Secretony Metamorphosis [ Complet ]

Chapitre 18 : Bulla Melodiae

– Si tu veux, lui répondis calmement. Ce n'est pas la première fois d'ailleurs.

Elle est un peu déçue de ma réaction. Oh, ma petite Cécilia, le temps des provocations est révolu. J'ai eu le temps de digérer tes attaques. Il faut peut être innovée un peu.

– Ni la dernière .. rétorque-t-elle neutrement.

Elle se lève précipitamment et me ramène vers le salon en me prenant par le poignet.

– Que veux tu boire ? Une petite limonade ?
– Oui, pourquoi pas. Une limonade, s'il te plaît.
– Fais comme chez toi, me dit-elle avant de se glisser derrière le comptoir.

Le piano attire mon attention. Sa blancheur le rend si captivant. Une petite banquette rouge l'accompagne discrètement. Une pile de partitions est posée au dessus. Je ne peux m'empêcher de caresser l'instrument. Il me vend tellement de rêve. Je n'ai qu'une envie … J'ai envie que Cécilia effleure ces touches mélodieuses immédiatement. J'attends qu'elle me transporte loin, très loin, très loin du commun des mortels … Une impatience foudroyante s'empare de moi.

Elle pose sa main sur mon bras, toujours sur le clavier du piano. Je sursaute. J'enlève précipitamment ma main. Ma réaction la fait sourire. Elle me tend mon verre.

– Veux tu que je joue un peu de piano pour toi ? Me demande-t-elle.

Lit-elle dans mes pensées ? Bien sur que je le veux. Je n'attends que ça depuis longtemps.

– Oui … murmuré-je timidement.
– Assis toi.

Elle me rapproche le siège de bureau noir, avant de s'installer devant le piano. Elle rattache ses beaux cheveux et remonte ses manches. Elle a des doigts de pianiste. Qu'elle est sublime. Je dépose mon verre sur le bureau et je m'assois sagement. Je pose ma tête contre le dossier. J'ai l'impression d'assister à un concert. Je ne veux attendre une seconde de plus. Elle se concentre. Elle est dans sa bulle. Laisse moi entrer dans ta bulle. Aimer ce que tu aimes, voir ce que tu vois, écouter ce que tu écoutes, sentir ce que tu ressens. Je veux faire de ta bulle la mienne...

Les premières notes commencent à valser dans la pièce. Instantanément, je suis en transe. Je suis vraiment impressionnée … Elle joue extraordinairement bien. Les sensations sont impressionnantes. Les notes ne cessent de s’enchaîner, de se croiser, de se chercher, de s'embraser … Je ferme les yeux. Je ne veux pas qu'elle s'arrête de jouer. Continue. Joue. Fais moi frissonner. Fais moi rêver. Fais moi tomber amoureuse de tes notes. Grave les sur mes oreilles, sur mon corps, sur mon esprit, sur mon âme, dans mon cœur … Je laisse sa musique me porter dans un lieu hors norme où … il n'y a que elle et moi. Chacune de ces notes me transporte, me transperce, me transcende.

La dernière note retentit. Un grand vide s'installe dans la pièce. Instinctivement, je quitte mon fauteuil et je me colle contre son dos. Mes bras s'enveloppe autour de son cou. Elle pose ses mains sur mes bras.

– Tu as aimé ? Me demande-t-elle timidement.
– C'était magnifique. J'ai adoré. Tu joues extrêmement bien.
– Merci. Je jouerai pour toi autant que tu le voudras.
– C'est vrai ? Demandé-je, émerveillée comme un petit enfant.
– Mais oui, ma chérie.

Elle se lève en se retournant et me serre contre elle. Je peux m'empêcher de renforcer mon emprise. Elle m'apporte tellement d'émotions. Je me sens tellement … amoureuse.

– Joue encore … et encore, lui murmuré-je embarrassée.
– Tout de suite, ma belle.

Elle se détache lentement et me prends la main. Elle me fait une petite place juste à côté d'elle. Je me sens à la fois privilégiée et à la fois mal à l'aise. Je me tiens toute droite. J'ai l'impression de ne pas être à ma place. La croisière reprit aussitôt dans la pièce. Je ne peux me retenir de poser ma tête sur son épaule. Le temps passe, les notes se succèdent, je savoure.

Soudain, la mélodie s'arrête et un bras s'enroulent autour de ma taille. Je la laisse faire. Je me sens bien, tellement bien. Ce sentiment indescriptible, est-ce l'osmose ? Depuis le début des vacances, je ressens un immense vide. Auparavant, les études me prenaient tellement de temps … En ce moment même, je suis apaisée. Je revis.

Ensuite, changement d'atmosphère, nous décidons de regarder un film. Pendant qu'elle part chercher son ordinateur dans sa chambre, j'examine son séjour en détail. Il est si propre. Tout est rangé à sa place. Sa cuisine est impeccablement ordonnée. Rien ne traîne. Elle doit être vraiment maniaque dis donc. Sur le bureau se trouve le Code Civil de l'année en cours et quelques manuels. Ah oui, j'ai oublié qu'elle a ses partiels en janvier …

Cécilia revient . Elle s'assoit sur le canapé, le notebook posé sur ses genoux. Je vais m'installer près d'elle.

– Es tu sûre que je ne dérange pas tes révisions ? L'interrogé-je un peu anxieuse.
– Ne t'inquiète pas, mon petit panda.
– Oui, mais …
– Chut, me coupe-t-elle en posant un doigt sur mes lèvres. Je gère la situation.
– Hum … D'accord.
– Bref. Que veux tu regarder ?
– Te regarder, lui chuchoté-je à l'oreille.
– Mais encore ? Me demande-t-elle malicieusement.
– Regarder le monde comme tu le regarde … Et te montrer ma vision du monde.

Oh mon dieu, comment ai-je osé sortir ça ? Je suis embarrassée. Mais, j'avoue, c'est tellement beau.

– Tu es vraiment trop chou … dit-elle en me donnant un baiser sur la joue.
– Peut-être, bafouillé-je toute déconcertée.
– Mais, Caro, ne sois pas timide.
– Je l'ai toujours été.
– Tu n'as pas à l'être avec moi.
– Je vais essayer de faire des efforts.

Tout à coup, Cécilia devient toute pâle. Elle pose l'ordinateur à côté d'elle et ferme les yeux. Je me lève rapidement et m'accroupis à côté d'elle. Elle semble avoir du mal à respirer …

– Cécilia, ça va ?

Elle hoche vaguement la tête. Elle essaye de maîtriser sa respiration. Je suis en mode panique à bord …

– Prends tu des médicaments ?

Elle secoue la tête. Je ne sais pas quoi faire … Je ne suis pas médecin, enfin pas encore. Son visage se crispe sous la douleur. Je ne veux pas la voir souffrir comme cela. Réfléchis, Caro. Cogite.

– Il faut aller à l’hôpital, déclaré-je fermement en me levant.

À suivre 😏