ARE Tome 4.

Chapitre 15.

En me réveillant, je ne peux oublier les dernières paroles qu'Evan a prononcées avant que je ne m'endorme. "Je suis tellement désolé". Je n'y ai pas répondu malgré que je ne dormais pas. Je ne savais pas quoi répondre à ça. Était-il désolé pour cette nuit ? Pour être revenu dans ma vie ? Pour m'avoir laissée trois ans plus tôt ? J'y ai réfléchi une bonne partie de la nuit et en fin de compte, je ne veux pas savoir. Car le savoir si brisé me fend le cœur alors que je ne devrais pas. J'ai un mari, un toit, un boulot, des amis, c'est déjà bien assez. Je ne regrette pas ce qu'il s'est passé mais maintenant que j'ai pu prendre du recul sur tout ça, je me rends compte que je n'aurai pas dû être si... Moi. J'aurais dû être distante et impassible pourtant je n'y ai pas réussi et maintenant j'ai appris toutes les choses auxquelles je me suis forcée de ne pas avoir de réponses ces trois dernières années. Mais je suis pleinement conscience que ce n'était qu'une nuit. Aujourd'hui il quittera ma vie pour de bon et je pourrais reprendre le cours de celle-ci. Ces paroles ne doivent -ne devraient, pas m'atteindre à ce point. Ceci dit, je ne peux ignorer cette douleur dans mon abdomen à l'idée qu'il va devoir s'en aller. Putain j'ai encore tout foiré.

Sa tête repose sur mon ventre dénudé alors que l'un de ses bras entoure ma taille. J'aimerai me lever sans le réveiller mais c'est impossible. Alors je fais ce que je sais faire le mieux; emmerder les gens.

_Evan, lève-toi !, je m'écrie ce qui le fait sursauter.

Je regrette déjà de ne plus pouvoir contempler son visage si beau et apaisé lorsqu'il dort. Mais ma raison m'assure que plus vite il sera parti, plus vite je pourrais oublier tout cela. Il faut croire que mon cœur et ma raison sont perpétuellement en désaccord.

_Il est quelle heure ?, marmonne-t'il les yeux mi-clos.

_J'en sais rien. 7 heures 30, 8 heures peut-être.

Je me redresse, le repoussant légèrement. Il soupire face à mon ton distant.

_J'en connais une qui est de mauvaises de humeurs ce matin.

Je m'assieds au bord du lit et attrape ma nuisette sans lui répondre. Brusquement, il enroule ses bras autour de ma taille pour me tirer en arrière sur le lit. Je grogne en essayant de me dégager de son emprise. Pourquoi est-ce qu'il est obligé d'être aussi têtu ? Il ne me rend pas la tâche facile. 

_Hé, Aya, s'inquiète-t'il en plaçant mes poignets dans sa poigne sur ma poitrine. J'ai fait quelque chose de mal ?

_On est le matin.

_Et ?

_Tu avais dit une nuit.

Sa mâchoire se crispe alors qu'il desserre sa prise sur mes poignets. Je sais que je le blesse, qu'hier j'étais proche mais je ne peux plus faire ça, j'aurais trop mal quand il s'en ira. Alors je prends mes distances en essayant d'être froide.

_Ouais. Je vois. Mais ton mec n'est pas là, non ?

_Je ne vois pas le rapport. Une nuit c'est une nuit. À point c'est tout.

_Tu fais chier putain, vocifère-t'il en me lâchant.

_Apprend à tenir tes paroles, mon beau.

Il se lève pour mettre son haut et son jean. J'abaisse ma nuisette jusqu'à mes jambes. Puis j'ouvre la porte pour qu'il sorte.

_Alors quoi ? Tu me mets dehors ?

Face à son ton qui prouve bien qu'il est vexé et la manière dont je me comporte avec lui, je flanche. Il a raison, je vais vraiment trop loin là. Il ne mérite pas que je sois si méchante, en dépit du fait que c'est pour son bien.