Les rues sont désertes de toutes vies et activités.

J'ai rêvé du passé. Ces braise de souvenirs ont été ravivé par la lecture de ce livre.

Je me suis arrêtée à une fontaine, essoufflée par ma course. L'eau gelée commençait déjà à fondre. Nous serons bientôt en mars.

                                                                              *

J'étais très jeune. Il me semble que j'avais six ans. J'ai toujours eu une bonne mémoire. Je ne me souviens que de ce que je veux. Le reste s'efface. La plupart du temps.

                                                                           *

Le temps passe toujours plus vite quand on veut vivre au ralentie et beaucoup trop longuement quand on aimerait qu'il file. Bref, il est déjà l'heure de se diriger vers cet infâme lycée. Sur le chemin de l'enfer, je ne rencontre pas seulement Azalée mais aussi Manneia. Une compagnie qui m'est très chère, je pourrais dire. Manneia et Azalée discutent et me posent des questions qui terminent dans le vide. Je n'ai pas l'envie de répondre par des grognements.

                                                        *

Je persiste à croire que pendant un court instant, nous fûmes une famille. Je persiste à y croire, je le veux. J'aimerais que ce soit véritablement vraie, réelle. Que tout ne fût pas qu'un mensonge, une illusion.
Nous étions encore quatre. Nous riions. Ensemble. Autour d'une table. Réunis.

                                                           *

Mon professeur principal m'interpelle à la fin du cours. Il me demande si tout va bien. Je répond un vague "oui". Il demande si j'ai intégré un club. Je répond bien fort : "Je n'ai pas envie". Cette réponse enflamme son aura et il commence à discourir sur les bienfaits de pratiquer une activité en communauté. Il est gentil. Il veut juste m'aider à m'intégrer. Enfin, je pense ça pour ne pas avoir envie de lui hurler de se taire. Je le coupe en le remerciant d'un sourire très sincère que j'y réfléchirai. Je commence à partir quand il interpelle Azalée et lui demande de me faire le tour des différents groupes. Je soupire. Savait-il que je mentais ?

                                                                *

Ce soir-là, nous mangions des crêpes. Comme une famille unie. Personne ne devait travailler. Personne ne s'est disputé. J'aurais aimé que soit toujours comme ça.

                                                                                              *

Azalée m'a donc fait faire le tour du panneau d'affichage des différents clubs. Je l'écoute sans rien entendre. Je vois l'affiche du club de combat. Derrière ce nom un peu ridicule se trouve être la réunion de l'ensemble des clubs de sport axé sur le combat tel que la boxe ou le kendo. Devrais-je remercier Azalée ? Honnêtement, cela pourrait me servir mais je préfère m'entraîner seule. Moins de règle. Et puis je ne me bats pars avec fair-play. Inutile. Déjà qu'en sport je me dois de me retenir pour éviter de viser l'adversaire. Voyant que rien ne semble m'intéresser, Azalée continue inlassablement sa présentation. Je soupire. Pourquoi le monde entier veut-il que je participe à une activité collective avec des gens ? Je lui demande s'il n'y a pas un club où la principale activité serait de ne rien faire. Elle me répond que c'est impossible en rigolant. Notre professeur principal nous croise par "hasard". Et il me demande si j'ai choisi un club à intégrer. Je réplique que j'hésite et que rien ne m'intéresse réellement. Il m'encourage à continuer de regarder et repart. Il me semble l'avoir vu échanger un regard complice avec Azalée. Je m'éloigne du tableau sans un mot et part. Je ne veux absolument pas rejoindre un club. Jamais de la vie ! Je me retourne brutalement et fait face à Azalée.
«Dis-lui que je ne veux pas rejoindre un club, maintenant, je lui ordonne presque.

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