L'âme des perles

Chapitre XXIV "Et toi comment te considères-tu ?"

Elke nous fixe de ses yeux gris visiblement enragée. On pourrait presque discerner des flammes sortir de son regard. Elle continue de hurler sur Manneïa pendant au moins dix minutes. Hazel et moi ne disons rien. Il vaut mieux la laisser se déchaîner toute seule surtout que sa colère n'est pas à mon encontre. Je laisse échapper un bayement signe d'ennui et de fatigue. Elke bloque l'entrée et je n'ai absolument pas envie de l'interrompre au risque que sa rage dévie sur moi. Manneïa essaye d'en placer une mais sans réussite.

Elke finit par s'arrêter et reprendre son souffle.

« Je n'en pas fini avec toi, conclue-t-elle. »

Elle se tourne brutalement vers moi. Ses pupilles se dilatent encore plus. Je sens qu'il faut que j'agisse avant elle.

« Ce n'est pas ma faute ! je la coupe en mettant ma paume sur ses lèvres. Elle s'est mise en danger toute seule alors ne t'énerve pas sur moi. » Je la contourne rapidement et ouvre la porte en grand pour me précipiter à l'intérieur. Je fais claquer la porte derrière moi puis m'enfuie dans un couloir.

Il y a des batailles qu'il faut éviter et celle-ci en fait partie. J'ouvre une porte au hasard et entre dans une chambre : cette fois le thème est la faune marine. Je verrouille la porte derrière moi n'ayant aucune envie de voir débouler une Elke sauvage. Il n'y a personne mais le lit est défait. Cependant, l'armoire bleue et jaune en forme de poissons est vide. Cela devait être la chambre de Manneïa ou Hazel. Je m'allonge sur le lit non sans une grimace une douleur. Le plafond est recouvert d'autocollant d'animaux marins. Ils semblent tous me fixer de leurs yeux vides.

Soudain un mal de tête me perfore le crâne. Je me retiens de hurler. Des larmes coulent sur mon visage. Je les essuie rageusement. La douleur finit par disparaître. Mais elle finira par revenir j'en suis sûr. J'enfouis ma tête sous le cousin dauphin et m'endors. Ma dernière pensée lucide est sur le fait que Claes et Kiana ont vraiment un problème avec la décoration.

*

Une fillette dessine des ronds dans le sable à l'aide d'une branche. Elle est seule et semble triste. Je l'entends même retenir un sanglot de temps en temps. Je m'approche doucement comme si marcher plus vite la ferait s'enfuir. Je suis maintenant devant elle. Elle arrête de dessiner et me regarde droit dans les yeux un peu apeurée. Je lui souris. Un grand sourire. Sans méchanceté. Un sourire amical. Que je ne suis plus capable de faire maintenant.

« Que fais-tu toute seule ? Comment tu t'appelles ? je demande. »

Elle ne me répond pas intimidée.

« Moi c'est Athéna ! je m'exclame. Si tu es seule, viens jouer avec moi ! »

Je lui saisis la main est l'entraîne avec moi. Elle se laisse faire surprise par mon geste. Puis un sourire se dessine sur ses lèvres.

« Sélène ! s'exclame-t-elle. Je m'appelle Sélène. »

*

J'ouvre lentement les yeux. Les poissons au plafond me fixent toujours. Je me relève doucement. La luminosité a bien diminué. J'ai dû dormir toute la journée. Je sors de la chambre et pour ne pas changer je suis la délicieuse odeur de nourriture. Je me retrouve de nouveau dans la salle oiseaux. Claes, Manneïa, Elke, Hazel et Garçon I sont attablés. L'atmosphère est plutôt légère. En me voyant, Garçon I bondit de sa chaise.

«Rei ! Tu as dormi toute la journée !＼(^o^)／Je suis super heureux que tu te sois réveillée ! s'exclame-t-il.»

Il continue de parler avec son expressivité habituelle mais je ne prête pas attention à ce qu'il dit. Beaucoup trop fatiguant.

«Rei, tu arrives au bon moment, on allait passer à table, le coupe Kiana sans remords.»

Je m'assois devant mon assiette. Je suis assise en face de Manneïa et à gauche de Garçon I.