Secretony Metamorphosis [ Complet ]

Prologue

- M'aimes tu ?

Elle me regarde droit dans les yeux, impassible. Son regard azur, tellement hypnotisant, me ferait décrocher la Lune, ainsi que toutes les étoiles du ciel. Mais, la chambre gagne plusieurs tons de pénombre. Ses yeux s'assombrissent, tirent vers des nuances grises. Le silence s'abat sur la pièce. Seul le tic tac de son réveil, nos souffles, le bruit des voitures demeurent. Arrêt sur image. Je suis tétanisée jusqu'au fond de l'âme ... Je fuis cette question depuis bien trop longtemps. Le destin me rattrape comme toujours.

- Alors m'aimes tu, Caro...line ?

Oh, ne me demande pas ça, s'il te plait, Cécilia. Je t'en prie. Pitié.

Je ne sais pas ce que c'est Aimer. Est-ce que j'ai déjà aimé? Est-ce que j'aime quelqu'un? Est-ce que je l'aime? Je ne sais pas. Je ne sais pas...

- Je t'ai posé une question !

Je me lève précipitamment et me colle contre le mur face au lit. Elle se redresse légèrement sans me quitter des yeux. J'ai l'impression d'être prise au piège. Ma vie est un film...

- Je t'aime à ma manière.

- C'est-à-dire ?

- Je suis bien avec toi. Je me suis épanouie grâce à toi.

Elle se lève de son lit et s'approche lentement de moi. Ses bras s'enroulent autour de moi avec tendresse. Elle pose sa tête sur mon épaule et me chuchote à l'oreille : "Moi aussi, mon chou."

Ma tête contre la sienne, je la serre très fort en savourant le silence. Elle sent son shampoing à la pêche. Quelle odeur inoubliable! À la fois apaisée, à la fois mélancolique, je n'arrive pas à dompter mes sentiments bien trop complexes. Je ne veux ni me mentir, ni lui mentir. La vérité est que je ne sais pas ce que je veux ... Mais je sais ce que je ne veux pas, je ne veux pas la voir disparaître de ma vie, de ma pauvre vie monotone, banale, mélancolique.

- Tu sais, brisé-je le silence, je serai toujours là pour toi. Je suis ton ange gardien. Je veillerai sur toi ... de loin. Tu es une personne spéciale pour moi, bien plus qu'une simple amie, une personne que je ne veux perdre en aucun cas. Je tiens à toi.

- Je tiens plus à toi.

Elle s'assoit au bord de son lit, ses bras autour de ma taille, sa tête contre mon ventre. Ma main vient caresser sa belle chevelure.

- Détrompe-toi, ma petite altesse, je tiens à toi bien plus que tu ne le penses.

- Chut !

- Non.

- Je te ferai taire avec un baiser, murmure-t-elle sensuellement.

Ses mains se faufilent jusqu'au col de mon pull et me tire doucement vers elle. Elle approche ses lèvres des miennes.

- Juste un seul ? Demandé-je insatisfaite avec une tête de chien battu.

- Autant que tu le souhaites, ma chérie.

- Une infinité ...

- Awh ...dit-elle en se mordant la lèvre inférieur. Tu vas mourir sous mes baisers.

- Quelle belle mort ! Mais, je me demande qui mourra la première.

- Toi !

- Ahah. Ce n'est pas une grande perte ...

- Arrête de dire ça ! S'énerve-elle en me serrant très fort. Au fait, comment ça « à ta manière » ?

- Je ne sais pas comment t'expliquer... Hum, comment dire ... Je ne cherche pas à te posséder, c'est trop ...

- Ce n'est pas de l'amour alors, me coupe-t-elle en s'écartant. Tu ne m'aimes pas ...

- Si, à ma manière, Cécilia.

Ce n'est pas parce que nous ne pouvons être ensemble que je cesserai de t'aimer ... Même si je souffrirai terriblement de te voir dans les bras d'une autre, je m'arracherai le cœur autant de fois qu'il ne le faut.