Ça nous a bouleversés. Comment ça nous a rendus triste. Ma sœur Amina n'avait pas de chance la pauvre. Elle était malheureuse dans sa propre vie.
Donc juste après j'étais rentrée garder mes neveux et leurs préparer à manger. Bref, l'aprèm Nouhaila rentra. Je l'ai laissé avec eux et je suis partie chez moi chercher des serviettes hygiènes. J'ai cherché les trucs vite fait puis je suis revenue chez Fatima.
Je rentrai dans la cage, je vis Badro descendre les escaliers. Mais il datait celui-là. Et franchement quand je l'ai vu, mon cœur s'est mit à accélérer, je commençais à stresser.
Il leva les yeux, fronça les sourcils, puis remit sa casquette à l'envers.
BADRO : wesh ?
Il regarda mes mains, heureusement j'avais mis mes serviettes dans un sac, sinon ça aurait être la honte du siècle.
BADRO : oh ça va ?
Je fis oui de tête. Il me fixa droit dans les yeux.
BADRO : oh, t'as pleuré ?
MOI : ...non
BADRO : t'as les yeux rouges !
MOI : ...ben non
BADRO : mais oui wesh..Téma ! T'as les yeux défoncés. C'est mècra t'as pleuré
MOI : ...hassoul
BADRO : oui hassoul..
Il se gratta la nuque. C'était une situation archi-bizarre : Le mec m'esquivait et là d'un coup, il re, il me parle tranquille.
BADRO : faut qu'on jacte toi et moi So !
MOI : euh là, je dois monter chez ma reuss, je garde les tipeu
Il me prit le poignet et me tira.
BADRO : viens !
MOI : mais ou wesh ?
BADRO : on nachav chez moi !
Je commençai à tirer ma main, il se retourna.
MOI : comment ça chez toi là ?
BADRO : viens tranquille wesh. Y'a ni ma dar, ni Linda
MOI : et ben ! Tu crois je suis qui moi ? Gualek monter chez toi !
BADRO : oh t'es sah dans ton délire là ?
MOI : oui ben quoi ? C'est quoi zerma ça ? Monter chez toi !
BADRO : pour parler zebi, pour discuter
MOI : vazi Badro je monte chez ma reusseu là
BADRO : non wallah tu viens avec moi
MOI : mais viteuf t'as vu ?
BADRO : oué oué oué
Nous montâmes chez lui. J'étais grave gênée, je sentais que mes joues allaient s'exploser. Et mon cœur, rien qu'il battait le plus fort possible.
Leur chez eux était magnifique. Le décor était 100% marocain, avec un grand salon marocain terrible. C'était épatant.
MOI : ouaaah c'est comme les salons teh le bled.
BADRO : ben oui l'appart est un morceau teh le Rocma. Chez vous, c'est comment ?
MOI : c'est pareil. Le décor bledard sauf que c'est pas trop beau que ça
BADRO : c'est ma reum elle aime trop faire des chichi teh shab le décor et tout ça
MOI : mais c'est bien !
BADRO : pfff moi elle me casse les couilles ma mère elle passe sa ive à me crier dessus oh Badro fais pas ça, belek tu fous pas le bordel chez moi, belek tu salis les sdaris (canapé)
Il rigolait et moi je le regardais avec admiration. Wallah je peux pas vous décrire à quel point j'aimais cette personne. C'était tous sauf descriptible.
MOI : elle a raison !
BADRO : sah les femmes vous êtes des cramées dans vos veaucer nhal chétane. Vous gonflez !
MOI : c'est vous, vous foutez le zbeul (bordel)
BADRO : d'où on fout le zbeul ?
MOI : ...ben si
BADRO : n'importe !
Je soupirai.
BADRO : oh ! Pourquoi t'as pleuré ?
MOI : c'est Amina elle a perdu son bébé
BADRO : Amina s'qui elle ? LA femme de Redouane c'est ça ?
Ça m'a tué de rire. Tellement j'avais beaucoup de sœurs, Badro les confondait.
MOI : oui elle
BADRO : ah c'est chaud miskina
MOI : elle a pas de chance en plus wallah
BADRO : dis pas ça wesh, dis-toi c'est son mektoub (destin)
MOI : oui mais s'trop là
BADRO : t'es sah toi là ? Mais c'est son destin, c'est Allah qui veut ça.
MOI : s'vrai
BADRO : Allah l'aime, c'est pour ça il lui fait des épreuves commasse hamdoulah
J'étais étonnée, ses paroles étaient sages. Comme si ça sortait pas de sa propre bouche, mais de la bouche d'un homme pieux.
Y'a eu un silence, je cogitais à vla les trucs en même temps.
MOI : Badro, tu fais la prière ?
Il me regarda et sourit.
BADRO : à ton avis ?
MOI : cher ap moi
BADRO : c'est la salate wesh
MOI : ah !
Ça m'avait fait chaud au cœur. Malgré tous ses défauts, Badro faisait ses obligations quand même.
BADRO : et toi ?
MOI : euh moi ? Ben j'ai arrêté ya quelques semaines maintenant.
BADRO : pfff tu déconnes Soraya
MOI : ben oui je sais s'bon je vais reprendre wallah
BADRO : sinon je te monte en l'air
MOI : s'bon wesh
BADRO : oué oué !
Ya eu un silence, je regardais mes mains. Je faisais n'importe quoi avec mes doigts.
BADRO : t'étais ou ?
MOI : hum ?
BADRO : pendant la semaine ?
MOI : au tiek
BADRO : pourquoi tu me veski ?
MOI : je t'ai pas veski !
BADRO : d'où tu mytho ?
MOI : t'es skyzo toi !
BADRO : Soraya, j'en ai marre wesh
MOI: c'est moi oué !
BADRO: d'ou c'est toi ? Tu fais trop crari la meuf, moi ça me casse les klawis (couilles)
MOI : j'ai pas fait la meuf !
BADRO : ben si !
MOI : s'juste que... que ...
Les larmes me montèrent aux yeux, ma gorge se noua. Je baissai la tête.
BADRO : quoi quoi ?
Je répondis pas, je voulais trop pleurer.
BADRO : oh ! Wesh tu pleures ?
Il s'approcha de moi, se mit à genoux, me leva le menton. Son visage était super proche du mien. On s'est regardé pendant des secondes, ça avait duré une éternité.
Soudain on entendit le bruit de la porte. Badro se leva en deuspi. Sa maman (Madame Aida) rentra dans l'appart.
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Entre les blocs de ciments, l'amour ne choisit pas ses couleurs
Non-Fiction« Si vous aimez quelqu'un, aimez malgré les traditions soi-disant, misez sur l'amour qui est plus fort que les médisants... » Chronique enregistrée, elle n'est pas à moi.