Chapitre 3 : Que vois tu ?

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Je me retrouve nez à nez avec Cécilia ...

– Coucou Caro
– ... Hey, la salué-je timidement.


Elle est beaucoup trop près à mon goût. Elle m'a même effleuré lorsqu'elle s'est installée. Elle piétine à grand pas dans ma zone de confort. En plus , avec son bikini rouge qui lui va à ravir, mon cerveau en alerte crie : « Fuite, fuite, fuite ... ». Mais je ne peux pas, la sortie est de son côté malheureusement ... Arrête de paniquer Caro. Respire. Réfléchis. Reste naturelle. Je reprends ma position initiale en essayant d'ignorer sa présence. L'atmosphère devient lourd. J'arrive à peine à survivre.

– Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, dit-elle en brisant le silence.
– Oui, très longtemps ...
– J'ai remarqué que tu étais toute seule dans le jacuzzi, donc je suis venue te tenir compagnie.
– Euh ... merci, lui répondis-je mal à l'aise. Et les autres ?
– Ah. Tu parles des pots de colle ? Je m'en suis débarrassée. Je n'aime pas trop la foule. J'ai besoin de m'isoler un peu de temps en temps.
– Oui, je suis tout à fait d'accord. Le calme ne fait pas de mal.
– Qu'est ce que tu deviens ? Me demande-t-elle en se tournant vers moi, accoudée au rebord du jacuzzi. Si je me rappelle bien, médecine ?
– Oui. Enfin, j'ai raté le concours de peu ... Je redouble.
– Oh ... Ce n'est pas grave, beaucoup de gens redoublent la première année. Tu l'auras cette année, j'en suis sure, je crois en toi.

Elle me donne une petite tape à l'épaule. Je suis certainement devenue une tomate ... Je peux voir dans ses yeux une vraie conviction. Elle ne le dit pas juste pour le dire.

– Merci. Mais comment peux tu en être sûre ?
– Tu étais sage comme une image ! Se moque-t-elle de moi avec un sourire victorieux.
– Ahah, tu t'en rappelles. Mais ça, c'était avant !
– Tu as vu, j'ai une bonne mémoire.
– Une très bonne mémoire, je dois bien l'avouer, mademoiselle la Juge ?
– Eh non , je préfère être avocate finalement.
– Oh, je vois. Avec une telle éloquence, ce serait dommage de ne pas être avocate.
– Oui, je le sais bien. Merci, merci.

Elle me tire la langue, suivi un grand sourire magnifique. J'aimerais tellement immortaliser ce moment avec mon objectif. Avec ce visage et  ce corps, elle aurait largement pu être mannequin avec une belle carrière. J'ai juste envie de l'harceler pour qu'elle pose pour moi. Mais je vais m'abstenir, sinon je vais lui faire peur.

– J'ai repris les cours. La pression est inimaginable ... Depuis la rentrée, aujourd'hui est le premier jour de pause que je me permet.
– Je comprends. Courage. Je reprends les cours dans quelques semaines.
– La chance.
– Tu sais, je reviens juste pendant les grands vacances. Je fais mes études à 400 km d'ici, dans le sud.
– Owh ...  Je ne savais pas. Je croyais que tu étais restée dans la région.

C'est pour ça que je ne l'ai pas recroisé ... Elle avait disparu du coin.
400 km. 400 km. 400 km.
Dans le sud. Dans le sud. Dans le sud.

– Eh non.
– Pourquoi être allée aussi loin ?
– J'y suis allée pour rejoindre quelqu'un ... Mais chut !

Une lueur de tristesse traverse son regard. Je peux facilement deviner la raison.
L'amour ... L'amour ... L'amour ...

– Ah d'accord, glissé-je précipitamment avant de me presser de changer de sujet. Alors tu vis toute seule la-bas ?
– Oui, j'ai un petit appartement. Un deux pièce de 30m².
– Oh c'est cool. J'aimerais bien habiter toute seule aussi. La liberté ...
– Il y a une part de liberté, mais je dois tout faire toute seule, la vaisselle, le ménage, à manger etc. Le problème principal de beaucoup étudiants est l'argent.
– Je vois. Tes parents t'aident financièrement ?
– Ben, c'est compliqué, dit-elle après un moment d'hésitation. Mes parents sont séparés. Je n'ai pas envie d'en parler ...
– Oups, désolée ... Je ne voulais pas ...
– Mais non, ne t'excuse pas, tu ne le savais pas ... m'arrête-t-elle compréhensive. Ma mère me donne un peu d'argent, j'ai la bourse et j'enchaîne des petits jobs à gauche, à droite. Je me débrouille comme je peux.
– Oh ... Tu es courageuse, Cécilia.
– Oui, merci. Tu sais, dans la vie, nous n'avons pas toujours le choix. A une époque, j'ai été caissière, puis j'ai donné des cours particuliers. Maintenant, accompagnée de ma guitare, je chante dans un bar le week-end. Ce travail est le meilleur moyen d'allier passion et argent. La musique, c'est ma vie.
– Oh tu es musicienne. J'aimerais bien t'entendre jouer .
– Je jouerai pour toi un jour, me promet-elle. Ma petite vie, tu ne t'y attendais pas, n'est ce pas, Caro ?
– Je ne m'y attendais pas du tout. Tu es une fille ... surprenante.
– Merci. Dis donc, tu es toujours aussi proche avec Quentin à ce que je vois.
– Oh ... tu as tout vu ?
– Je vois toujours tout.
– Ah bon ? Que vois tu maintenant ?
– Ce que je vois ? Tu veux vraiment savoir ?

Elle semble se rapprocher de moi. Son regard ne lâche pas le mien. Un sourire sournois se dessine sur ses lèvres. Elle a le contrôle de la situation. Je suis pétrifiée par la scène. Rien ne sort de ma bouche.

Je parviens finalement à murmurer un petit « Oui ... »

Elle s'approche encore et encore, et me susurre à l'oreille :

« Je vois que nous sommes du même bord ... »

Secretony Metamorphosis [ Complet ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant