Partie 72

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Instinctivement je l'ai fixé avec un grand silence. Soit il virait paro, soit c'était moi qui virer paro. Bon Badro c'est vrai il a changé, il est posé maintenant mais le raclo il reste un mec qui a grandit dans la rue. Donc c'était pas facile pour lui de s'excuser ou de parler de ses sentiments. C'est pour ça j'étais choqué, il avait une grosse fierté et je savais qu'au fond de lui il a fait des efforts de malade pour le dire.

Il remarqua que j'étais choqué, il fronça les sourcils.

BADRO : wesh il t'arrive quoi ?

MOI : tu viens de dire t'es désolé

BADRO : ouais et c'est haram le dire ou s'comment ?

MOI : non s'pas ça

BADRO : s'quoi alors ?

MOI : t'es vraiment désolé ?

BADRO : pourquoi tu deuh ? Je l'ai dit ah ouais

Dans ma tête c'était la guerre. J'étais perdue puisque le mec il était là, devant moi en chair et en os et aussi comment lui pardonner qu'il m'avait blessé. Ça devait pas être facile comme ça, je voulais surtout pas qu'on me prenne pour une vieille meuf qui se lâche deuspi après une grosse disquette. Cependant avec Badro c'était pas le cas, il était loin d'être le disquetteur ou le beau-parleur. Rien à voir ! Vraiment.

MOI : pourquoi tu me le dis ?

BADRO : zeeeh elle est guedin elle

MOI : parce qu'avant tu voulais même m'écouter

BADRO : ouais mais ça c'était avant

MOI : pourquoi ?

BADRO, hurla : de quoi pourquoi ? Qu'est ce tu me saoules toi

MOI : qu'est ce t'as ?

BADRO : t'es bête ou tu le fais belhani ? (exprès)

MOI : tship !

BADRO : sur ma vie je vais t'envoyer en l'air toi là

J'avais oublié qu'il aimait pas qu'on tship. Mais sérieux lui, il pouvait pas le saquer, zehma pour lui c'était une manière de meuf qui se la pétait, mdr

MOI : s'bon là, s'bon GIBRALTAR

BADRO : d'où tu me dis Gibraltar toi ? Je suis ton pote ?

MOI : ouais mais s'ton deuxième blase

BADRO : mais ça me bourre la tête maintenant

MOI : sah pourquoi ils t'ont appelé Gibraltar ?

BADRO : ouaah c'était teh l'ancienne ce zebla

MOI : Gibraltar zehma c'était un héro à l'ancienne ?

BADRO : Quand j'étais gosse j'étais un gros malade. Je hagar les kemer teh le tiek et un jour un grand de la cité kamal m'a dit wesh Gibraltar et voilà tout le monde m'appelle comme ça maintenant.

Il souriait en se mordant un tout petit bout de sa langue. Il me tuait à chaque fois il faisait ça.

BADRO : Gibraltar zehma le héro, le fort, le chanmé

MOI : le héro ?

BADRO : ah sisi ma gueule

MOI : t'étais même pas stockma tu te rappelles ?

BADRO : sah j'étais grave mince

MOI : t'avais pas de barbe et t'avais un piercing

BADRO : oh tu te rappelles de ça ?

Entre les blocs de ciments, l'amour ne choisit pas ses couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant