Chapitre 46 : Incurable

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Lorsque je me réveille, Cécilia est encore en train de ronfler. Après avoir enlevé doucement le bras qui m'entoure, je vais faire ma toilette. Puis je m'assois tranquillement sur le fauteuil près de la fenêtre. J'admire de temps en temps la vue donnant sur la ville, de temps en temps Cécilia. La peur remplace le vide qui régnait au fond de moi. Le bonheur est revenue à mes côtés, mais jusqu'à quand ? J'aimerais voyager éternellement avec Cécilia, me réveiller tous les matins dans ses bras mais ce n'est pas possible. Un jour, nous allons devoir rentrer. Je serai à Paris et elle à Lyon.

Je suis en train de replonger dans ma drogue. L'espoir me tue à petit feu. J'essaye de résister. Je me répète jour et nuit que je n'attends rien d'elle. Mais les supplices du doute subsistent. Au fond de moi, j'ai tellement peur qu'elle me laisse. J'ai besoin d'elle, mais elle n'a pas besoin de moi. Je ne suis qu'une option à ses yeux.

J'aime une personne que je ne suis plus capable de faire confiance sentimentalement. Certes nous avons recoller une assiette brisée, néanmoins il restera des fissures pour toujours. A chaque fois qu'elle est sur son téléphone, je me fais un film, toujours le même film. Une autre fille, une autre proie. Elle va me rendre paranoïaque. Caro, Cécilia ne t'appartient pas. Elle ne t'appartiendra jamais... A chaque fois que j'y pense, des filées de larme se mettent à couler sur mon visage.

Je repasse en revue tout ce que nous avons vécu. Aurais-je dû me mettre avec elle sans réfléchir ? Je ne sais pas... Je ne sais plus...

Je prends mon carnet dans mon sac et je me mets à gribouiller des rimes. Auparavant, j'écrivais des poèmes pour Cécilia, mais plus vraiment depuis la « surprise ». Je n'arrivais plus à écrire de poèmes. Les rimes sont fatiguées, les strophes jamais terminées, la poésie oubliée, la plume  empoussiérée...

Ma spéciale

Laisse-moi immortaliser ton sourire
Pour garder à jamais ce fameux souvenir
Pour te montrer à quel point tu es magnifique,
Ma talentueuse tentatrice.

Je n'oserai jamais te toucher
De peur de t’abîmer,
Mais une place spéciale t'es réservée
Dans mon cœur jusqu'à la fin de l'éternité.

J'aurais peut être dû me battre pour toi,
Or je n'ai jamais été à la hauteur
Écrasée par les attentes et les peurs.
Tourmente moi une dernière fois.

Où tout cela nous aurait mener ?
Nulle part certainement,
Sans doute pire que maintenant.
Mon cœur y est condamné.

Une fois le poème terminé, je me sens libérer. Je m'étire. J'ai faim. Il est peut être temps de réveiller la Belle au Bois Dormant.

– Cécilia, bonjour. C'est l'heure de se réveiller.
– Quel heure est-il ? Murmure-t-elle sans ouvrir les yeux.
– Il est neuf heure.
– Il est super tôt. Laisse-moi dormir encore un peu...
– Mais le petit panda s'ennuie et a faim.
– Dormir fait oublier la faim, dit-elle en se tournant dans l'autre sens.
– Pas faux.

Mais, je suis éveillée, je ne peux plus dormir. Hier, nous sommes allées faire les courses. Nous avons acheté de quoi faire des crêpes. Je vais aller préparer la pâte à crêpe en essayant de faire le moins de bruit possible. Mince, il n'y a pas de balance dans la chambre, mais juste un verre doseur.

Je prends tous les ustensiles. Après les avoir lavé, je les passe sous l'eau bouillante. Je ne fais pas trop confiance aux femmes de ménage des appart-hotels. Je ne pense pas qu'elles vont laver toute la cuisine à chaque fois. De plus, nous ne savons pas depuis combien de temps, certains accessoires n'ont pas été lavé. Ce sont des niches à bactérie. Oh non... Les études de médecine m'ont peut être rendu un peu beaucoup maniaque. Maintenant, je me lave les mains après avoir touché mon téléphone et avant de cuisiner. Un jour, la solution hydroalcoolique sera sans doute ma meilleure amie pour la vie.

Une fois la pâte terminée, je vais à nouveau réveiller ma petite camarade.

– C'est l'heure de petit-déjeuner. On se lève.
– Je n'arrive pas à me lever.
– Princesse ?
– Mouis?
– Va te préparer, lui ordonné-je en me levant. Sinon pas de crêpes.
– Oh non ! Méchante !
– Tant pis.

Pendant qu'elle se prépare, je m'amuse à faire voler les pauvres crêpes. Je viens de me rendre compte que j'ai fait trop de pâte à crêpe. Je vais faire des crêpes pour une famille là. Nous allons en manger matin, midi et soir.

Je l'entends sortir de la salle de bain.

– Ça sent super bon tes crêpes, dit-elle en se collant contre mon dos.
– Oui. Que veux-tu sur ta crêpe ?
– Comme tu veux.
– Tu m'agaces avec cette réponse, tu le sais très bien.
– Oui, je le sais. Je te taquine.
– Ce n'est pas drôle.
– Siiiii.... Pâte à tartiner. Je vais m'occuper de la garniture.
– Très bien.

Puis nous décidons de regarder un film sur son ordinateur le matin et de sortir faire un tour dehors après le déjeuner. Ça m'éviterais de faire la sieste. Nous passons la soirée à regarder les photos que j'ai prise, affalées sur mon lit. Il faudrait que je les trafique un peu en rentrant.

– Tu prends de belles photos, me dit-elle.
– C'est toi qui les rend magnifique.
– Mais, non.
– Si, je te le dis, lui assuré-je en levant les yeux au ciel.
– Non.

Tu as finis de te faire désirer, oui ? Elle sait qu'elle plaît beaucoup. Mais elle n'arrête pas de faire semblant.

– Si tu n'es pas belle, je suis quoi ? Une crotte immonde.
– Arrête de dire n'importe quoi !
– Mais c'est la vérité.
– Il n'y a que les mensonges qui ne blessent pas. Or tu n'es pas blessée !
– Si je le suis.
– Où es-tu blessée ?
– Ici.

Je désigne timidement du doigt le petit organe situé entre mes deux poumons. J'appréhende tellement sa réaction qu'il n'arrête pas de palpiter. Boum, boum, boum.

– Il faut aller te faire soigner alors, plaisante-t-elle.

Mon cœur se crispe immédiatement. Elle est sérieuse ? Elle ne se rend même pas compte des traces qu'elle laisse sur mon cœur et sur ma vie. Je me dirige vers la baie vitrée. Je pose mon front sur la vitre glaciale.

– C'est incurable, répondis-je froidement.

Je regarde dans le vide. Je l'entends se lever du lit et s'approcher à petit pas. Ses bras s'entourent autour de ma taille. Elle me berce doucement, avant de me chuchoter à l'oreiller:

– N'as-tu pas envie d'oublier ta blessure le temps d'un instant ?
– Si, mais je n'y arrive pas... Chaque fois que j'y pense, j'ai mal...
– Je peux te faire oublier ça.
– Comment ? Soufflé-je désespérément.
A ma manière.

Voila un petit chapitre !
J'ai beaucoup appris ces derniers jours, ce n'est pas parce que nous allons mal qu'il faut cesser de vivre... Je suis désolée, je n'ai pas corrigé les erreurs 😔
L'écriture m'a fait oublier mes maux en une fraction de seconde, quelle thérapie...

Secretony Metamorphosis [ Complet ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant