Chapitre 49 : M'aimes-tu ?

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Je fais mes affaires, puis je vérifie la chambre de fond en comble. Je suis un peu triste de voir la porte de la chambre de l’hôtel se refermer sur elle-même. Ce soir, je retrouverai mon lit, nos chemins se sépareront. Nous rendons les clés à la réception. En route pour Lyon.

Nous reprenons la route silencieusement. Je suis perdue dans mes pensée. Je m'imagine de la retenir, de la supplier de ne pas me laisser seule. Mais mon estime refuse de rabaisser à cela. J'ai peur de la distance. J'ai besoin qu'elle me rassure, mais je sais qu'elle ne le fera pas. En plus, il y a cette fille qui l'attend... A chaque fois que j'y pense, j'ai envie de pleurer.

–A quoi penses-tu ? Me demande-t-elle en posant sa main sur la mienne posée sur ma cuisse.
–Je repasse en revue notre aventure. Je n'ai pas envie de rentrer...
–Je sais... Moi non plus.
–Tu vas terriblement me manquer.
–Tout de toi va me manquer...

Son moteur en sur-régime est en train de crier. Mais elle ne lâche pas ma main pour changer de vitesse.

–Passe la cinquième, la suggéré-je. Tu roules à quatre-vingt dix kilomètres heure là.

Son expression reste impassible. Sans lâcher ma main, elle la pose sur la boîte de vitesse. Clac, clac. Nous, voilà, sur la cinquième vitesse. Le moteur cesse de vrombir immédiatement. Main dans la main, nous profitions du silence. Elle finit par la lâcher pour klaxonner. Je la récupère donc discrètement.

Nous passons d'abord chez elle. Il reste quelques heures. Je commande rapidement quelque chose à emporter pour ne pas avoir le ventre vide, sinon je vais encore faire une crise d'hypoglycémie. Je ne cesse de regarder l'heure. Mon cerveau fait systématiquement le compte à rebours. Je me stresse moi-même.

Une fois arrivée à la gare, il n'y a pas de place, elle se gare en double file. Elle éteint le moteur. Il pleut des cordes à l'extérieur. Un silence gênant se glisse dans la voiture. J'ai envie de combler le blanc, mais je ne sais pas comment faire mes adieux, rien ne me vient à l'esprit. Je détache silencieusement ma ceinture de sécurité et je sers mon sac contre moi.

–Je voulais te...bafouillé-je. Je voulais te remercier encore et encore pour m'avoir accompagné ce périple incroyable.
–C'est à moi de te remercier, tu m'as fait découvrir tellement de chose.
–Je t'en prie. Cette aventure me laissera de beaux souvenirs que je n'oublierai jamais.
–Une expérience comme celle-là, ça ne s'oublie pas bien sur, dit-elle en rigolant.
–Oui... Promets-moi de bien t'occuper de toi, de tes poumons, de ta santé. Fume moins, s'il te plaît. N'oublie pas d'aller chez le médecin, cesse de traîner.
–Je ne peux pas te promettre pour la cigarette. Tu le sais bien, elle me permet de tenir le coup.
–S'il te plaît, Cécilia.
–Écoute Caro, je vais essayer.
–Merci... chuchoté-je.

Je surveille l'heure de peur de rater mon train. Mon train part dans une quinzaine de minute.

–C'est bientôt l'heure, repris-je tristement en baissant le regard. Il est temps pour moi de partir.

Elle m'attrape le poignet aussitôt.

–Attends.

Je lui lance un regard étonné.

–Oui ?
–Un dernier baiser... dit-elle à peine audible.

Un baiser ? The last one ? Je m'approche lentement. Mes lèvres se déposent chastement sur les siennes. Je veux un baiser parfait. Je ne peux m'empêcher de remuer mes lèvres de plus en plus intensément, de plus en plus passionnément.  Lorsqu'elle me donne accès à sa bouche, j'essaye de mémoriser tous les recoins. C'est le dernier... Des larmes me montent aux yeux. Je me romps finalement l'échange.

–Prends soin de toi, Cécilia.

Je lui glisse un papier dans les mains avant de quitter précipitamment la voiture.

« 🐼🐼 🐼'🐼🐼🐼🐼 »

La pluie torrentielle s'abat sur moi. J'essaye de marcher vite, sans courir pour autant. Ne te retourne pas. Ne pleure pas. C'est la meilleur solution, la meilleure fin pour nous deux... Nous sommes trop différentes.

Soudain, on me tire sur mon bras vers l'arrière. Je me retrouve face à face avec Cécilia. Elle m'a rattrapé. Sans attendre, elle me serre dans ses bras. Je m'accroche à elle comme si c'était la fin du monde. Mes larmes se mélangent à la pluie. Je n'arrive jamais à tourner complètement la page… J'essayais d'étouffer mes sentiments, mais ils sont ressortis encore plus intensément de nulle part. La découverte des autres facettes de Cécilia m'a fait succomber à nouveau à son charme. Je m'en veux d'être aussi faible.

Elle s'éloigne un peu, tout en m'agrippant fortement les épaules.

–M'aimes-tu ?

Ses yeux me fixent impassiblement. Elle veut une réponse, alors qu'elle l'a déjà. J'ouvre la bouche, mais rien ne sort. J'ai peur. Je me sens vulnérable... Tout à coup, le souvenir qu'une personne va me remplacer refait surface. C'est faux, elle veut juste se faire désirer. Elle joue avec toi. Elle ne t'aimera jamais comme tu l'aimes. Tu n'es pas assez bien pour elle.

Je la repousse violemment. Elle me regarde plein d'incompréhension. Elle commence à me dire quelque chose, mais je refuse de l'écouter. Je me mets à courir vers la gare sans prendre en compte ses cris. Je regarde vite le panneau d'affichage avant de me précipiter vers le quai correspondant. Elle ne peut pas me rattraper, puisque sa voiture est en double file. Je trouve rapidement le wagon et mon siège réservé. Mon cœur bat très vite. Essoufflée, je prie pour qu'elle ne me trouve pas.

Mais une pointe d'espoir brûle au fond de moi. Elle va durer jusqu'à la sonnerie de départ. C'est fini. Notre belle histoire s'achève ici.

Je sors mon téléphone. Quatre appels manqués. Je la bloque insensiblement sur tous les réseaux sociaux. Je supprime tous ses messages. Au revoir, Cécilia. Je ne suis qu'un monstre sans cœur.

Le train part, je regarde le paysage sans vie défilé. Mon orgueil a gagné face à mon cœur. Je suis déchirée entre ma logique et mes sentiments. Quelle triste victoire. Je n'en ai fait qu'à ma tête. Ça n'aurait jamais marché entre nous, deux caractères forts.

Tout ce qu'on a vécu est parti en fumée. Je ne sentirai plus jamais sa main dans la mienne, ses bras autour de moi, ses lèvres sur les miennes, son corps contre le mien... Elle laisse un vide au fond de moi. Je suis partie en lui laissant un bout de mon cœur, un bout de ma vie.

J'ai mal... J'ai envie de prendre le train dans l'autre sens pour la rejoindre pour toujours. Je regrette de l'avoir laissé partir. Arrête ! C'est TON choix de partir. Tu as peur de vivre une relation entre deux trains, tu as peur de l'avenir, tu as peur qu'elle t'abandonne. Tu es lâche. Tu n'as confiance ni en elle, ni en toi. Tu n'as plus qu'à ravaler tes sentiments un par un...

Soudain, mon téléphone sonne. J'ai un message...

Vous ne m'en voulez pas trop j'espère 😅

Secretony Metamorphosis [ Complet ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant