Le Samedi, Badro allait partir à Lyon avec une association pour des tournois de boxe. Je lui ai dit que j'allais pas partir chez Loubna mais c'était qu'un mytho parce j'ai décidé de partir sans qu'il le sache. C'est vrai que c'était une connerie mais Loubna m'a convaincu de le faire et elle m'a dit que de toute façon il le saura pas. J'avais mal de faire ça, pour moi c'était la trahison mais en même temps je voulais pas qu'il décide à ma place. Par contre j'avais un mauvais sentiment par rapport à ça, je savais au fond de moi que les conséquences allaient être très graves.
Donc c'était ma sœur Keltoum cette fois qui allait me couvrir (Elle vivait dans la banlieue) ce Samedi. Ben faut avouer que ma mère complique pas trop les choses et heureusement mon père était au bled.
Chez Loubna était trop beau, un décor féminin à 100%. Bref un petit studio de fille très classe et très moderne. Au début y'avait que moi et quelques copines d'elles, c'était nickel. Mais après elles ont commencé à fumer des joints, à boire de l'alcool. Ça m'avait choqué de ouf et là j'ai compris pourquoi Badro était contre et j'ai commencé à avoir des regrets sincèrement. Je suis pas là pour juger mais les parents de ces filles l'ont envoyé en France pour les études mais ils ignoraient comment leurs filles vivaient. Je sais pas comment leurs consciences restent tranquilles wallah. Moi je faisais pas un truc de grave par rapport à elles et j'avais un sentiment de trahison vis-à-vis mes parents.
Bref et c'était le comble quand des garçons ont débarqué. Loubna m'avait pas prévenu que y'aura des mecs et là je commençais vraiment à regretter. Mais j'avais l'impression d'être dans un show de téléréalité : Ils picolaient, bédavaient, s'embrassaient entre eux,...etc. J'avais honte de moi et je savais même pas ou tailler puisqu'il faisait nuit.
J'étais dans un coin entrain de cogiter, les autres me calculaient pas ...Tant mieux ! Mon téléphone se mit à sonner, c'était Badro. Bon là j'étais vraiment dans la merde, y'avait de la musique à fond et Badro allait sûrement savoir que j'étais pas chez moi et en même temps je devais répondre pour éviter les soucis avec lui. Il était ce genre de raclo qui après un seul appel sans réponse, il pétait les câbles donc j'avais pas le droit de faire crari la meuf qui n'a pas entendu.
Je courus aux toilettes pour répondre mais le son était toujours fort. Bon je commençais à chercher un mytho à Badro, je stressais de ouf.
MOI : allo ?
BADRO : t'étais ou ?
MOI : ha ? ...j'étais aux toilettes ?
BADRO : et t'es ou là ?
MOI : chez moi pourquoi ?
BADRO : s'quoi ce zgua chez oit ? (Zgua = Bruit)
MOI : ben s'foy wesh
BADRO : t'es ou Soraya ?
MOI : chez moi Badro !
BADRO : t'es partie chez ta pote là Soraya et sors pas un mytho
MOI : ...nan je suis chez moi
En même temps mon cœur battait la chamade, j'avais trop peur.
BADRO : d'où tu mytho ta race ?
MOI : elle a insisté Badro s'pour ça
Ya eu un long silence, je l'entendis juste taper dans des trucs très fort.
BADRO : elle habite ou ?
MOI : XXéme
BADRO : ou ça ?
MOI : dans les xxxxxxx
BADRO : j'arrive !
MOI : quoi ? Mais ...t'es t'es pas à Lyon là
BADRO : heureusement ils ont annulé ta race comme ça tu m'a prit pour un narvalo hein Soraya, hein ?
Il me harcelait, déjà j'entendis super mal à cause de la musique et à parce que y'avait pas de réseau dans les chiottes. Mais là j'étais sûr qu'il était vénère vu la tonalité de sa voix.
Je restais un petit moment dans les toilettes, j'étais trop mal, super dégoutée. Je voulais chialer plus fort parce que voilà la réaction de Badro allait sûrement être très violente et ça pouvait vraiment partir trop loin et c'est ce qu'il me faisait peur, c'est que j'étais pas prête à ça.
Il m'a rappelé encore une fois pour lui filer exactement l'adresse de chez Loubna. Quelques minutes plus tard, il rappela.
BADRO : je suis devant le bat teh ta pote là
MOI : je descends ?
BADRO : c'est quel appart ?
Bon là c'était vraiment ma fin, je stressais de plus en plus. Badro devait pas monter , il allait sûrement péter les câbles et me faire la misère.
MOI : s'bon je vais descendre Badro
BADRO, hurlant : c'est quel appart zebi quel appart ! Et fais pas chier Soraya
MOI : pourquoi tu veux monter ?
J'étais sur le point d'éclater en sanglots. C'était pas possible j'avais pas de chance et Badro allait pas comprendre que j'étais pas au courant de tout ça.
BADRO : NHAL DINE ... (Insulte)
Je l'entendis frapper fort contre un truc. Il était vraiment en colère et je voulais pas le voir en ce moment.
BADRO : s'quel numéro Soraya ?
Je répondis avec une voix qui tremblait.
MOI : XXX (Le numéro)
BADRO : ouvrez cette putain de porte !
Je sortis des toilettes, j'appuyai sur le bouton de l'interphone pour lui ouvrir la porte d'en bas. Rien que je tremblais. Je regardais les autres, ils étaient défoncés, ils s'en foutaient de moi.
Je sortis de l'appart pour l'attendre dans le couloir, je regardais l'ascenseur qui progressait et wallah mon cœur faisait des bruits chelous. J'étais traumatisée par tous ces événements.
L'ascenseur s'ouvra, il sortit, me jeta un regard très noir. Je sentais que cette nuit allait être longue et pénible pour moi, voire catastrophique. Il me regarda, puis regarda la porte qui était semi ouverte. Ensuite il me poussa très sévère pour pousser la porte de chez Loubna. Wallah j'oublierai jamais l'expression de son visage choqué ce jour là. Il me jeta un regard qu'il a jamais affiché auparavant, un regard mélangé de haine et de dégoût, de pitié et de rage. Je baissai la tête, les larmes me montaient aux yeux. Je sentais son regard sur moi pendant longtemps. Brusquement il me tira par le bras et me balança dans l'ascenseur.
Nous étions assis sur banc devant la résidence, il parlait pas, moi non plus. Je sentais qu'il se retenait, qu'il cogitait et qu'il voulait pas me faire du mal. Mais j'en pouvais plus de ce silence, je devenais parano.
MOI : vie de moi je savais pas
Il secoua la tête, il serrait grave sa mâchoire. Ça se voyait il se retenait grave parce que je le connais moi, il se contrôlait pas.
J'avis les larmes aux yeux, des noues dans ma gorge. Et là mon téléphone se mit à sonner, je le sortis de ma poche et je vis : « Loubna ».
Il m'arracha le téléphone violemment, l'examina un peu et rejeta l'appel. Il avait mon téléphone dans les mains, il commença à le vérifier. Je le regardais sans dire un mot, j'avais pas le droit de contester.
Et d'un coup il fronça les sourcils, serra la mâchoire.
BADRO : c'est..c'est quoi ça ?
Il me regarda en fronçant à mort ces sourcils. Il était sous le choque mais d'une façon très sévère. J'arrivais pas à parler, je savais pas ce qui se passe. Et là il se met à lire des textos, c'était des textos de Nabil que j'avais oublié de les supprimer, des textos de hachek.
Badro se leva, cracha par terre. Ses yeux brillaient, il respirait trop fort. Je le regardais et les larmes coulaient sur mes joues, j'étais chamboulée, je savais qu'il allait jamais pardonner ça même si c'était pas de ma faute, il allait même pas me donner le temps de se justifier. Déjà les mots voulaient même sortir de ma bouche.
BADRO : t'es comme les autres Soraya, t'es qu'une pute !
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Entre les blocs de ciments, l'amour ne choisit pas ses couleurs
Non-Fiction« Si vous aimez quelqu'un, aimez malgré les traditions soi-disant, misez sur l'amour qui est plus fort que les médisants... » Chronique enregistrée, elle n'est pas à moi.